Il n'y a pas que les pouvoirs publics qui sont dans la crainte d'un samedi noir. Demain, alors que les Gilets jaunes organiseront "l'acte IV" de leur mouvement, plus de 89.000 membres des forces de l'ordre seront mobilisés sur tout le territoire. À Paris, le gouvernement a fait savoir hier que ce sont plus de 8.000 hommes qui seront chargés de garantir la sécurité dans la capitale et d'éviter de violents débordements, comme les deux précédents samedis. Craignant la venue d'individus déterminés à "casser" et à "tuer", le gouvernement a par ailleurs acté la mobilisation de véhicules blindés de la gendarmerie dans la capitale.
En marge de la mobilisation de demain, bon nombre d'institutions républicaines, notamment l'Assemblée nationale et les ministères, seront placées sous cloche par les forces de l'ordre. Cible potentielle, car cristallisant également la haine de certains Gilets jaunes, les sièges des grands médias, désormais quasiment tous situés en périphérie de Paris, feront aussi l'objet d'une surveillance particulière. Contactés par puremedias.com, tous, sans entrer dans les détails, confirment que leur dispositif de sécurité sera "renforcé" ce week-end. Certains nous expliquent mettre en place un "dispositif similaire à celui déployé au lendemain des attentats du 13 novembre 2015". D'autres ont demandé à leurs salariés de ne pas rester en attente devant les locaux. Dans une chaîne info, consigne a été donnée de ne pas laisser les journalistes sortir sans protection du bâtiment.
Pour les journalistes amenés à couvrir les événements sur le terrain, dont certains ont été chahutés, voire agressés, dès "l'acte I" de la mobilisation des Gilets jaunes, la plus grande précaution est de mise. De nombreux reporters, notamment tous ceux des chaînes d'information et des grandes chaînes généralistes, seront accompagnés d'un agent de sécurité. Comme le révèlent nos confrères du "Figaro" , plusieurs rédactions, dont BFMTV, ont donné consigne à leurs équipes de troquer les caméras par des smartphones, afin de passer inaperçus. Les bonnettes sont également formellement proscrites. Des rédactions ont aussi décidé de s'équiper, à l'image du "Figaro" qui explique que des casques, masques et lunettes de protection ont été commandés à la demande des journalistes volontaires.
La semaine dernière, interrogé par puremedias.com, Hervé Beroud, directeur général de BFMTV, s'était inquiété du "nouveau palier très inquiétant" franchi en matière de défiance envers les médias. "Ce n'est pas une situation nouvelle, cela fait plusieurs années que les journalistes sont pris pour cible", avait-il reconnu, vilipendant les discours de "certains responsables politiques" qui ont participé à "la stigmatisation des journalistes" ces dernières années. Les réseaux sociaux seraient aussi en partie responsables de la situation selon lui. "Les gens se bâtissent leur petit circuit médiatique à eux. Sur les grands médias généralistes, ils ne retrouvent pas ce qu'ils peuvent lire ou voir sur leur média à eux. Une fracture s'est créée", avait-il constaté. puremedias.com vous propose de revoir cette interview (dans la vidéo ci-dessous).