C'est le tandem de la soirée ! Ce soir à 21h, W9 diffusera le "Concert pour la tolérance", baptisé "La grande soirée de Soprano", qui a été enregistré à Agadir, au Maroc, en octobre dernier. Cette soirée spéciale consacrée à Soprano et à laquelle Slimane, Vitaa, Black M, Dadju et Soolking ont notamment participé, sera animée par Jérôme Anthony et Erika Moulet. A cette occasion, puremedias.com a interviewé les deux présentateurs de la chaîne du groupe M6.
Entretien réalisé par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Que représente pour vous le "Concert pour la tolérance" ?
Erika Moulet : Jérôme l'a fait plusieurs années. Il confirme ! Mais moi, j'ai la sensation, pour une fois, d'entrer dans une famille assez saine avec une ambiance très joyeuse. Le fait que Soprano soit chef d'orchestre de cette soirée, ça apporte beaucoup à tous ceux qui sont là. Je n'ai jamais vu une émission aussi cohérente à animer et aussi positive. On en oublie le côté télévision. C'est chouette ! Puis, on est reçu au Maroc... C'est royal ! Ils font les choses en grand.
Jérôme Anthony : C'est un rendez-vous très sympathique et en famille. Il n'y a rien qui ne fédère plus que les chansons. C'est l'occasion finalement dans ce concert de permettre à des artistes de chanter entre eux, d'organiser des duos, des trios, des collégiales, des rendez-vous inédits. C'est presque répétitif de dire "Concert pour la tolérance". Un concert, c'est déjà de la tolérance. C'est l'occasion de faire en sorte que tout le monde se retrouve, chante et partage.
"On fait une émission de télévision avec quelques dizaines de milliers de personnes devant nous."
Comment préparez-vous ce type d'événements ?
Jérôme Anthony : Nous, on arrive un peu à la dernière minute. C'est très compliqué. C'est pour ça qu'Electron libre, qui produit cette émission et qui a l'habitude de produire de très gros événements tout au long de l'année, est à même de pouvoir réaliser ce genre de rendez-vous. J'imagine qu'ils ont aussi de très bonnes relations avec le Maroc. Tout ça s'organise comme un énorme Lego. Nous, on intervient vraiment en dernière minute. Mais on est impliqué totalement dans cette aventure. C'est un gros barnum à monter. Les gens qui vont voir l'émission vont pouvoir se régaler avec des bons moments de télé. Mais ils ne se rendent pas compte de l'organisation derrière. Il faut faire venir les artistes, organiser les répétitions et monter la scène.
Erika Moulet : Moi, je suis assez étonnée de la facilité avec laquelle les choses se font. Autour de Soprano, tous ceux qui ont été contactés ont répondu présent. Faire des duos et des trios, ce n'est pas évident. Il y a des histoires d'égo. Il y a toujours des histoires comme ça avec les artistes. Là, on n'a pas eu ce problème-là. Tout le monde est content de jouer le jeu et de chanter ensemble. Finalement, les artistes mettent de côté des tas de choses et se concentrent uniquement sur un moment de partage.
Jérôme Anthony : Là, c'est une émission très moderne. Ce sont tous les artistes d'aujourd'hui. Ils sont dans les playlists des jeunes aujourd'hui. Mais c'est une vieille recette. On a un artiste central et toute sa famille de coeur. C'est ce qui fait que les choses se gèrent mieux, parce qu'ils se connaissent bien. Ils ont confiance entre eux. Tous ces problèmes d'égo s'effacent. C'est le principe d'un concert pour la tolérance: Une famille de coeur, autour d'un artiste qui fédère. Chaque année, on a eu des artistes qui ont fédéré, mais là, Soprano, il a un truc en plus. C'est un mec sympathique, solaire et qui partage. Pendant les répétitions, on a pu remarquer qu'il était impliqué dans le concert. Il accueille ses copains avec qui il va chanter. Il leur explique comment on va faire. Il organise vraiment sa soirée. C'est sa scène ouverte !
Erika Moulet : Cette soirée sera parsemée de saynètes. C'est pour ça que je dis que c'est cohérent. Il y a vraiment un fil rouge tout au long avec le personnage du coach de Soprano. D'habitude, il accompagne Soprano durant ses tournées. Là, il sera avec nous pendant l'animation. Soprano joue le jeu. Il est dans l'acting. Il répète et répète. C'est un mec hyper simple et hyper sain.
Comment s'organise l'animation d'un concert lorsqu'on est deux présentateurs ?
Jérôme Anthony : Et bien, on s'engueule ! (rires) On se connaît bien. Il n'y a pas de souci.
