Coup de frais sur le projet de fusion entre TF1 et M6. Isabelle de Silva, la présidente de l'Autorité de la concurrence, a commenté aujourd'hui pour la première fois auprès de franceinfo: cette opération qu'elle a jugé "très importante" et sur laquelle son institution devra se prononcer dans les prochains mois.
"Nous allons regarder comment l'opération affecterait la concurrence sur différents marchés, tout d'abord le marché de la publicité sur des chaînes de télévision gratuites, puisque TF1 et M6 ont actuellement une part de marché considérable, ensuite sur les marchés d'acquisitions des droits donc ce qui concerne la relation avec les producteurs de programmes audiovisuels, les achats de droits de films ou encore les achats de droits d'événements sportifs et puis l'un des derniers points qui sera regardé de près, c'est aussi le marché de la diffusion des chaînes de télévision sur des plateformes ou sur les box des FAI (fournisseurs d'accès à internet, ndlr)", a détaillé la présidente de l'Autorité de la concurrence.
Isabelle de Silva a annoncé que son institution allait interroger tous les acteurs concernés : annonceurs, agences de publicité, agences d'achats d'espace notamment. Alors que TF1 et M6 représentent 70% du marché de la publicité des chaînes télévisées gratuites, "ça paraît très compliqué qu'une telle opération puisse être même envisagée", a-t-elle prévenu. Pour contourner cet obstacle, TF1 et M6 ont déjà prévu de plaider qu'il ne faut plus évaluer l'impact de l'opération sur le seul marché publicitaire de la télévision où ils seraient hégémoniques, mais plutôt prendre en compte le marché plus vaste de la publicité digitale, sur lequel leur poids est marginale en comparaison des géants Facebook et Google.
"Nous allons regarder les arguments des entreprises qui considèrent qu'il faut changer la définition de marché pour que l'opération soit possible" leur a répondu aujourd'hui Isabelle de Silva. "Nous allons examiner cela avec à la fois un esprit ouvert mais beaucoup de vigilance et d'attention, pour voir si les arguments qui nous sont présentés sont exacts ou pas", a-t-elle mis en garde. Et de résumer : "Les options sont soit une autorisation de l'opération en tant que telle, soit une interdiction, ou encore une autorisation avec ce qu'on appelle des remèdes, c'est-à-dire qu'il faudrait que l'opération soit modifiée pour qu'elle puisse être autorisée". Une chose est sûre : ce travail prendra de nombreux mois.