C'est un soutien pour le moins inattendu. Dans une tribune publiée dans Les Echos aujourd'hui, Laurence Parisot prend la défense des intermittents du spectacle dont le régime d'indemnisation fait actuellement l'objet d'un vif débat. Ce dernier a été lancé par le MEDEF qui a proposé jeudi 13 février de supprimer purement et simplement le régime déficitaire des intermittents afin de l'aligner sur le régime général. Une position jugée "agressive et scandaleuse" par Aurélie Filippetti le 16 février dernier dans un entretien au Parisien / Aujourd'hui en France. La ministre de la Culture a au passage accusé le syndicat patronal de vouloir "tuer la culture".
Dans son texte, Laurence Parisot se range clairement du côté d'Aurélie Filippetti, se démarquant ainsi du syndicat qu'elle a présidé jusqu'en juillet 2013. "Il est un courant de pensée qui estimerait 'équitable et juste' de mettre fin au régime des intermittents du spectacle (...) Quoique sensible aux arguments d'équilibre financier qui semblent motiver cette position, je ne la partage pas" annonce-t-elle d'emblée.
Et Laurence Parisot d'expliquer : "Si la vocation de l'Unedic est de gérer le système d'assurance-chômage de tous les salariés du secteur privé, on voit mal en effet au nom de quel critère on exclurait une catégorie de personnes ou d'entreprises (...) Où irait-on si l'on se mettait à soupeser au sein de l'Unedic la contribution de chaque secteur d'activité et à évincer ceux qui, sur une certaine durée, afficheraient un solde cotisations-allocations négatif ?" ajoute-t-elle, évoquant d'autres secteurs déficitaires "clefs de l'économie française" qui seraient vite "marginalisés" si une telle logique s'appliquait.
Plus globalement, Laurence Parisot a réaffirmé l'importance de la création culturelle pour la France. Si elle a reconnu des "abus" contre lesquels il faut "impérativement lutter" dans le régime actuel de l'intermittence, elle a cependant estimé que "le rayonnement et l'attractivité de notre pays dépendent certes de sa politique économique et budgétaire (...) mais aussi de sa production culturelle !". Et la vice-présidente de l'IFOP de conclure : "L'économie et la culture ne sont pas en conflit d'intérêts. Tout au contraire (...) elles ont un potentiel de synergies vertueuses tout à fait exceptionnel. Profitons-en !".