Interview
Julien Courbet (P4) : "Je ne suis pas pour continuer 'Pascal, le grand frère' dans sa forme actuelle"
Publié le 14 septembre 2018 à 18:04
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de ses premiers pas à la présentation de "Capital" dimanche sur M6, Julien Courbet est l'invité exceptionnel de puremedias.com toute la journée.
Julien Courbet, invité spécial de puremedias.com. Julien Courbet, invité spécial de puremedias.com.© Jean Brice Lemal/M6
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Un producteur polyvalent. Dimanche soir à 21h, Julien Courbet prend les commandes pour la première fois du magazine économique "Capital". L'animateur succède donc à Bastien Cadéac qui avait présenté l'émission pendant deux ans. Il est également tous les matins à l'animation de "Ca peut vous arriver" sur RTL. puremedias.com a rencontré le présentateur pour un long entretien, publié tout au long de la journée.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

puremedias.com : Vous êtes donc cette année partagé entre M6, RTL et votre société de production, La Concepteria. Comment allez-vous trouver du temps pour vous ?
Julien Courbet : On s'organise. J'ai appris avec le temps à faire confiance. Ce sont les vertus de l'âge. Ce n'était pas le cas quand j'étais jeune producteur. Je voulais tout voir, tout faire. Je voulais m'entourer. Sur "Capital", je ne veux pas vous faire croire que c'est moi qui fais tout. Sur "Capital", il y a des gens ultra-compétents qui me disent : "Julien, on compte mettre ça et ça dans l'émission. Qu'est-ce que tu en penses ?". Je viens uniquement pour parler de mes plateaux. Je donne mes points de vue. La boite de production, c'est pareil. Je me suis entouré de cadors. J'ai la chance de travailler avec un garçon qui s'appelle Timothée Vienne, avec qui j'ai fait les docs sur Johnny Hallyday ou récemment sur Didier Deschamps. Je leur donne juste la ligne éditoriale que je veux. Après, je sais que c'est fait. Il faut apprendre à faire confiance. Ce n'est pas facile ! Ca a été limite une thérapie pour essayer de comprendre qu'à un moment donné, il n'y avait pas que moi qui avais la science infuse. Je voulais toujours tout contrôler.

"Est-ce que vous vous comportez de la même façon quand vous allez à un mariage et à un enterrement ? Non !" Julien Courbet

Vous êtes également monté sur scène pour un one-man-show. Avez-vous un nouveau spectacle en rodage ?
Il n'y en a pas en préparation. C'est toujours le même. Un spectacle, ça a une durée de vie de 4 ans. En plus de ça, là où un comique va faire 200 représentations, moi, j'en fais 30. Je ne vais pas l'arrêter. C'est hors de question. Le week-end, certains ont besoin pour se détendre d'aller faire du golf. Moi, c'est un besoin viscéral d'aller sur scène. Par contre, vous ne me verrez plus dans les émissions de télé aller faire des sketchs. Je vais continuer à le faire, à mon rythme, doucement, de temps en temps. La rareté fera peut-être que les gens auront encore plus envie de venir. Mais je continue parce que j'en ai besoin. Si je veux être sérieux dans "Capital", c'est parce que je peux laisser tout partir sur scène pour ne plus avoir à le faire à la télé.

