On les a aimés tout de suite et il suffit de les voir une fois sur scène pour être conquis. Venus du bassin d'Arcachon, les six potes d'Hangar sont déjà de véritables bêtes de scène du haut de leur vingtaine d'années (ils ont entre 21 et 25 ans dans le groupe). Portés par le chanteur Antonin et le guitariste Romain, aux commandes des titres, Hangar a sorti un premier album réussi, aux mélodies accrocheuses et aux textes tantôt touchants tantôt marrants où ils évoquent avec malices leur vie de bande d'amis. Pour puremedias.com, Antonin évoque ce premier disque et les prémices d'un succès annoncé. Entretien.
puremedias.com : Vous faites beaucoup de promo en ce moment. Alors on résume, on vous parle du bassin d'Arcachon, du hangar brûlé, de la rencontre avec Matthieu Chedid. Je n'ai rien oublié dans la liste des sujets dont on vous parle à chaque fois ?
Antonin : Non, c'est à peu près ça en ce moment. Arcachon, pourquoi le Hangar, le hangar brûlé, sa reconstruction et Matthieu Chedid dont on a fait la première partie au printemps et à l'automne.
Histoire d'évacuer ces sujets, je te laisse résumer le tout en une seule réponse.
Alors, Hangar pourquoi ? C'est notre nom de famille et il vient d'un endroit qui est une grange en bois près des Landes, sur le bassin d'Arcachon. On y fait de la musique depuis six ans avec des potes et on a fait un groupe qui portait le même nom que cet endroit, endroit qui a malheureusement brûlé parce que quelqu'un y a mis le feu. Ça nous a chassés de chez nous, on est parti sur les routes et Matthieu Chedid nous a repêchés alors qu'on était en petite tournée et on a fait pas mal de premières parties de lui et d'autres artistes. Il nous avait rencontrés au hangar il y a cinq ans de ça. On est devenus potes et on fait partie de la même famille quelque part.
Il y a eu beaucoup de scène avant ce premier album. Est-ce que ça a été une façon pour vous de tester très concrètement les chansons et de choisir celles que vous alliez garder sur le disque ?
Oui, ça a servi à ça. Tu vois quelles chansons marchent et deviennent indispensables. Après, la scène et l'album, c'est toujours un peu différent. Nous, on est partis de la scène et ça a été un peu un casse-tête pour enregistrer l'album. Tu as des chansons qui durent six minutes à force de les jouer avec des impros donc c'était un peu le bordel ! Il a fallu revenir un peu à l'essentiel mais c'était un travail intéressant. On a ensuite enregistré l'album dans le hangar avec des chansons plus courtes, qui allaient directement à l'essentiel. Ca a été un travail impressionnant et, dans le hangar, l'énergie est tout autre. On est tous dans la même direction, c'est plus canalisé. Si on commençait à jouer comme lors d'un concert, ça ne marchait pas. Sur scène, les morceaux explosent, tu les écarquilles et le public te donne une énergie et là, on devient virulents, on se dépasse nous-mêmes. La scène a donné une direction au disque dans le choix des morceaux mais on a fait le disque presque sans penser à la scène. Tu fais un disque et, sur scène, tu revisites tout.
Votre style sur scène est assez différent du son de l'album qui est moins rock, beaucoup plus posé et pop.
Oui, vachement. Tu sais, à la base, ce sont vraiment des chansons, de la guitare-voix. Après, quand tu te retrouves à six sur scène et que tu joues avec le public, ça devient autre chose et c'est vrai que, dans le son, c'est effectivement beaucoup plus électrique. C'est marrant. Quelque part, pour moi, quand on enregistrait l'album cet été dans le hangar, on n'avait pas le niveau pour enregistrer comme on est sur scène. Quand tu viens nous voir en concert, tu as le son et l'image et tu prends quand même une bonne décharge en général. Si tu enlèves l'image, d'un coup, tu vas t'apercevoir que c'est quand même parfois un peu aberrant (rires). C'est plein d'énergie mais ça part dans tous les sens mais cette vie, tu ne peux pas l'emprisonner dans un disque.
Des titres ont disparu entre le premier EP et l'album comme "Bouche à bouche dans le métro". Pourquoi ?
