Clap de fin pour Al-Jazeera America, déclinaison américaine de chaîne d'information en continue qatarie. Elle fermera ses portes trois ans après sa création, fin avril, révèle l'AFP qui s'est procurée une note interne à ce sujet. "Notre modèle économique n'est simplement plus viable à la lumière des défis économiques que connaît le marché américain des médias", y explique le directeur général du groupe, Mostefa Souag.
"Le projet le plus ambitieux dans la télévision américaine depuis le lancement de Fox News en 1996", voilà comment le New York Times avait qualifié en 2013 le lancement aux Etats-Unis de cette nouvelle chaîne. Elle avait remplacé Current TV, la chaîne de l'ancien vice-président des Etats-Unis, Al Gore, rachetée en pleine déroute par le groupe pour 500 millions de dollars !
Déjà, à l'époque, le lancement de "Ajam" n'avait pas manqué d'interroger les observateurs, la chaîne arrivant sur un marché saturé par les chaînes d'information, Fox News, CNN et MSNBC. Al-Jazeera America avait embauché dès son lancement plus de 850 personnes dans 12 bureaux dont quelques stars du petit écran américain comme Joie Chen ou John Seigenthaler.
En arrivant il y a trois ans dans un pays aussi symbolique, le groupe Al-Jazeera voulait affirmer son statut de géant mondial des médias. A cela s'ajoutait un objectif d'image. Le groupe audiovisuel pâtit aux Etats-Unis d'une mauvaise perception héritée de l'après-11 septembre. Al-Jazeera renvoyait ainsi l'image d'une chaîne arabe s'adressant aux arabes et s'étant fait le porte-voix des principaux leaders d'Al-Qaïda en relayant notamment sur son antenne les nombreux messages vidéos d'Oussama Ben Laden.
Mais les audiences de cette chaîne très chère à financer n'ont jamais décollé malgré sa disponibilité auprès de 55 millions de foyers. "Selon plusieurs médias américains, notamment le site Variety, Al-Jazeera America n'aurait jamais réuni plus de quelques dizaines de milliers de téléspectateurs", note l'AFP.