Une fin difficile à digérer. A l'occasion d'un été sportif copieux, entre l'Euro de football, le Tour de France et les Jeux Olympiques, le quotidien "L'Équipe" a invité Alain Vernon et Patrick Montel à revenir sur leurs carrières respectives au sein du service des sports de France Télévisions.
Cette année, ils ne couvriront aucune épreuve sportive pour les chaînes du service public pour des raisons différentes. Patrick Montel avait été écarté des championnats du monde d'athlétisme en septembre 2019 suite à une vidéo polémique publiée sur Facebook où il expliquait que "le dopage fait partie inhérente du sport", ce qui lui avait valu de vifs échanges avec le décathlonien Kévin Mayer. Pour Alain Vernon, la sortie fut plus brutale. Il a été licencié suite à l'établissement d'un rapport sur le sexisme et le harcèlement au sein du service des sports, commandé par Delphine Ernotte suite à une interview de l'ancienne présentatrice de Stade 2, Clémentine Sarlat, dans les colonnes de l'Équipe.
Pour Alain Vernon, cette décision ne passe pas. "Mon licenciement m'a détruit... La dernière fois que je suis allé au bureau, en août dernier, j'ai choisi un jour où il n'y avait personne, confie le journaliste à Sacha Nokovitch, je ne voulais surtout pas croiser quelqu'un, j'avais peur qu'on me pointe du doigt en disant "c'est le gros salopard". Cette cicatrice ne se refermera pas". L'ancien spécialiste football de "Stade 2" reproche à son ancienne direction de l'avoir licencié suite à un rapport qu'il n'a pas pu consulter "Nous attendons toujours de voir le rapport dont on nous a simplement fait une présentation globale à l'oral. On ne sait pas qui nous accuse de quoi. En revanche, on a reçu une lettre de licenciement avec des accusations gravissimes. Mon honneur a été sali ! J'attends désormais la procédure de conciliation devant les Prud'hommes, le 3 février prochain".
Pour Patrick Montel, le ressenti est différent. Même s'il reconnaît qu'il y avait du sexisme au sein du service des sports, il n'accepte pas la généralisation. "La présentation de l'enquête interne globalisait les attitudes des uns et des autres et tentait de faire du service des sports un service des porcs. Dénoncer des coupables et couper des têtes à bon escient, je suis d'accord. Mais globaliser sur un service, c'est douloureux." Depuis sa mise à l'écart, le journaliste spécialisé dans l'athlétisme a trouvé un accord de sortie avec sa direction, ce qui lui permet d'être moins amer que son confrère : "Désormais, j'ai envie de regarder cette histoire dans sa globalité et de remercier mon employeur de m'avoir offert ce privilège inouï".