Il y a un EP donc il existe... On s'est dit qu'on pouvait en profiter pour mettre d'autres chansons sur l'album. Le hangar avait brûlé un mois avant que l'EP sorte et ça m'avait quand même pas mal chamboulé pour l'album. J'avais voulu prendre les choses autrement en ajoutant une chanson comme "Il est temps" sur l'idée qu'il faut écrire une autre histoire. Je voulais un peu tourner la page et c'était des petites chansons de transition vers la suite. Des chansons en remplacent d'autres.
Les thèmes de vos chansons vont-ils rester sur des histoires de votre vie, sur l'amour, les filles ?
On s'est remis doucement à écrire, c'est en train d'évoluer.
Vers des thèmes plus sociétaux ou politiques ?
Je n'ai pas encore fait une chanson sur Marine Le Pen et Philippe Katerine l'a déjà fait (rires). Pour l'instant, on n'est dans un trip engagé et politique etc. Ça ne veut pas dire qu'on laisse ça à d'autres qui sont plus dans ce coup-là. Nous, on est chez nous, dans ce hangar, on était quelque part un peu loin de tous ces trucs-là. On a grandi dans un endroit proche des éléments, de la nature. On a ramés mais on s'est aussi beaucoup amusés. L'été, avec tous ces gens qui venaient chez nous, on faisait plein de concerts, on croisait des filles alors qu'on était six gars et nous, on a juste raconté des histoires, notre vie et je t'avoue qu'on n'était pas trop dans le trip engagé. Si j'avais grandi en ville, ici à Paris, j'aurais pu écrire des choses différemment parce que tu te sens plus concerné par d'autres choses. Ce sont des mondes différents donc tu écris différemment. On a eu la chance de grandir préservés de plein de choses, quelque part isolés et protégés, ça nous a fait écrire dans cette direction-là. Quand tu grandis le nez dans la merde, t'écris sur la merde, tu parles de la merde qui t'entoure et tu essaies d'en sortir. Ça influence ta plume. Chacun son truc. Après, on va bouger, découvrir d'autres choses donc on écrira d'autres choses, point. Un album, c'est une histoire, on voulait que celui-là soit gai, positif, tourné vers l'avenir tout étant dans le temps où on parle de nanas, de sexe mais à notre manière, avec notre petite poésie. C'est en ce sens qu'on est rock. Être rock, c'est être fils de son temps. On avait envie d'être positif pour convertir les gens à notre état d'esprit, au-delà de la musique.
C'est un peu cliché mais est-ce que ça veut dire que vous vous sentez responsables parce que vous avez un public plutôt jeune et c'est donc important pour vous de délivrer un message positif et de ne pas arriver décalqués à un concert ?
Franchement, oui. Ce n'est pas que je me sens responsable des gens mais c'est en tout cas une volonté que ça se passe bien, que les gens, à la sortie du concert, aient de l'envie, qu'ils s'aiment. J'ai envie que ça fasse du bien et que ça mette sur la bonne pente. J'ai juste envie que les gens passent un bon moment, aient la pêche, et sortent avec un bon coup de frais. Je n'ai pas envie de les miner, peut-être que ça viendra ! Pour l'instant, je n'ai pas envie d'être casse-couilles.
Le fait de démarrer une carrière dans un marché qu'on dit sinistré, c'est une pression, une appréhension où vous vous dites que ça marche pour l'instant et que vous verrez bien ?
Aujourd'hui, c'est sur que c'est difficile de sortir du bois quand tu fais de la musique, de s'en sortir et de gagner sa vie. En ce qui concerne la mort du disque, je ne suis pas du tout angoissé, je ne suis pas un fétichiste. Voilà, on est dans une époque où le disque est en train de disparaître comme les dinosaures ont disparu. Sans déconner. Le disque, c'est très beau, c'est énorme... Les vieilles cassettes, les bandes, c'est extra... mais tout ça disparait tôt ou tard. Aujourd'hui, tu fais un clip, ça sort sur une petite carte que tu le mets sur un disque dur. Le disque est en train de disparaître et c'est comme ça. Les musiciens fantasment beaucoup sur l'objet, le disque, mais si tu as fait un album et qu'il est sur iTunes, ils n'ont pas la même gaule (rires). Il faut être absolument moderne : si le disque doit disparaître, c'est comme ça. On va vers la mort du disque et il faut l'accepter. Je reste convaincu qu'on peut continuer à faire des albums qui paraitront et tant qu'il y a ça, il n'y a pas de soucis. Pour moi, le plaisir ultime reste de jouer la musique sur scène et ça, ça s'arrêtera jamais. Après, le disque, c'est triste mais c'est comme ça. J'étais triste quand les dinosaures ont disparu, quand j'étais petit, et j'ai passé le cap.