Comment fait-on le pont entre un spectacle humoristique et une émission très sérieuse comme "Capital" ?
Les gens ont l'impression que c'est compliqué. Est-ce que vous vous comportez de la même façon quand vous allez à un mariage et à un enterrement ? Non ! La situation se fait d'elle-même. A "Capital", on traite de sujets sérieux. Donc, on est sérieux, on s'y intéresse, je pose des questions sérieuses. Ca n'empêchera pas qu'il y ait un peu de sourire dans l'interview. Il ne faut pas oublier que Michel Serrault s'était mis en slip pendant un journal et que Jamel Debbouze s'était permis des choses chez Delahousse. Ce sont les situations qui font ça. Je vous assure qu'il n'y a rien de compliqué. Quand je vais sur scène, c'est pour faire marrer les gens. J'écris des textes, je les ai répétés. La nature se fait naturellement. Quand vous êtes avec vos potes, je suppose que lorsque vous buvez un coup, ça doit partir dans tous les sens. Et puis quand votre patron vous convoque : "J'aimerais qu'on parle de la stratégie de Pure Médias", vous ne montez pas sur la table, vous vous adaptez. La chance que j'ai, c'est d'avoir pu dans le passé faire les deux. Je ne suis pas dépaysé. Ce n'est pas comme si vous demandiez à Jamel de présenter "Capital". Moi, j'ai fait plein de magazines économiques. Ma première émission sur TF1, c'était un magazine économique qui s'appelle "Pourquoi pas vous ?" dont le thème était "Ces chefs d'entreprise qui sont partis de rien et qui ont monté un empire". Mon premier invité, c'était Alain Afflelou. J'avais 28 ans, je l'ai eu en face-à-face pendant une heure.

Produisez-vous d'autres artistes ?
Non. J'ai fait plein de choses dans ma vie. J'ai ma boîte de production. J'ai eu un restaurant. J'ai eu un magazine de presse. J'ai eu un tas de choses. Aujourd'hui, ça ne sera que la télé et la radio. C'est terminé les aventures comme ça. Le métier de producteur d'artistes, c'est un métier à part entière que je ne connais pas. Vous ne me verrez pas le faire actuellement. Aujourd'hui, "Capital" c'est 40% de mon temps, la radio, c'est 40% de mon temps et avoir des idées de magazines et d'émissions, c'est 20%. Le week-end, ce sont mes one-man-show. Le peu de temps qu'il me reste, c'est pour ma famille.

"Il y a un 'Enquête exclusive' qui est en cours de montage. On a fabriqué aussi un reportage pour 6ter. Je suis en train de proposer des sujets pour les 'Capital' d'été" Julien Courbet

On ne vous verra donc pas collaborer avec les Girondins de Bordeaux, vous qui êtes supporter du club.
C'est la seule mauvaise nouvelle (rires). Je suis venu tellement heureux de me dire que Nicolas de Tavernost va m'emmener avec lui lors des déplacements. Je vais croiser les joueurs ! J'irai dans les vestiaires ! Et le lendemain, j'apprends qu'il vend...(rires) La bonne nouvelle, c'est que maintenant, je vais aller voir les matchs de l'équipe de France, vu que M6 est partenaire. C'est super. Et je vais continuer à aller voir les Girondins de Bordeaux, évidemment.

Avec La Concepteria, vous avez produit pas mal de documentaires sur C8, notamment celui sur Didier Deschamps il y a une semaine. En avez-vous de nouveaux en préparation ?
Il y a pas mal de choses pour M6. Pour la chaîne, je vais produire des reportages qui vont entrer dans les grandes marques. Il y a un "Enquête exclusive" qui est en cours de montage. On a fabriqué aussi un reportage pour 6ter. Je suis en train de proposer des sujets pour les "Capital" d'été. Ils seront produits en externe, alors que les "Capital" d'hiver sont en interne. Après, je vais faire mon job de producteur. Je vais aller taper à la porte de Thomas Valentin (vice-président du directoire du groupe M6, ndlr). Je vais lui dire : "J'ai une idée de magazine et d'émission". Mais ça sera dans un deuxième temps. Je ne vais pas aller lui proposer une émission alors que je n'ai même pas commencé "Capital". Je vais me concentrer sur "Capital" pour les deux mois à venir. Après, on pourra parler de l'avenir.

Vos productions de documentaires seront uniquement pour le groupe M6 ?
Ah non ! Je suis un producteur extérieur. J'en aurai pour M6 mais j'en proposerai à tout le monde. Sinon la boîte ne serait pas viable, ce serait une filiale de M6. Je vais en proposer à tout le monde, mais je ne vais pas ne pas proposer à M6, ce serait quand même idiot.

