Sévère avec les chaînes d'information. Depuis une semaine, Edouard Philippe fait la promotion de son dernier ouvrage co-écrit avec Gilles Boyer, "Impressions, lignes claires" (édition J-C Lattès). Après avoir accordé une interview fleuve au "Point", l'ancien Premier ministre s'est confié à Laurent Delahousse dimanche sur France 2, puis, hier, a répondu aux questions de Léa Salamé et Nicolas Demorand sur France Inter, avant de se rendre sur le plateau de "Quotidien" hier soir sur TMC.
Ce jeudi, "Libération" a pour sa part dévoilé plusieurs extraits de ce fameux livre qui revient sur le passage à Matignon du maire du Havre. Dans son ouvrage, Edouard Philippe n'est visiblement pas tendre avec les médias, dont notamment les chaînes d'information en continu. Pa exemple, évoquant l'affaire des crustacés qui a conduit à la mise à l'écart du gouvernement de François De Rugy, l'ex-Premier ministre s'est étonné qu'aucun média ne se soit indigné "qu'un jaloux ruine la réputation et la situation d'un homme pour se venger de n'être plus invité à sa table". "On en vient à créer des informations qui n'en sont pas, commentées par des experts qui n'en sont pas", a-t-il estimé.
"Tout fait polémique, tout fait débat, tout appelle réaction, si possible immédiate, si possible outrée", a décrypté Edouard Philippe, jugeant que "la romance" et "l'exagération" des médias deviennent "absurdes" lorsque des journalistes viennent "expliquer ce qui s'est dit à des rendez-vous auxquels vous participiez". "Le commentaire sur la maladresse de langage prend le pas sur l'analyse (...) Un bout de phrase, placé sous la loupe de la chaîne d'info, magnifié par un plateau d'indignés, et l'affaire est faite !", a-t-il enchaîné.
Enfin, au sujet du mouvement des Gilets jaunes, Edouard Philippe a pointé du doigt le rôle des médias dans sa résonance. Porteur de la loi sur la taxe sur les carburants, l'ancien Premier ministre avait dû faire face à de nombreuses critiques lors de ces manifestations. Il s'était d'ailleurs rendu sur des plateaux de chaînes d'information afin de débattre avec certains d'entre eux, les débats tournant vite au pugilat. Selon lui, l'attention qui leur a été accordée "donne aux plus violents le sentiment qu'ils sont en train de construire quelque chose". Avec ces "actes" tous les samedis, les manifestations des Gilets jaunes à "effet feuilletonnant" sont devenus des "rêves érotiques de chaînes d'infos".