Les révélations sur le financement de la campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy se multiplient depuis plusieurs semaines. Aujourd'hui, Libération publie des extraits du livre de l'une de ses journalistes depuis partie à "L'Obs", Violette Lazard, sur l'affaire Bygmalion. Baptisé "Big Magouilles", ce dernier révèle notamment la facture "médiatique" très lourde des 44 meetings du candidat UMP à la présidentielle.
Pour son champion, le parti a en effet mis en oeuvre un dispositif vidéo, son et lumière de très grande ampleur. Violette Lazard estime ainsi dans son livre que ces trois postes de dépenses ont représenté à eux-seuls entre 50 et 60% de la facture totale. "Du jamais vu", explique-t-elle.
Pourquoi de telles dépenses ? Parce que la campagne de Nicolas Sarkozy a été conçue comme un "studio de télévision itinérant". "Dans l'équipe Sarkozy, tout est organisé pour finir assez tôt afin que les images soient reprises dans le 20 heures du soir, puis tournent en boucle sur BFMTV et i-Télé" explique ainsi Libé. Bien consciente de l'impact des images dans la communication politique, l'équipe de campagne UMP a ainsi fait en sorte de "privatiser" celles des meetings de son candidat, qu'elle produit et fournit clés en main aux chaînes de télé, notamment d'info en continu.
Pour fournir les meilleurs images possibles, le parti n'a pas lésiné sur les moyens. La société Leni, un sous-traitant de Bygmalion, a par exemple été chargé pour 4 millions d'euros de fournir toutes les prestations vidéo de la campagne. Dans ce prix est notamment compris l'utilisation d'une régie haute définition digne d'une grande chaîne de télévision. L'UMP a également apporté un soin tout particulier aux lumières pendant ses réunions politiques. Le parti a ainsi embauché un directeur photo payé 5.000 euros par meeting afin de "veiller à la qualité et l'harmonie".
Outre la technique, le grand show télévisuel qu'a représenté la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy a aussi nécessité l'embauche d'un réalisateur respecté. Après Renaud Le Van Kim, le producteur et réalisateur du "Grand Journal de Canal+" en 2007, l'équipe de communication de Nicolas Sarkozy a cette fois fait appel à Yves Barbara. Réalisateur indépendant, ce dernier avait auparavant travaillé longtemps à France 3, notamment sur le "19/20", "Thalassa" et "Faut pas rêver". Pour l'ensemble des meetings de la campagne, il aurait touché près de 60.000 euros hors taxes.
Libération explique qu'Yves Barbara voyait grand, exigeant notamment la location d'une grue télescopique pour un montant de 15.000 euros par meeting. L'ambition était encore et toujours de disposer des meilleurs images possibles, cette caméra devant permettre de "balayer la foule d'en haut" et d'ainsi donner "une impression de force, de marée humaine".