Le 15 janvier dernier, les chaînes d'info en continu avaient été critiquées pour avoir largement couvert les manifestations contre le mariage pour tous. Hier, elles ont été de nouveau fustigées pour avoir préféré retransmettre en direct l'arrivée du Vendée Globe plutôt que de se plonger dans les cortèges des manifestants favorables à la réforme du mariage. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFMTV, s'explique.
Propos recueillis par Benoît Daragon.
puremedias.com : Des internautes s'agacent de votre choix de diffuser le Vendée Globe hier après-midi...
Hervé Béroud : On s'est retrouvé confronté à la pire des situations. Nous avions mis en place des gros moyens techniques à Paris pour suivre les manifestations pro-mariage mais aussi aux Sables d'Olonnes pour couvrir l'arrivée du Vendée Globe. Depuis une semaine, on prépare ces deux événements, nous avons fait de nombreuses réunions et diffusé de nombreux reportages sur ces deux sujets. Notre crainte était qu'ils se chevauchent et c'est malheureusement ce qui s'est produit... Nous n'y sommes évidement pour rien et nous aurions préféré que cela se passe différemment. Face à ça, il a donc fallu faire un choix, avec regret. Il m'a semblé que l'arrivée, en direct, de la plus grande course de voile du monde, avec un record à la clé et des images toujours impressionnantes, méritait notre préférence. Nous avons donc diffusé en direct l'arrivée de François Gabart en début d'après-midi. En termes de direct, c'était plus fort. C'est un choix que j'assume ! Et je constate, même si cela n'a pas guidé notre décision, que les autres chaines d'info ont fait le même choix éditorial que nous...
L'agacement de certains téléspectateurs vient du fait que vous aviez largement couvert les manifestations des opposants à la réforme, il y a quinze jours...
Ce n'est bien évidemment pas un choix politique, c'est un choix journalistique. Il n'y a aucun engagement de BFMTV sur le mariage gay, ni dans un sens ni dans l'autre. Si le Vendée Globe était arrivé dimanche 15 décembre, nous aurions fait le même choix ! Hier, à Paris, nous avions déployé exactement le même dispositif que pour la manifestation des opposants à la réforme du mariage. 20 personnes, et 4 cars-régies étaient installés entre la Place Denfert Rochereau et la Bastille. Nous étions prêts pour une grande retransmission. L'actualité en a décidé autrement. Mais, à 16h58, dès que François Gabart est descendu du podium, nous avons basculé place la Bastille pour trois heures d'info exclusivement consacrées à la manifestation.
Mais pourquoi ne pas avoir simplement alterné les deux directs, en passant d'une ville à l'autre ?
Nous avions les moyens techniques pour basculer de l'un à l'autre. Mais il ne nous a pas semblé opportun d'interrompre l'arrivée de Gabart, qui est un événement sportif important. Ce moment de sport dure le temps d'un match de football et il fallait le diffuser comme tel. D'ailleurs, les audiences étaient très bonnes hier après-midi, preuve que les gens avaient aussi envie de voir ce moment de sport. Mais, je le répète, de 17 heures à 20 heures, nous avons proposé trois heures d'information uniquement consacrées au mariage pour tous, avec des débats en plateau entre Dominique Bertinotti, la ministre de la Famille, et Henri Guaino. A 18h30, nous avons décidé de ne pas retransmettre l'arrivée d'Armel Le Cléac'h, pour rester sur les manifestions. D'autres ont fait différemment. De 20 heures à minuit, nous traitions équitablement les deux sujets et étions présents au théâtre du Rond-Point pour la soirée de soutien au texte.
Vos équipes présentes sur les manifestations sont déçues ?
Oui et moi aussi ! Il y a quelqu'un qui a dû déprogrammer tous les invités que nous avions calé pour une grande après-midi de débats et de commentaires. Surtout que le matin, nous avions suivi tous les préparatifs des manifestants. La veille, nous étions dans les cortèges à Lyon et Montpelier, etc.
Le député-maire d'Asnières, Sébastien Pietrasanta, a indiqué qu'il allait saisir le CSA.
Soit, mais BFMTV a fait son travail. Elle donne depuis le début des discussions la parole aux opposants comme aux partisans. Et elle continuera à le faire dès mardi avec le début des débats sur le texte à l'Assemblée nationale.