Et la radio, estimes-tu qu'elle est morte ? Polydor communique beaucoup par exemple sur le fait que vous passez dix fois par jour sur NRJ. Tu écoutes la radio ?
Je n'écoute pas (rires). Et je vais te dire, j'ai très peu de disques. J'écoutais peu la musique chez moi et je joue depuis que je suis enfant. On écoutait la musique sur des K7 quand on m'emmenait à l'école ou pour partir en vacances. On n'écoutait peu de musique chez moi, on était sept enfants, c'était le bordel. Mais la musique était dans la nature, on avait des guitares, c'était marrant.
La chanson "Version Originale"
Du coup, tu ne te représentes pas vraiment ce que c'est que de passer dix fois sur NRJ ?
Après, j'ai écouté la radio quand je suis arrivé au lycée. Je pense que la radio marche encore, même si c'est toujours en dents de scie... Dix passages sur NRJ, ça marche encore parce que tu sais que les gens écoutent la radio dans leur bagnole par exemple.
Mais ça vous a clairement aidé d'être soutenu par une grosse radio musicale comme celle-là ?
Oui ou encore Virgin qui nous soutient depuis le début. Ça nous a évidemment aidés. Quand je vais faire des concerts un peu partout et que je rencontre les gens après, je m'aperçois qu'il y en a beaucoup qui nous ont découvert à la radio. Plein, en province surtout. A Paris, la radio, je m'en fous un peu mais en province, c'est fou l'effet que ça peut faire. Ça te rapproche des gens, ça instaure une proximité. Et à la télé, tu as peu d'émissions musicales intéressantes aujourd'hui.
Vous avez fait Taratata qui est un "must". Vous acceptez de faire tout en promo ?
Moi, j'accepte tout. C'est la même volonté d'être positif, que notre œuvre essaie de porter quelque chose de positif.
Mais si on t'invite demain dans une émission de télé-réalité par exemple, tu y vas ?
Je suis prêt à tout ! Non mais je ne vais pas aller faire le gugusse dans la télé-réalité mais à partir du moment où tu m'amènes quelque part pour parler de ma musique et du groupe, je suis prêt à le défendre partout. On est des marins prêcheurs et je trouve que c'est une belle histoire et qu'elle peut inspirer des gens. Je suis donc prêt à aller partout. Je ne suis pas là pour snober des trucs ou me caser dans une case underground. Il faut essayer d'être partout et de dire les choses comme tu les penses.
On aurait donc très bien pu vous retrouver dans un télé-crochet comme X-Factor ?
Ah non. Que les choses soient claires, on est très loin de ça. Moi, je suis un mec qui viens d'un autre univers, je n'y connais rien à toutes ces télé-réalités et ces trucs. J'ai même un de mes frères qui a bossé pendant dix ans dans la télé-réalité, qui a fait une overdose de tout ça, et qui aurait pu se foutre en l'air tellement ça l'a ruiné. Il a écrit un bouquin où il les a assassinés il y a quatre ans, La tentation d'une île, et il s'est grillé avec tout ce monde. Moi, je suis très loin de cet univers et pour moi, c'est tout sauf de la réalité. Ma réalité est ailleurs. Pour notre musique, je suis prêt à aller partout mais il faut que j'estime les émissions, je ne suis pas là pour vendre mon cul. Il y a des émissions qui me font de la peine et qu'il y ait des gens qui imaginent des émissions pareilles pour démonter des gars. Les émissions de télé-réalité, je trouve ça grotesque. C'est du mensonge organisé et on se fait de l'argent sur ça, ce n'est pas mon truc.
"Les Mots", le deuxième single de l'album
Musique
Hangar : "Pour l'instant, je n'ai pas envie d'être casse-couilles"
Publié le 15 avril 2011 à 13:01
Six garçons dans le vent (d'Arcachon). Le groupe Hangar signe un premier album réussi après avoir fait ses preuves sur scène. Entretien avec le chanteur qui évoque ce disque mais aussi les médias et la télé-réalité.
Le groupe Hangar© Raphael Lugassy
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