Il se fait afficher. Selon des informations révélées ce jeudi 25 janvier par "Le Monde", l'affiche du dernier spectacle de Waly Dia a été interdite dans les couloirs du métro parisien. D'après le quotidien, la régie publicitaire de la RATP et de la SNCF, Mediatransports, estime que l'image "présente un caractère politique incompatible avec le devoir de neutralité qui s'impose dans les transports publics et pourrait être considérée comme diffamatoire ou injurieuse".
Sur ce poster publicitaire, l'humoriste, chroniqueur dans "Le grand dimanche soir" sur France Inter, annonce son prochain spectacle de stand-up, intitulé "Une heure à tuer", qui se jouera à partir du 1er février au Théâtre de l'Œuvre à Paris. On peut y voir son visage, les yeux fermés, marqué par de faux tatouages sous forme de petites phrases et de dessins. Or, deux de ces phrases semblent avoir attiré l'attention de la régie publicitaire : "Je suis comme l'IGPN, je ne suis pas là pour faire le procès des policiers", écrite sur sa joue droite, et "Macron, c'est comme un père alcoolique, à la maison il te pourrit la vie, dehors il te fout la honte", inscrite sur son cou.
"Conformément aux conditions générales de vente, tout message présentant un caractère politique est prohibé dans les espaces que (la RATP) commercialise", a expliqué au "Monde" Alexandra Lafay, directrice de la communication de la régie publicitaire. De son côté, Waly Dia et ses producteurs, K-WET et Majime, ont refusé de modifier l'affiche afin de retirer les deux phrases jugées problématiques.
L'artiste, dont les chroniques à l'humour politique pinçant et engagé servent de commentaire à l'actualité dans l'émission de Charline Vanhoenacker, a préféré s'amuser de la situation. "La fameuse affiche interdite dans le métro parisien. (À regarder accompagnée d'une musique dramatique qui fait peur)", a-t-il écrit sur son compte X (Twitter). "C'est ma faute, j'ai confondu MediaTransports avec Mediapart" a-t-il également publié.
Plusieurs de ses fans l'ont également soutenu sur les réseaux sociaux, proposant des affiches modifiées parodiques. "Voilà, j'ai résolu le problème", écrit l'un d'entre eux en prenant à parti la SNCF et la RATP, dans un message accompagné par une affiche où toute la tête de l'humoriste est transparente. Un autre encore propose un nouveau visuel, en remplaçant les deux phrases interdites par des références sur l'actualité comme "Stan" et "Parcoursup", une pique non déguisée à la ministre de l'Éducation nationale Amélie Oudéa-Castéra, au coeur de plusieurs polémiques sur la scolarisation de ses enfants dans une école privée à Paris.
C'est loin d'être la première fois qu'une affiche est victime de la "censure" de Mediatransports, qui a l'habitude d'interdire certaines publicités selon certaines règles déontologiques ainsi que des spécificités liés aux transports publics. Exemple, en novembre 2021, l'affiche montrant la Une du magazine "Têtu", qui sacrait alors le chanteur Bilal Hassani "Personnalité de l'année" avait été interdite car elle risquait de "choquer certains voyageurs".
En 2012 l'affiche du spectacle de Stéphane Guillon , intitulé "Stéphane Guillon s'en va aussi", et faisant une allusion directe à Nicolas Sarkozy , avait également été retirée des couloirs de métro parisien. La RATP avait alors expliqué devoir "s'abstenir de toute communication à caractère politique".