"Si j'avais été épaulé à l'époque par un Stéphane Courbit, ça ne se serait pas passé comme ça" Julien Courbet

Récemment, Banijay a renoncé au rachat de la société Coyote de Christophe Dechavanne. Vous a-t-on déjà approché pour reprendre votre entreprise ?
A un moment donné, j'étais dans le même cas. Puis, ça ne s'est pas fait parce qu'il fallait s'engager sur le long terme. Je ne me sentais pas prêt à l'époque. D'ailleurs, je le regrette un peu. On était allé très loin dans les négociations avec Stéphane Courbit, pour qui j'ai une très grande admiration. Mais je ne sais pas comment vous expliquer. Je n'étais pas assez mûr à l'époque pour ça. J'avais envie de ma liberté, de pouvoir faire ce que je voulais. Je serais entré dans un processus de compte de résultat, de croissance obligatoire. Je me sentais trop artiste pour faire ça. Ca ne s'était pas fait. Mais je suis content d'avoir ma liberté, d'être indépendant. Ma boite de production est montée jusqu'à 120 salariés. Ce qui n'est pas rien. Aujourd'hui, on en a beaucoup moins parce que j'ai décidé de me concentrer sur mes activités d'animateur. C'est un parti pris. Je ne regrette pas d'avoir fait tout ce que j'ai fait avant. On a vraiment décidé d'être plus dans le qualitatif que dans le quantitatif. A l'époque, il fallait produire pour produire. Il fallait quasiment sortir une idée par semaine, avec plus ou moins de bonheur. Maintenant, c'est terminé. Les docs que l'on fait, on essaye vraiment qu'ils soient au top. On ne fait pas du doc pour du doc. C'est la ligne éditoriale de La Concepteria.

Est-ce plus difficile pour une société de production indépendante de se faire une place dans le marché audiovisuel ?
Evidemment. Les gros blockbusters, ce sont ces boîtes, Banijay, Endemol, etc. Ca nous oblige à être beaucoup plus inventifs. Surtout, La Concepteria a une capacité de réaction. C'est le principe du paquebot à qui il faut 12 kilomètres pour s'arrêter ou pour tourner et de la petite barque qui peut tourner sur elle-même mais qui ira moins loin. Le documentaire sur Johnny Hallyday (diffusé sur C8 le 12 juin dernier, ndlr) en est la preuve. Je l'ai sorti en trois semaines. Le Didier Deschamps, je l'ai sorti aussi en trois semaines. Ca, on sait faire. Maintenant, je ne pourrai jamais arriver avec un blockbuster et dire à M6 : "J'ai un jeu d'aventure". Je ne serai pas crédible parce que sur des énormes concepts comme ça, la chaîne a besoin de se rassurer en sachant que ça a cartonné dans 20 pays. C'est un tel investissement ! Par contre sur des magazines et sur des idées un peu particulières, on peut se démarquer. D'un autre côté, il ne faut pas oublier que la scripted reality, c'est nous ! On a été les premiers sur France 2. Ca a été mon plus gros moment sur le service public. A 16h, on a monté la chaîne à 17% sur les ménagères. Qu'on me ressorte aujourd'hui une émission - à part celle de Nagui - dans l'après-midi qui fait ce score. Ca a été un triomphe absolu.