Erika Moulet : Oui, on a chacun notre espace. Jérôme est quelqu'un qui va rythmer la soirée. Il va être en contact avec le public. Pour ce coup-là, je serai plus dans les coulisses et dans les sketchs. C'est ce qu'il faut. Il ne faut pas qu'on se retrouve tous les deux en maître de cérémonie, avec un micro et en costume. Je trouve que ce n'est pas agréable à regarder. Je pense qu'il faut que chacun ait son rôle. Avec Jérôme, on se départage comme ça. Ca nous va bien.
Jérôme Anthony : Puis, ça enlève le côté répétitif du "un chanteur, un plateau, un chanteur, un plateau". Ca, on essaye de le gommer de plus en plus jusqu'à ce que ça disparaisse un jour totalement. Du coup, ça rythme la soirée de manière différente. On essaye de faire de cet événement, qui est un concert populaire sur la plage d'Agadir, une véritable émission de télévision. D'ailleurs, quand on regarde la manière dont c'est réalisé et produit, on n'est pas sur une scène de concert traditionnel. On est vraiment sur une scène qui ressemble à un studio de télévision. Vraiment, on fait une émission de télévision avec quelques dizaines de milliers de personnes devant nous.
"Si le temps de 2h40 les gens pouvaient tous s'entendre et vivre un moment de communion, ce serait parfait."
Est-ce qu'un concert nécessite forcément des animateurs télés ? Est-ce qu'il ne pourrait pas vivre tout seul ?
Jérôme Anthony : Non, justement. On essaye de ne pas faire une captation de concert. On essaye d'en faire une émission de télé. Quand on voit le dispositif mis en place - la scène, l'éclairage, les dispositifs de réalisation -, c'est comme si on était à la Plaine-Saint-Denis en train de faire une émission de télé, sauf qu'on est sur la plage d'Agadir avec un public de plusieurs milliers de personnes. C'est vraiment un dispositif important. Il pourrait peut-être - mais ce serait moins relayé sans doute - faire un concert pour la tolérance sans caméras, puis les artistes rentrent chez eux. On veut vraiment en faire une émission de télé. Tout le monde se donne du mal.
Erika Moulet : Et il faut rendre ça vivant et humain. On essaye aussi de couper entre les chansons avec d'autres moments, qui seront des séquences drôles d'ailleurs. Je n'ai jamais vu ça dans une émission. Généralement, on fait juste des lancements. Là, il y a vraiment un comique sur toute la ligne. C'est très positif.
L'actualité française est rythmée par des informations très anxiogènes depuis plusieurs mois. Est-ce que ce "Concert pour la tolérance" n'arrive pas à point ?
Jérôme Anthony : C'est un sujet qui est récurrent. Les années précédentes, on me posait déjà la même question. Ce sont des thèmes qui changent. Mais il faut revenir à la même chose. Je ne comprends même pas qu'on chante ou qu'on fasse des concerts pour la tolérance. Si c'est bien de le rappeler, rappelons-le. Les thèmes changent, les problèmes changent, les acteurs des problèmes changent. Pour autant, il faut que les gens réfléchissent et que tout le monde mette un peu d'eau dans son vin. Ce concert est vraiment une goutte d'eau dans l'océan, mais c'est toujours une goutte d'eau en plus.
Erika Moulet : Oui, la France. Mais il y a aussi le Maroc, le Liban, l'Algérie et tout ça. C'est vraiment central comme sujet. Si le temps de 2h40 les gens pouvaient tous s'entendre et vivre un moment de communion, ce serait parfait. Malheureusement, ça ne suffira pas.
Jérôme Anthony : Ce n'est pas ça qui va changer les choses. Mais c'est toujours bien de le rappeler.
C'est un concert pour une bonne cause. Mais est-ce que vous, en tant qu'animateurs, vous allez scruter les audiences de la soirée ?
Jérôme Anthony : Carrément qu'on va les regarder ! (rires) Oui, on les regarde parce que c'est un jeu de Monopoly qui nous intéresse et qui nous amuse. On regarde les audiences des autres. On regarde les nôtres. Après, on ne pense pas à ça en faisant l'émission. C'est sûr. Sur cette émission-là, on n'est pas sur les mêmes enjeux.
"Il y a de moins en moins d'émissions sur la musique à la télévision."
Quels sont vos projets à chacun au sein du groupe M6 ?
