L'heure de la rigueur a sonné pour l'audiovisuel public. Plusieurs journaux se sont faits hier l'écho des premières mesures d'économies décidées par le gouvernement. Ces dernières ne sont qu'un avant-goût des 50 milliards d'économies sur trois ans annoncés par Manuel Valls lors de son discours de politique générale en avril dernier. Le plan d'économies dévoilé hier par la presse va cependant déjà frapper durement plusieurs ministères.
Concernant le ministère de la Culture, le gouvernement a choisi de s'attaquer à la dotation budgétaire versée chaque année à l'audiovisuel public en complément de la redevance qui finance à elle seule plus de 92% du secteur. S'élevant à 292 millions d'euros en 2014, cette dotation budgétaire devrait passer à 208 millions d'euros en 2015, avant de chuter à 110 millions d'euros en 2016 puis 29 millions d'euros en 2017. Le secteur va ainsi être privé de plus de 263 millions d'euros de ressources publiques en seulement 3 ans comme le rapporte Les Echos.
Parmi les sociétés concernées par cette mesure, France Télévisions. Le groupe de Rémy Pflimlin touche via ce canal près de 115 millions d'euros en 2014. Pour France Télévisions une telle baisse de la dotation budgétaire n'est cependant pas une surprise. Créée en 2009 pour compenser la perte de recettes publicitaires induites par l'arrêt de la publicité après 20h, cette dernière a ainsi déjà fortement baissé ces dernières années, passant de plus de 420 millions d'euros en 2012 à 115 en 2014.
Autre victime du coup de rabot, l'audiovisuel extérieur qui doit toucher en 2014 près de 152 millions d'euros de dotation budgétaire. Le dernier bénéficiaire de cette dotation, les radios associatives locales, pourrait quant à lui être épargné et garder les près de 29 millions d'euros qui lui sont versés annuellement.
Pour rassurer le secteur, le gouvernement souligne qu'il ne s'agit pas de pertes sèches pour l'audiovisuel public. A l'en croire, la baisse de la dotation budgétaire doit en effet être en partie compensée par la croissance actuelle de la redevance qui s'apprête à devenir la source unique du financement étatique de l'audiovisuel public. Indexé sur l'inflation, le montant de la redevance a gagné 6 euros en 2013 et de nouveau deux euros en 2014. Cette année, elle devrait ainsi rapporter près de 3,55 milliards d'euros à l'Etat contre 3,44 en 2013.
Le gouvernement promet ainsi la stabilité des moyens globaux des sociétés publiques de l'audiovisuel sur la période, mais évoque tout de même "un effort de rationalisation des dépenses de fonctionnement", notamment à France Télévisions. Il met aussi en avant la plus grande indépendance de financement que ce transfert permet d'assurer. L'affectation à l'audiovisuel du produit de la redevance est en effet sanctuarisée par le droit budgétaire alors que la dotation versée par l'Etat pouvait largement fluctuer.
"La subvention publique nous exposait à un risque budgétaire permanent, ce qui n'est pas du tout le cas de la redevance, donc être financé par la redevance nous va très bien" a semblé confirmer aux Echos, Fabrice Lacroix, directeur général aux ressources à France Télévisions. A charge désormais pour l'Etat de jouer sur la répartition du pactole de la redevance pour satisfaire au mieux les besoins de chacun des acteurs de l'audiovisuel public.