Déprogrammation
"Un choix lié à l’actualité" : 48 heures après le départ de Jean-Michel Aphatie de RTL, France 5 déprogramme un documentaire sur la guerre d'Algérie
Publié le 13 mars 2025 à 10:14
Par Ludovic Galtier Lloret | Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
"Libération" a révélé, ce mardi 11 mars 2025, que le documentaire "Algérie, sections armes spéciales", qui devait être diffusé ce dimanche 16 mars, a été déprogrammé.
Le logo de la chaîne France 5. Le logo de la chaîne France 5.© France 5
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"Libération" a révélé, ce mardi 11 mars 2025, que France 5 a procédé à la déprogrammation du documentaire "Algérie, sections armes spéciales", à cinq jours de sa diffusion prévue dans "La case du siècle" le dimanche 16 mars 2025 à 23h50. Dans un communiqué, la chaîne publique explique que l'actualité internationale l'a motivée à bouleverser sa programmation d'origine et à privilégier des soirées thématiques. Les documentaires en rediffusion "Opération Trump, les espions russes à la conquête de l'Amérique" et "Russie, un peuple qui marche au pas" seront ainsi proposés le dimanche 16 mars. 

"France Télévisions prend le risque d'être accusé de censure"

Si "Syrie, la chute du clan Assad", qui devait être diffusé ce dimanche en prime time, est reporté d'une semaine dans la même case, "Algérie, sections armes spéciales", lui, n'apparaît plus dans la grille des semaines à venir. À la place, France 5 proposera une soirée spéciale Syrie avec la diffusion à 23h de "Bachar, le maître du chaos". Le documentaire qui "met en lumière l’utilisation d’armes chimiques par l’armée française pendant la guerre d’Algérie (1954-1962)", "est déprogrammé et sera programmé ultérieurement", indique simplement la chaîne selon la formule consacrée. D'ici là, il est disponible comme prévu depuis ce mercredi 12 mars 2025 sur la plateforme france.tv, sur laquelle il est annoncé qu'il serait diffusé en prime time sur France 5 le dimanche 8 juin 2025.

"Cette décision prête à confusion et risque de mettre de l’huile sur le feu", regrette, auprès de "Libération", Claire Billet. La réalisatrice de ce film inédit de 52 minutes "a appris la nouvelle par la société de production Solent, en charge du projet". "Avec cette décision, le groupe prend le risque d’être accusé de censure, ce qui est regrettable", déplore, de son côté, Fabrice Riceputi, historien spécialiste des questions coloniales et postcoloniales interrogé par le journal. "Ce film est un véritable événement, qui révèle un nouveau type de crimes de guerre commis par la France en Algérie. On connaissait l’utilisation du napalm, mais l’usage de gaz pour tuer des maquisards et des civils, c’est une révélation pour le grand public."

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"C’est un choix lié à l’actualité, il n’y a aucun loup", garantit auprès de "Libération" la direction de la communication documentaires de France Télévisions qui "avait pris la décision de lancer ce film, d’y mettre des moyens normaux, d’attendre qu’on le fasse... D’autres chaînes nous avaient dit non", tient à souligner le producteur du film, Luc Martin-Gousset.

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2 jours après le départ de Jean-Michel Aphatie de RTL

La déprogrammation de ce documentaire a lieu dans un contexte de crise diplomatique entre la France et l'Algérie et deux jours après que Jean-Michel Aphatie, chroniqueur régulier de RTL, a annoncé sa démission de la station. Il avait été temporairement écarté de l'antenne par la direction de la radio du groupe M6 quatre jours plus tôt pour avoir comparé le 25 février dernier les crimes coloniaux de l’armée française en Algérie au massacre d’Oradour-sur-Glane, commis par les nazis en 1944.

S'il avait d'abord "compris et admis la démarche des dirigeants de RTL", sa "perception de la situation s'est modifiée" à partir du mercredi 5 mars, date du début de sa suspension qu'il qualifie de "punition". "Même décidée dans le cadre d’un dialogue serein et compréhensif, une punition reste une punition. Si je reviens sur l’antenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir", avait-il estimé.

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