Erika Moulet : Musique. Je suis là tous les samedis. Je suis sur W9 avec "L'hebdo de la musique". C'est une affaire qui tourne. Je trouve que c'est génial de prendre un artiste et de sortir un peu de sa promo. Je parle de tout sauf de ce qu'il se passe dans son actu. J'essaye de gratter un peu chez cette personne pour vivre un moment différent de ce qu'on a l'habitude de voir. Je vais surtout chercher chez eux l'authenticité et la sincérité. Puis, je suis tranquille. "L'hebdo de la musique", on n'est pas en prime, on n'a pas de problème d'audience. Ce sont des émissions qui sont agréables à faire. Et les artistes sont très contents, car il y a de moins en moins d'émissions sur la musique à la télévision. Ils sont contents de pouvoir s'exprimer et de pouvoir le faire différemment. Il faut continuer de garder ces moments-là avec les artistes et que ce soit toujours l'ADN de W9. Je suis contente d'être dans l'ADN du groupe. Puis, Jérôme, lui, est en radio. Il a ses émissions...
Jérôme Anthony : C'est mon attaché de presse aussi. (rires) Moi, ça doit faire plus de quinze ans que je suis à M6. Je ne vais pas jouer les anciens combattants. On est reparti pour une saison, dont notamment sur W9 avec les primes musicaux qu'on aura l'occasion de faire tout au long de l'année. On a "Tout le monde chante" qui arrive. Il y a aussi une autre émission qui sera consacrée à la nature et à l'écologie. Je continue les "Top 50" qui passent le matin, que je tourne toute l'année et qui sont beaucoup rediffusés. "Un trésor dans votre maison" va reprendre sa diffusion sur 6ter. J'espère qu'on va tourner d'autres émissions. Je croise les doigts, on verra bien. Puis, il y a M Radio depuis la rentrée, avec le 9h-12h, qui se passe très bien. Puis, là, j'ai fait une bêtise... Je sors un album en février. Ca fait un an que je dois le sortir. On va démarrer la promo. J'espère me rendre visible avec ce projet.
Un album ?
Jérôme Anthony : Je fais un album de reprises de variété française, dans des versions swing. J'ai fait refaire toutes les orchestrations. On sort l'album fin février, avec j'espère, un renfort sympathique de promotion. J'aime bien faire ça. C'est peut-être l'erreur de ma vie.
"Je serais bien reparti pour une saison supplémentaire dans 'La France a un incroyable talent, ça continue'."
Revenons à la télévision. Jérôme, pourquoi n'avez-vous pas poursuivi "La France a un incroyable talent, ça continue" sur M6 ?
Jérôme Anthony : Ils ont eu envie de mettre quelqu'un d'autre. Normalement, dans ce métier-là, on dit : "Ca fait neuf ans que je le faisais. J'ai fait le tour. Je pense qu'il fallait passer à autre chose". Moi, pas du tout. Je serais bien reparti pour une saison supplémentaire. Ils ont voulu tester quelqu'un d'autre. Parce qu'en fait, cette émission-là a toujours bien marché. Même quand le prime était faiblard, cette seconde partie de soirée fonctionnait plutôt bien. J'aime bien rappeler qu'on a toujours été devant TF1. Donc, on ne m'a pas arrêté parce qu'elle ne marchait pas. Ils avaient envie de mettre sur un créneau qui marchait bien quelqu'un d'autre pour voir. Alors pour le reste, il faudra s'adresser aux personnes qui ont pris cette décision, qui - je crois - ne sont plus en poste d'ailleurs. Voilà. Je suis très déçu de ne pas le refaire. En plus, c'est une une très belle saison. Mes camarades restent mes camarades. La prod, ce sont mes copains.
Lors d'une interview que Donel Jack'sman a accordé à puremedias.com en octobre dernier, celui qui vous a succédé nous a confié qu'il aurait aimé faire une passation de pouvoir avec vous à l'antenne.
Jérôme Anthony : Lui, je ne le connais pas. Il n'y est pour rien. Je ne suis même pas au courant de ça. C'est le truc de la télé.
Erika Moulet : C'est comme ça à la télévision, mais c'est pareil à la Poste. Ca part, ça vient. Il y a des postes. Ca bouge. C'est par vague.
Jérôme Anthony : Puis, Donel est très bien. Lui, il n'y est vraiment pour rien. Mais je n'ai pas envie de dire, comme font les autres : "Oui, c'était bien, j'ai fait le tour". Oui, j'avais fait le tour, mais j'aimais cette émission et j'aimais cette équipe. Je trouvais que cette émission était de mieux en mieux. C'est rare pour un programme qui a plus de dix ans. Je n'ai rien d'autres à dire. Je leur souhaite vraiment le meilleur.