Il faut sauver le soldat Delahousse. Depuis dimanche, le journaliste de France 2 fait l'objet d'un déferlement de critiques et de moqueries suite à son entretien enregistré avec Emmanuel Macron. Le style de l'interview, la tonalité des questions et la proximité entre le journaliste et le chef de l'État ont ainsi été largement commentés dans la presse, sur les plateaux de radio et de télévision ainsi que sur les réseaux sociaux. Las, Jean-Michel Carpentier, rédacteur en chef de Laurent Delahousse, est monté au créneau pour défendre ce dernier dans une longue tribune publiée hier soir sur le site du "Figaro" et intitulée "Il fallait de l'audace pour oser converser plutôt qu'agresser".
"Dans la soirée de dimanche, tout le monde s'était entendu pour souligner le caractère original et riche de ce moment de télé", écrit-il ainsi après avoir rappelé les répercussions nombreuses des déclarations du président sur les différents sujets abordés. "Le lendemain, patatras, nous avons assisté à un déluge de ricanements, de dénigrement professionnel, d'insultes personnelles et de grandes leçons de morale" poursuit-il.
Jean-Michel Carpentier explique ensuite que le chef de l'État ne savait "rien de cet exercice de 'déambulation'" qui n'avait "en rien été préparé avec l'Élysée". "Nous avons pris 10 minutes pour le repérage et filmé un plan-séquence de 40 minutes, dont nous n'avons rien enlevé d'autre que des 'scories' techniques" explique ensuite le journaliste, précisant que l'idée leur "trottait dans la tête depuis longtemps" car "Laurent Delahousse l'avait déjà proposée à Nicolas Sarkozy et François Hollande". "Cette semaine, l'occasion a fait le larron... Et nous l'avons saisie. Faut-il le regretter ? Non" avance ensuite Jean-Michel Carpentier.
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D'un ton ironique, il poursuit en faisant mine de s'interroger : "Fallait-il l'audace, voire l'arrogance, d'oser briser le sacro-saint totem, celui d'un journalisme assis à la table de son hôte, à son étiage en quelque sorte?". "Oser se lever, se mouvoir, échanger, tenter de comprendre plutôt que d'accabler, s'entretenir plutôt que de coincer, converser plutôt que d'agresser, se frôler, se toucher même" écrit-il avant de se livrer à une hagiographie de Laurent Delahousse.
"Chers tartuffes, loin de pétrir nos petites idées, nos petites arrières pensées, nos petites ambitions (...), parfois nous réunissons, parfois un peu moins (...) Mais toujours, nous nous fichons comme d'une guigne des bons usages mondains d'une corporation qui fascine moins nos contemporains qu'elle ne les agace" lâche ensuite la plume de Jean-Michel Carpentier. "J'en entends un ou deux, forcément un peu rétifs à la modernité, nous accuser d'être la cause de ce rejet, avec 'l'inadmissible interview de Macron par son chien' (version brune), 'par son valet' (version rouge, ou l'inverse)" poursuit-il avant de conclure "Ami, entends-tu cette étrange chasse aux sorcières qui ne présage rien de bon".