Annoncé il y a une dizaine de jours, le changement de marque de France Bleu, qui sera renommée Ici le 6 janvier, continue de susciter une vive opposition au sein des équipes de Radio France. Ce vendredi 13 décembre 2024, les comités sociaux et économiques (CSE) de France Bleu et de Radio France ont déposé une assignation en référé auprès du tribunal judiciaire de Paris pour demander la suspension de cette transition, invoquant un défaut de consultation des salariés, ont révélé "Le Monde" et "Satellifacts".
L’audience en référé, qui se tiendra mardi 17 décembre 2024 à 11 heures au tribunal judiciaire de Paris, sera déterminante pour l’avenir du projet. Le juge des référés devra trancher rapidement, avec une décision attendue dans les 24 à 48 heures suivant l’audience. En attendant, le projet de transition vers la marque "Ici" reste suspendu à cette décision judiciaire. La nouvelle appellation, déjà utilisée depuis novembre pour les tranches régionales de France 3, marque une étape clé dans le rapprochement entre France Bleu et France Télévisions, sous l’égide d’une stratégie commune d’information locale. Toutefois, ce projet est vivement critiqué par les représentants des salariés, qui dénoncent une décision prise "dans l’opacité" et sans prendre en compte ses impacts organisationnels, éditoriaux et sociaux.
À LIRE AUSSI : On sait désormais quand France Bleu va devenir "Ici"
Les élus des CSE de Radio France et de France Bleu reprochent à la direction d’avoir ignoré leurs demandes répétées d’une véritable procédure d’information-consultation. Selon Maître Rudy Ouakrat, avocat des deux instances, "ni le CSE central ni le comité d’établissement France Bleu n’ont été valablement saisis de ce projet structurant, irréversible et particulièrement impactant", rapporte "Le Monde". Une réunion du CSE central tenue en milieu de semaine dernière n’a apporté qu’un "point d’information", loin de répondre aux attentes des représentants du personnel. Ces derniers souhaitent suspendre le déploiement de la marque "Ici" jusqu’à ce que des consultations obligatoires soient organisées, permettant notamment de demander une expertise sur les conséquences pour les équipes.
Le changement de marque intervient dans un contexte de fusion progressive des outils et des équipes des deux entités publiques, avec notamment 37 matinales communes et des plateformes numériques partagées. Une évolution qui nourrit les craintes d’une fusion complète de France Bleu et France 3, malgré les assurances de la direction. En novembre, un mouvement de grève avait déjà secoué France Télévisions et Radio France pour protester contre cette orientation stratégique.
Céline Pigalle, directrice de France Bleu, avait alors tenté de dissiper les inquiétudes en affirmant que le changement de nom n’était pas lié à une gouvernance commune ou à un projet de fusion des deux entités. Cependant, les élus des CSE considèrent que ces évolutions font partie d’un projet plus large, souvent évoqué par les pouvoirs publics, visant à regrouper les acteurs de l’audiovisuel public sous une holding unique. Ce modèle reste d’ailleurs au cœur des discussions parlementaires sur l’avenir de l’audiovisuel public.