Le CSA vient de consacrer une première étude aux stéréotypes sexistes véhiculés dans certains programmes audiovisuels. Un travail justifié par le rôle que le gouvernement s'apprête à lui donner prochainement dans ce domaine. Le projet de loi "pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes" entend en effet confier prochainement au Conseil supérieur de l'audiovisuel la mission de veiller à l'image des femmes dans les programmes audiovisuels, notamment en luttant contre les stéréotypes sexistes qui peuvent y apparaître.
Pour faire un état des lieux objectif, l'institution s'est donc livrée à une petite étude sur la question en se penchant sur trois genres télévisuels : le divertissement, la fiction et l'animation. Le CSA a ainsi noté avec pertinence que les émissions de divertissement, ou plutôt de télé-réalité, étaient particulièrement vectrices de stéréotypes sexistes. Pour en arriver à cette conclusion, l'institution a analysé dix programmes de ce genre dont "Les Reines du shopping" (M6), "Génération Mannequin" (NRJ 12), "Les Anges de la télé-réalité 6" (NRJ 12), "Bachelor, le gentleman célibataire" (NT1), "L'amour est aveugle" (TF1) ou encore "Qui veut épouser mon fils ?", également sur la Une.
D'après le CSA, les femmes sont dans ces programmes "très largement valorisées au travers de leur apparence physique". Le CSA relève ainsi dans ces émissions "la présence de stéréotypes comportementaux des femmes s'apparentant soit aux clichés de la femme 'bimbo' soit à ceux de la partenaire idéale". A propos des participantes, le CSA souligne ainsi avec sagacité : "Elles sont essentiellement représentées dans la catégorie socioprofessionnelle des employés (23%) ou des personnes sans activité professionnelles (15%), les métiers les plus exposés étant ceux de danseuse et serveuse et qu'elles présentent plus souvent des traits de caractère 'affirmés', pouvant même revêtir un aspect négatif (sans état d'âme, faisant usage de violence verbale...) (44%) que des traits de caractère 'doux' (38%)".
Concernant la fiction, le bilan du CSA est moins alarmant. L'étude montre ainsi que ce genre est moins porteur de cliché sexistes même si de nombreux "stéréotypes traditionnels" persistent. Après avoir étudié 40 séries comme "Braquo" (Canal+), "Plus belle la vie" (France 3), "Scènes de ménages" (M6), "Alice Nevers le juge est une femme" (TF1), ou encore ou "Grey's Anatomy" (TF1), le CSA relève ainsi que "les stéréotypes les plus courants de l'infériorité de la femme dans le domaine professionnel, de sa subordination, perdure globalement dans les fictions".
"Les femmes occupent globalement moins de postes à responsabilité (39% des rôles féminins contre 46% des rôles masculins), gagnent moins bien leur vie que leur conjoint (7% des rôles masculins gagnent plus que leur conjointe alors que 4% gagnent moins ; chez les femmes, seulement 3% gagnent plus et 9% moins) et exercent plus fréquemment des professions traditionnellement perçues comme féminines" détaille ainsi l'institution. Dans les fictions, les femmes sont aussi plus souvent fidèles que les hommes, assument davantage les tâches ménagères et présentent plus fréquemment des caractères "doux".
Quant à l'animation, le genre fait figure de bon élève aux yeux du CSA. "On constate, si l'on considère l'ensemble des personnages, parents et enfants, un équilibre quasi-parfait s'agissant de la répartition Hommes/Femmes des personnages dans les séries d'animation analysées (24 en tout, ndlr)" décrit par exemple l'étude. Quelques stéréotypes y subsistent cependant. 36% des filles y apparaissent par exemple séduisantes contre seulement 7% des garçons, et 74% ont un caractère "doux" contre 48% des personnages masculins.