Il intervient dans la matinale de RTL. Le groupe Webedia, auquel puremedias.com appartient, se mobilise pendant une semaine spéciale dédiée à l'information sur la santé mentale. A cette occasion, Jimmy Mohamed, médecin et chroniqueur santé de la station du groupe M6, a accepté de répondre à nos questions concernant cette thématique de la santé mentale.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Quelle est la place de la santé mentale dans vos chroniques sur RTL ?
Jimmy Mohamed : Elle a une place assez grande, parce qu'il n'y a pas de bonne santé physique sans bonne santé mentale. Souvent, on va mettre en avant le fait de manger des fruits et des légumes, de faire de l'activité sportive, de ne pas boire de l'alcool, de ne pas fumer... Derrière, si votre santé mentale est mauvaise, tout tombe à l'eau. En fait, c'est comme si on demandait de choisir entre le pied droit et le pied gauche. Ils sont tout autant indispensables. Maintenant, c'est un sujet, mais on ne peut pas parler que de ça. Quand on en parle, il faut essayer de l'aborder sous un prisme positif derrière une information un peu anxiogène. On est déprimé, on dort mal, on est stressé... On cherche à savoir comment faire au quotidien, avec des gestes simples, pour essayer d'aller mieux.
"Dans la vie de tous les jours, on peut apporter des solutions pour être moins stressé"
La santé mentale est-elle aussi préoccupante pour les gens que la santé physique ?
En fait, ils n'en ont pas conscience. Ils savent que c'est important. Dès qu'on ne va pas bien, on s'en rend compte. On se dit : "Mince, à quel point j'ai été heureux et à quel point ça allait. Là, je me rends compte que j'ai un coup de moins bien". Les gens ont du mal à se dire : "À quel point ça pourrait aller mieux". Souvent, on est un peu dans ce marasme et cette morosité ambiante quand ça ne va pas. Mais il faut avoir conscience qu'ils ont les clés pour améliorer les choses.
Ce n'est pas difficile d'aborder ces sujets-là dans une matinale très écoutée comme RTL ?
Il faut toujours rester vigilant. On ne va pas guérir de maladies psychiatriques avec de simples conseils. Mais dans la vie de tous les jours, on peut apporter des solutions pour être moins stressé, mieux dormir et être un peu plus heureux dans la vie. Ca, on peut le faire. Le but est de faire comprendre aux gens qu'ils peuvent le faire car ils ne savent pas qu'ils ont déjà les armes pour aller mieux.
"Souvent, il y a une vision assez négative de la santé mentale"
Pourquoi parle-t-on davantage de santé mentale aujourd'hui qu'il y a une dizaine d'années ?
Il y a eu plusieurs éléments. Le premier, c'est le Covid. On s'est rendu compte à quel point le confinement a fait du mal. Finalement, l'homme est un animal social qui a besoin de contact. Dès qu'il est privé de contact, il s'est rendu compte que c'était dur. Puis, on a aussi pris conscience que c'était aussi important que la santé physique. Fut un temps où on se contentait de questions : "On arrive à marcher et à respirer ? On est vivant ?". Les gens ont pris conscience qu'on peut mettre sur le même pied d'égalité une maladie physique et une maladie psychiatrique ou un mal-être intérieur.
Est-ce que les médias en parlent assez ?
On n'en parle peut-être pas assez en bien. Souvent, il y a une vision assez négative de la santé mentale. "Les Français sont dépressifs", "Les Français dorment mal", "Les Français sont stressés"... C'est une réalité. Mais derrière, il n'y a pas assez d'alternatives et de propositions pour essayer d'améliorer les choses. Evidemment, il y a le contexte économique, le contexte social, ce qu'il se passe à l'étranger... Je comprends que tout ça a un impact malheureusement. Sur ça, nous, au quotidien, on ne peut pas faire grand chose. Mais peut-être qu'on pourrait mettre un peu plus en avant tout ce qui est positif pour améliorer les choses.
"Je ne suis pas journaliste, mais je fais un travail journalistique"
D'ailleurs, les médias, et notamment le traitement de l'information, peuvent avoir un impact sur la santé mentale des Français ?
Je pense en tout cas qu'il faut sortir du climat ambiant anxiogène en donnant des conseils simples. Plutôt que d'accentuer sur le fait que les Français sont dépressifs, on pourrait donner des conseils pour aller mieux. C'est ce qu'on essaye de faire dans la matinale de RTL. On part de certains constats. Je ne suis pas journaliste, mais je fais un travail journalistique. C'est factuel. Je vais citer des sondages, des études et des baromètres. Mon travail est d'expliquer et apporter des solutions pour aller mieux à partir de ce constat. C'est ce qui différencie peut-être la matinale de RTL de ce qu'on peut faire un peu ailleurs. On entend parfois un peu trop : "Il faut aller voir le médecin". Oui, c'est important. Mais peut-être qu'on peut améliorer notre santé mentale avec des gestes simples. C'est ce que j'essaye de donner un petit peu en conseils tous les jours.
Les journalistes sont-ils aujourd'hui sensibles à la question de la santé mentale ?
Je ne suis pas journaliste. Je n'ai pas vocation à m'exprimer au nom des journalistes. Maintenant, on se rend compte que tous les médias traitent de la santé. Il faut être lucide. Tout le monde parle de santé mentale ou physique. La question ensuite est : qui sont les journalistes les plus compétents pour en parler ? C'est aussi pour ça que je suis à RTL. J'ai une certaine légitimité à dire : "Quand je parle de santé mentale, je sais de quoi je parle". Il faut avoir une spécialisation pour être crédible sur les sujets qu'on aborde.
Pour plus d'informations sur la semaine de la santé mentale, rendez-vous sur https://fr.webedia-group.com/news/corporate/webedia-sengage-a-loccasion-des-semaines-dinformation-sur-la-sante-mentale/