Les derniers chiffres d'audiences publiés ce matin par Médiamétrie sont difficiles pour Radio France. Alors que les stations du groupe public se portaient bien depuis le début de l'année, elles ont beaucoup souffert en avril/juin, en partie à cause de la grève qui a frappé l'entreprise pendant un mois au printemps dernier. C'est en tous cas l'explication que donne Frédéric Schlesinger, le directeur des programmes du groupe Radio France.
Propos recueillis par Benoît Daragon.
puremedias.com : La vague avril/juin est mauvaise pour les stations du groupe Radio France. La faute à la grève ?
Non, au contraire, la vague est bonne ! Radio France a connu la plus longue grève de son Histoire. Ce conflit social a concerné 22% de la période étudiée par ce sondage. C'est comme si dans un Grand Prix de Formule 1 nous nous étions élancés avec plusieurs tours de retard ! Je considère que dans ce contexte, nos chiffres sont excellents car la vague est faussée.
Tout de même, les bons résultats enregistrés depuis la rentrée par France Inter sont anéantis. La station perd 480.000 auditeurs sur une vague...
Frédéric Schlesinger : C'est vrai que la grève a coûté environ un point d'audience à France Inter par rapport à la vague précédente, soit 500.000 auditeurs. Et j'aurais bien aimé voir le niveau des autres radios généralistes si nous avions été en pleine capacité ! Mais ne boudons pas notre plaisir, 5,2 millions dans ce contexte-là, c'est déjà une belle récompense ! Sans la grève, nous aurions été très satisfaits des résultats et nous aurions pu conserver le titre de première matinale de France que nous perdons d'un rien.
Dans ce contexte particulier, France Info réalise son pire score historique. Vous avez un message pour les équipes ?
Mais là encore, il n'y a pas d'inquiétudes à avoir. France Info a été relancée et se porte bien. Il faut continuer dans cette voie. Les premières semaines d'avril ont fortement impacté la moyenne de la station. Sans cela, France Info aurait été au-dessus des 8 points. Les équipes le savent ! Je suis fier du travail remarquable qu'elles ont accompli. Cette vague n'est pas révélatrice d'un accident éditorial. Le modèle de France Info est là, et il fonctionne. Pas d'inquiétude !
Et France Culture, qui avait battu plusieurs records d'audience, est elle aussi en peine...
Vous ne semblez pas me comprendre ou vous ne me croyez pas mais sans cet incident inattendu, nos radios auraient connu des performances à la hauteur de celles enregistrées lors des dernières vagues. France Culture aurait été en mesure de battre de nouveau des records. Il faut vraiment contextualiser ces audiences. La lecture de nos intermédiaires était frappante : c'était très dur début avril, et très bon fin juin.
Vous êtes donc confiant pour la rentrée ?
Oui, extrêmement confiant ! Les objectifs ne changent pas et la dynamique est bonne. D'ailleurs les changements seront minimes sur France Inter et France Info. Sur France Culture, les quelques modifications en cours sont dues à des mouvements internes.
Le changement de direction de France Culture peut-il menacer la station ?
Il y a juste le directeur qui change. Les équipes restent les mêmes, à commencer par Sandrine Treiner qui est en charge des programmes.
Olivier Poivre d'Arvor estime avoir été "limogé". C'est le cas ?
J'ai vu qu'il avait dit ça dans plusieurs journaux... La vérité, c'est que son détachement du ministère des Affaires étrangères arrivait à son terme et que Mathieu Gallet n'a pas souhaité le renouveler. Il voulait que la direction de la station s'inscrive dans la durée et il a estimé que la confiance n'était pas totale avec Olivier Poivre d'Arvor.
Les dégâts causés par ce mois de grève sont importants. Vous en redoutez une nouvelle ?
Nous ne nous sommes pas inquiets. Le dialogue social s'est considérablement amélioré avec la mise en place de groupes de travail. Le projet d'entreprise de Radio France est clair. Il y a aussi eu des effets bénéfiques à ce conflit.
La rallonge budgétaire ?
Non, la rallonge budgétaire, c'est pour financer les travaux. Cela n'empêche pas que le groupe doive continuer à se réformer. Tout le monde le sait, y compris les partenaires sociaux. Nous allons continuer le dialogue pour avancer. Nous ne manquons pas d'ambition tant sur la qualité des antennes que sur le management du groupe.