Que s'est-il passé le 2 novembre 2013 près de Kidal ? C'est la question que se posent depuis six ans les proches de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI enlevés puis tués alors qu'ils effectuaient un reportage au Mali. Ils y couvraient l'opération française Serval destinée à chasser les jihadistes qui occupaient le nord du Mali et marchaient sur Bamako. A l'époque, leur double assassinat avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Selon la version officielle, un convoi de militaires français avait découvert le corps des deux reporters, tués par balles, non loin du pick-up de leurs ravisseurs. Ce dernier était tombé en panne d'après les enquêteurs, qui ont toujours privilégié la thèse d'une prise d'otages ratée.
Comme le rapporte l'AFP, ce déroulé des faits est désormais remis en question par l'employeur des deux journalistes. Lundi, RFI a ainsi annoncé avoir trouvé de "nouveaux éléments" qui "remettent en question la version officielle de l'armée, sans répondre à toutes les interrogations". S'appuyant sur le témoignage d'un haut gradé de la Minusma (Mission des Nations unies au Mali) et d'un ancien agent des services de renseignements français, ainsi que sur des auditions de jihadistes par les autorités maliennes, RFI affirme que des membres des forces spéciales françaises en hélicoptère auraient "pris en chasse" les ravisseurs et auraient ainsi été informés de la mort des deux journalistes "bien avant l'arrivée" du convoi militaire français ayant officiellement découvert les corps.
Selon RFI, ces nouveaux éléments mettent en doute les affirmations de l'armée française, qui avait assuré que ses forces n'avaient eu "aucun contact visuel ou physique" avec les ravisseurs. Interrogé par l'AFP, l'état-major des armées n'a pas souhaité faire de commentaires. Ces révélations pourraient cependant relancer les spéculations autour de la mort des deux journalistes. "Les forces spéciales (...) ont-elles tenté une action pour libérer Ghislaine Dupont et Claude Verlon ? Y a-t-il eu contact visuel, voire échange de tirs ? Par voie aérienne ou par voie terrestre ?", se demande ainsi RFI.