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"Si je reviens, je reconnais avoir fait une faute" : Suspendu après ses propos sur la colonisation française en Algérie, Jean-Michel Aphatie décide de quitter RTL
Publié le 9 mars 2025 à 13:24
Par Ludovic Galtier Lloret | Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
"Confronté à ce qu’il faut bien appeler une punition", le chroniqueur de la station a annoncé, ce dimanche 9 mars 2025, son départ de RTL. Il avait intégré la station pour la première fois en 2003 pour la tranche matinale "L'invité de RTL".
Jean-Michel Aphatie dans "RTL matin" sur RTL le mardi 25 février 2025. © RTL
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"Je ne reviendrai pas à RTL. C’est ma décision". Dans un long message, posté sur X (anciennement Twitter) ce dimanche 9 mars 2025, Jean-Michel Aphatie a annoncé son départ de la station du groupe M6. La direction de la radio l'avait mis à pied une semaine après ses propos sur la colonisation en Algérie.

Le mardi 25 février 2025, le chroniqueur avait, pour rappel, établi un parallèle entre la colonisation française en Algérie et le massacre de 642 habitants d'Oradour-sur-Glane en juin 1944 par le régime nazi. "Chaque année, en France, on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ?", avait-il déclaré dans "RTL matin", matinale présentée par Thomas Sotto et Amandine Bégot, au sujet de la conquête de l’Algérie par la France au XIXe siècle.

"C’est un pas que je ne peux pas franchir"

"Il y a quinze jours, a-t-il rappelé, mes propos sur la colonisation algérienne ont créé le débat. La direction de la radio m’a dit avoir enregistré de nombreuses protestations de la part des auditeurs. Pour faire droit à l’émotion suscitée, il m’a été demandé de ne pas me présenter la semaine suivante, en m’indiquant que je serai le bienvenu, ensuite, pour continuer à défendre mes points de vue sur l’antenne".

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S'il dit d'abord avoir "compris et admis la démarche des dirigeants de RTL", sa "perception de la situation s'est modifiée" à partir du mercredi 5 mars, date du début de sa suspension qu'il qualifie de "punition". "Même décidée dans le cadre d’un dialogue serein et compréhensif, une punition reste une punition. Si je reviens sur l’antenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir".

Comme l'écrivent certains médias – exemple ici avec "L'Humanité" – Jean-Michel Aphatie estime avoir rappelé un fait historique. "J’attache un prix particulier à la question de la présence française en Algérie entre 1830 et 1962 (...) Je me suis intéressé, voilà déjà longtemps, aux conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle, en mai 1958. (...) Ce que j’ai lu dans les livres écrits par des historiens méticuleux m’a horrifié. Les massacres de musulmans se sont succédés tout au long des 132 ans d’occupation", a-t-il décrit. 

"Je ne peux pas accepter d'être puni pour avoir répété les propos que je tiens sur ce sujet depuis des années"

Et le chroniqueur de poursuivre : "J’ai vécu comme une injustice maintenue l’absence de reconnaissance officielle par le colonisateur des traitements dégradants infligés à cette population. Les propos que je tiens sur ce sujet depuis des années sont liés à ce sentiment. Pour cette raison, et pour cette raison seulement, je ne peux pas accepter d’être puni pour les avoir répétés. Je regrette la situation qui s’est créée. J’ai passé de belles années professionnelles à RTL. C’est une radio que j’aime. Mais c’est ainsi", a-t-il déploré.

À LIRE AUSSI : "J’ai été roulé dans le mépris par le Bolloréland" : Écarté de l’antenne par RTL après une chronique, Jean-Michel Aphatie sort du silence

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Au micro de "C médiatique" sur France 5 ce dimanche 9 mars 2025, Jean-Michel Aphatie dit faire le constat amer que "l'inhumanité de la France vis-à-vis de ses conquêtes coloniales ne peut pas être exposée dans les médias. Encore aujourd'hui. Alors que c'est ça le problème. Nous avons commis des crimes atroces et nous ne l'avons pas reconnu. Les médias ne font que refléter une culture dominante, celle de la négation de l'histoire".

"Une époque malade de la post-vérité", dénonce Fabrice Arfi, journaliste à "Médiapart"

Invité de l'émission médias présentée par Mélanie Taravant, Fabrice Arfi, journaliste à "Mediapart", a adressé "tout (son) soutien" à Jean-Michel Aphatie. "Ce n'est pas anecdotique ce qui se passe autour de ça. C'est vraiment le symptôme d'une époque malade de la post-vérité c'est-à-dire que la vérité n'est plus qu'une opinion comme une autre", a-t-il déploré.

Avant de rappeler comme "Arrêt sur images" avant lui : "RTL n'avait pas de problème à garder Éric Zemmour pourtant condamné par la justice pour des faits de racisme. Et quand un journaliste et chroniqueur comme Jean-Michel Aphatie vient rappeler, comme les historiens le disent, des faits historiques – pas des opinions – cela devient 'inapproprié' parce que cela chatouille les oreilles des négationnistes de l'extrême droite." RTL avait qualifié de la sorte la comparaison de Jean-Michel Aphatie.

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Fabrice Arfi de conclure : "Les mêmes qui dénoncent la cancel culture retirent Jean-Michel Aphatie pendant une semaine de l'antenne (...) Quand on efface la frontière entre le vrai et le faux, on créé un gouffre dans lequel une civilisation peut s'effondrer. Je le dis avec un peu de solennité et de gravité mais c'est gravissime ce qui s'est passé là". Les propos de Jean-Michel Aphatie ont suscité plusieurs signalements auprès de l’Arcom, qui a comme habituellement en pareil cas ouvert une instruction le 26 février 2025, pour déterminer si la radio a commis un manquement à ses obligations.

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