Après s'être divisé à propos de l'exil fiscal de Gérard Depardieu, le cinéma français se retrouve au coeur d'une nouvelle polémique sur les salaires des stars du 7e art. Tout a débuté entre Noël et le jour de l'an, quand le distributeur, producteur et fondateur de Wild Bunch, Vincent Maraval, a publié une tribune assassine dans le journal Le Monde. "L'année du cinéma français est un désastre" débutait-il, jugeant que "tous les films français de 2012 dits importants se sont 'plantés', perdant des millions d'euros".
Pour expliquer que des films comme "Asterix", "La vérité si je mens 3" ou "Les Seigneurs" ne soient pas rentrés dans leurs frais, Vincent Maraval pointe du doigt le coût des films, et notamment l'inflation des cachets des acteurs. "Dany Boon, par exemple, ce chantre de la France profonde qui vit à Los Angeles, obtient des sommes qui laissent un Gérard Depardieu sur le carreau, ratatiné. 3,5 millions d'euros pour Un Plan parfait, dont les entrées ne seront pas suffisantes pour payer son salaire ! (...) Malgré ses récents échecs, grâce au miracle du système de financement du cinéma français, Dany Boon s'apprête aujourd'hui à attaquer son nouveau film, Supercondriaque, pour lequel on parle d'une somme proche de 10 millions d'euros", écrivait-il en pointant les cachets touchés récemment par certains acteurs ou réalisateurs.
Maraval s'en prend également au réalisateur Philippe Lioret (à qui on doit notamment le film "Welcome" avec Vincent Lindon ) : "Philippe Lioret touche deux fois plus que Steven Soderbergh et sept fois plus que James Gray ou Darren Aronofsky". Le réalisateur a répondu pour donner sa vérité hier dans une tribune dans Le Monde. "J'écris et réalise des films depuis 1992. J'en ai fait sept, soit un film tous les trois ans. (...). Pour tout ça, mon salaire de réalisateur n'a jamais excédé (et ce, pour mes deux derniers films, car sur les précédents, je gagnais moins) la somme de 200 000 euros, pour trois ans de travail donc, ce qui fait 5 500 euros brut par mois. C'est une somme rondelette, soit, mais bien inférieure à celle qu'ont touchée les acteurs principaux sur mes films, et certainement bien inférieure au salaire mensuel de M. Maraval, qui entre lui aussi dans le coût global des films, ne l'oublions pas.".
Ce matin c'est un acteur qui a décidé de rendre publique sa fiche de paye afin de rendre le débat transparent. En effet, dans les colonnes du Parisien, François Berléand estime qu'effectivement "certains acteurs sont trop payés, mais 99 % sont très peu payés". "Mettons qu'un producteur veuille engager un acteur bancable, il va le payer très cher. S'il souhaite avoir Daniel Auteuil pour son film, par exemple, il va voir avec son agent. Ils discutent, et ce dernier va lui dire : 'Auteuil, c'est tant...' Le producteur peut dire non. En revanche, si l'acteur veut absolument faire le film, il peut baisser ses prétentions", décrypte-il.
Berléand n'hésite pas ensuite à détailler ses propres cachets : "Depuis dix ans, j'ai la chance d'avoir des succès, j'en vis bien. Cela devrait être la même chose au cinéma. Vincent Maraval a raison quand il propose de limiter les cachets à 400.000 €, assortis d'un intéressement obligatoire. Si on me propose 400.000 €, je saute au plafond !".
"Pour mon dernier film, 'Douze ans d'âge', avec Patrick Chesnais, je prends 45.000 euros parce qu'il n'y a pas d'argent. Ce qui est une somme énorme, mais très peu dans le cinéma, poursuit-il. Le maximum que j'ai touché pour un film, c'était 200.000 euros. Je n'ai jamais eu de salaires démesurés. En fait, les plus gros cachets que j'ai eus, c'était à la télévision. Quand on fait une fiction qui fait 8 millions d'audience, pour celle d'après, on demande plus". L'acteur dit ensuite avoir touché beaucoup d'argent avec "Le Transporteur 3" et "Les Choristes" de Christophe Barratier. Pourtant, pour ce dernier, qui a fait 8 millions d'entrées, il avoue avoir touché "un peu moins de 100.000 euros" et aucun bonus après malgré l'énorme succès du film dans les salles.