France Télévisions lourdement condamné. Comme le rapporte "Le journal du dimanche" hier, le groupe public a, la semaine dernière, été condamné par le conseil des prud'hommes de Paris à verser près de 150.000 euros pour le licenciement abusif en 2020 de son journaliste sportif, Pierre-Etienne Léonard. D'après le jugement consulté par puremedias.com, cette somme comprend 45.236 euros "d'indemnité de licenciement sans cause réelle et sérieuse", ainsi que 100.000 euros de dommages et intérêts pour "licenciement prononcé dans des conditions vexatoires". A cela s'ajoutent 2.000 euros à payer au titre des frais de justice.
Dans sa décision, accablante pour France Télévisions, le conseil déplore notamment un licenciement "sans contradictoire" et appris dans la presse par le principal intéressé. "Son nom apparaît dans de nombreux articles de presse comme étant lié à des propos sexistes. Son image et sa réputation sont ternies", relève la juridiction, fustigeant des "répercussions dramatiques" pour la "vie professionnelle" et la "vie privée" de Pierre-Etienne Léonard.
Spécialiste des sports extrêmes, le journaliste de 43 ans faisait partie des trois membres de la rédaction des sports de France Télévisions licenciés à l'issue d'une enquête réalisée par le cabinet Interstys. Celui-ci avait été mandaté par la direction du groupe public après la publication d'une interview de Clémentine Sarlat dans "L'Equipe", en avril 2020. L'ex-journaliste sportive de France Télé y rapportait avoir été victime de harcèlement et de sexisme au sein de la rédaction du groupe public.
Désireuse d'afficher "une politique d'exemplarité et de zéro tolérance envers le harcèlement", la direction de France Télévisions avait dans la foulée confié à Interstys le soin de mener des investigations sur les faits dénoncés par Clémentine Sarlat. Après avoir mené une centaine d'entretiens, le cabinet avait pointé du doigt dans son rapport l'atmosphère sexiste régnant au sein du service des sports. A l'été 2020, Pierre-Etienne Léonard, Alain Vernon et Jean-François Laville avaient été licenciés.
Les trois journalistes avaient dans la foulée contesté leur licenciement. Si Pierre-Etienne Léonard est resté silencieux jusqu'à la décision des prud'hommes, Alain Vernon et Jean-François Laville ont depuis fustigé dans des livres - "Le service des porcs" et "Viré" - l'attitude de leur ex-employeur. Dénonçant "une décision ignoble", Alain Vernon, 65 ans, avait notamment déclaré en juillet 2021 avoir été "détruit" par son licenciement.
Désormais journaliste indépendant collaborant notamment pour TV5 Monde, Pierre-Etienne Léonard estime pour sa part que son "dossier est vide" depuis le début. "Sur la cinquantaine de témoignages mis en avant par France TV, aucun ne me vise", assure-t-il. L'ex-commentateur déjanté de Roland-Garros tient aussi à souligner que Clémentine Sarlat a produit un témoignage en sa faveur devant les prud'hommes. "J'avais un métier où j'étais épanoui. J'ai tout perdu de manière injuste", résume celui qui a passé son diplôme d'entraîneur de triathlon depuis son départ de France Télévisions.
Déjà condamné à débourser 150.000 euros, le groupe public doit encore affronter deux procédures devant les prud'hommes dans ce dossier. Contacté par nos soins, il n'a pas souhaité faire de commentaires. Il dispose désormais d'un mois pour faire appel de la décision concernant Pierre-Etienne Léonard.