Un format qui a été repris un peu partout...
Effectivement, si j'avais été un blockbuster, ça ne se serait pas passé comme ça. J'étais un peu vert. On m'a piqué l'idée. Je me suis un peu laissé faire. Tout le monde a refait pareil. Certains m'ont même dit : "On va t'en prendre pour voir le modèle économique". Je me suis fait complètement piller. Si j'avais été épaulé à l'époque par un Stéphane Courbit, ça ne se serait pas passé comme ça. Tant pis, ce n'est pas grave. Mais quand je vois que sur France 3, sur TF1, sur M6, tout le monde a copié... C'est la copie conforme ! Je considère que les idées n'appartiennent à personne, mais quand on a lancé ça, tout le monde est venu. Par ailleurs, l'oreillette, on a aussi été les premiers. Je pense qu'on est arrivé un peu trop tôt. On a fait "Le coach". On était les premiers à dire qu'on va mettre l'oreillette à quelqu'un et qu'on va lui faire faire des trucs. Ca a donné "Panique dans l'oreillette" et plein d'autres formats. L'oreillette était encore abstraite dans l'esprit des gens. Il y a plein de trucs qu'on a lancés. "Confessions intimes" a donné naissance à "Tellement vrai" et à "C'est votre vie". On a été les premiers à filmer les gens vivre. Il n'y avait pas ça avant. La Concepteria a aussi lancé le coaching avec "Le grand frère" ! On a toujours eu un coup d'avance. Je n'ai pas su l'industrialiser. Delarue était plus fort que moi. Je pense être avant tout un artiste, un créatif et un animateur et moins un producteur qui se dit : "Je tiens un truc, on va le décliner". Ca ne m'a jamais posé de problèmes. Parfois, je me lève la nuit et je me dis : "Tiens, voilà, je tiens une bonne idée !" J'en ai d'ailleurs une pas mal, dont je ne vous parlerai pas. C'est un truc qu'on n'a jamais fait. Je suis en train de mûrir ça. Je pense qu'on pourra le proposer assez rapidement.

"Quoi qu'il arrive, où que vous alliez, quelle que ce soit la chaîne, si ça se passe bien, il y aura forcément autre chose" Julien Courbet

La Concepteria produit toujours "Pascal, le grand frère". Où en êtes-vous sur le spin-off de l'émission de C8 ?
Je ne sais pas ce que vous appelez un spin-off, mais Pascal va en effet partir avec quatre ados. Ce sera le dépaysement. Ils partent en Mongolie se confronter à la réalité du quotidien des gens là-bas, la dureté de la vie. Ils vont comprendre que leurs soucis de la vie sont très éloignés de la vie de ces gens qui vivent et se contentent de peu. Tout ça avec la beauté du paysage. Je pense que cette émission sera réussie.

Il fallait un coup de neuf à une émission qui devenait vieillissante...
Oui, complètement. Si elle marche, je pense que ce ne sera que sous cette forme-là qu'on la continuera. Je ne suis pas pour la continuer dans sa forme actuelle.

Outre "Capital", quels sont vos projets de présentation sur M6 ?
Mettez-vous à ma place. Lors de la conférence de presse de M6, Nicolas de Tavernost a dit en souriant : "On attend énormément de l'arrivée de Julien sur 'Capital' mais on veut que les résultats soient bons et rapidement". Il y a une énorme attente. C'est un fleuron. Je ne vais pas, avant même d'avoir démarré la première, commencer à dire ce que je fais à côté. Quoi qu'il arrive, où que vous alliez, quelle que ce soit la chaîne, si ça se passe bien, il y aura forcément autre chose. Ca se passe toujours comme ça. Regardez Karine Le Marchand, elle est arrivée. Bim ! Elle cartonne. "L'amour est dans le pré" lui a donné "Une ambition intime". Mais attendons au moins ! Si ça se passe mal, il n'y aura rien ! On le sait, c'est la règle. Ca me convient parfaitement. Je ne veux rien entendre parler d'autre. Si Dieu veut que ça marche bien, comptez sur moi pour aller voir Thomas Valentin et dire : "J'ai des bonnes idées."

Un format comme "Shark Tank", acquis par M6, pourrait vous plaire ?
C'est un truc que je serai capable de faire. On ne m'en a pas parlé pour l'instant. Je sais que ce truc passe de bureau en bureau. Je ne sais même pas s'il a été acheté ou pas. C'est un truc sur lequel je serai crédible. Est-ce que c'est moi qui vais l'animer ? Je n'en sais rien. On n'a pas laissé la porte au doute quand on m'a fait venir. Quand Nicolas de Tavernost vous dit, les yeux dans les yeux, avec sa grosse voix et son regard perçant : "C'est 'Capital'. Il n'y a que 'Capital'. Et je veux que ça marche. Je veux un grand 'Capital'. Je ne veux entendre parler de rien d'autre". Quand vous sortez du bureau, vous ne vous dites pas : "Je vais faire plein d'autres choses". Vous vous dites : "Ce n'est que 'Capital', il faut que ça marche."

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