Chaque semaine, retrouvez "Médias le mag, l'interview", en partenariat avec France 5. Julien Bellver, co-rédacteur en chef de puremedias.com et chroniqueur dans "Médias le mag" le dimanche à 12h35 interroge une personnalité des médias toutes les semaines. Pour ce 34e numéro, Julien Bellver reçoit Laurent Luyat de France Télévisions, à la veille des trois grandes compétitions : Roland Garros, le Tour de France et les JO de Rio.
L'actu de la semaine, c'est le départ de Gérard Holtz à la retraite. Vous dites quoi, salut l'artiste ?
Ah oui, c'est une carrière assez incroyable et je pense qu'il n'y en aura plus beaucoup des carrières comme ça. Il a commencé, il y avait deux chaînes donc il est tout de suite devenu une personnalité très connue. Et puis il a fait tellement de choses... Moi, je dis toujours que c'est celui qui m'a inspiré quand j'étais gamin. Son aisance m'a donné envie. Ce gars-là, il pouvait se passer n'importe quoi, ça le faisait marrer. Il en jouait et était hyper à l'aise. Je me suis peut-être un peu inspiré de lui.
Vous espérez la même longévité que lui ?
Je ne sais pas. On verra. Je n'ai pas envie de dire à mon âge quand j'arrêterai.
Pour le Tour de France de 2017, vous allez du coup récupérer "Vélo Club" ?
"Village départ", ce sera la dernière année mais ça aura bien lieu cette année, à 13h, avec une programmation exceptionnelle qui s'annonce. Et en 2017, il n'y aura plus "Village départ" parce qu'il y aura les étapes en intégrale. L'émission cartonne mais on ne peut pas la faire à 11h. Aujourd'hui, on ne peut pas demander aux artistes de se lever à 7h et de répéter à 9h pour être à 11h. Ce n'est plus possible. Donc c'est vrai que je vais récupérer le "Vélo Club", qui s'appellera je pense autrement, sous une autre formule. Et pour "Village départ", ce que je souhaite - parce que maintenant c'est à la direction de prendre la décision -, c'est de garder l'émission qui aurait un autre titre et qui irait jusqu'au journal de 20 Heures. On finirait la journée par les variétés, la fête, les défis. C'est aussi dans l'ADN du Tour de France : il y a la course mais il y a aussi les régions, le patrimoine, la chanson. J'espère qu'on arrivera à convaincre la direction.
Daniel Bilalian, le patron des sports de France Télé, est aussi sur le départ. Quel est le profil idéal pour le remplacer ?
Alors là... Ce qui est sûr, c'est que ça va nous faire drôle parce que ça fait bientôt douze ans qu'il est à la tête du service des sports. Et je peux vous dire, quand vous avez le même patron depuis 12 ans, quand ça va changer, ça va nous faire une drôle d'impression.
C'est une nouvelle génération qui doit émerger à France Télé ?
Peut-être un autre profil parce qu'il faut faire évoluer les choses.
Le nom de Nathalie Ianetta circule, c'est une bonne idée ?
A mon avis, elle a les compétences. Elle connaît très bien le sport et je pense qu'elle est très motivée.
Le fait qu'elle ait fait de la politique pendant quelques mois, ce n'est pas un problème ?
Vous pensez ? Par rapport au sport, je ne vois pas en quoi ça pourrait porter préjudice.
C'est moins compliqué qu'avec le journalisme politique.
C'est ça. Elle passerait patronne de l'info, je vous dirais que ce serait peut-être un problème. Patronne des sports, pourquoi pas.
On a sélectionné une image médias pour vous cette semaine. Pour l'Euro 2016, il faudra être devant M6 ou TF1 mais pas devant France Télévisions. Vous le regrettez ?
Bien sûr. C'est vrai que, pendant le mois de juin, on va être un petit peu down. Enfin, on a Roland-Garros, puis le Tour de France, les JO et les Jeux Paralympiques, donc on a un été qui est absolument fabuleux.
Cette privatisation des droits sportifs, c'est inéluctable ? Aujourd'hui, France Télévisions n'a pas les moyens de s'offrir ce genre de compétitions.
Voilà, il faut faire avec. La Coupe du monde de foot, c'est un peu la même chose. On l'a faite en 2010, c'était extraordinaire. Maintenant, ça devient quasiment impossible mais bon, il y a un budget...
On se console avec ce livre "Les coups du sport, spécial Euro". C'est le troisième numéro de la collection, avec énormément d'anecdotes. La plus dingue, c'est une finale tirée à pile ou face, c'est ça ?
Oui, c'est ça. Je raconte tous les Euros depuis 1960 et, en 1968, en Italie, les tirs au but n'existaient pas donc en demi-finale Italie/URSS, match nul, ils ne savent pas comment faire, on ne peut pas rejouer le match car il y a la finale trois jours après, donc l'arbitre convoque les deux capitaines dans le vestiaire et ça se joue à pile ou face. L'Italien choisit face, ça tombe sur face. Et là, comme ça se joue à Naples, ça se joue en Italie, il remonte les escaliers du vestiaire, entre dans le stade - il y a 70.000 personnes qui attendent le verdict -, et il lève les bras et tout le monde sait que l'Italie est en finale.
Vous êtes seul à travailler sur ces livres ?
Oui oui.
C'est votre activité principale quand vous n'êtes pas à l'antenne ?
C'est vrai que je vends bien. J'aime bien écrire des livres, j'aime bien le côté "historien des sports", sans prétention. Mais là, il y a tellement d'anecdotes. Et puis souvent le sport rejoint la grande histoire, la politique, la géopolitique. On le voit en 1992 quand le Danemark gagne : les Danois sont en vacances et la Yougoslavie qui a explosé avec la guerre est exclue de l'Euro. Les Danois sont repêchés une semaine avant, arrivent avec leurs packs de bières, leurs épouses, et finalement, ils vont jusqu'au bout et gagnent. C'est assez fantastique !
Ca se vend bien ce genre de livres ?
Je ne fais pas ça pour l'argent, pour être franc. Je fais ça par passion. C'est vrai que le premier "Coups du sport", on l'a vendu à 15.000 exemplaires. Pour un livre comme ça, c'est un bon score. Là, j'espère qu'avec l'Euro, avec l'équipe de France - je parle notamment de la traversée du désert de 1960 à 1976 et des titres de Platini, Zidane... -, celui-là aura du succès. Ca me tient à coeur.
Les JO de Rio sur France Télé, c'est le gros événement sportif de cet été. Ce sera 21 heures de direct par jour, sur toutes les chaînes du groupe, à partir du 5 août ! Quel sera votre rôle précis ?
Je pars à Rio. Et un petit peu comme d'habitude, je vais être l'anchorman, un peu le chef d'orchestre en plateau. Ca va commencer à midi, heure française, avec Mathieu Lartot et Clémentine Sarlat avec un magazine. Ensuite, Mathieu présentera jusqu'à 18h. Je prendrai la relève de 18h à 23h. Et enfin, ce sera Cédric Beaudou qui ira jusqu'au bout de la nuit. Il y a un peu de renouvellement.
Vous êtes un anchorman, Laurent. Vous vous considérez comme un journaliste sportif ou comme un animateur de télévision ?
Les deux, en fait. Je pense qu'il faut être les deux, surtout sur le service public. Il y a 90% des gens qui regardent Roland-Garros qui regarde du tennis une fois dans l'année. Les JO, c'est un petit peu la même chose. Bien sûr qu'il faut parler aux pointus du sport mais il ne faut pas être trop spécialite. C'est mon rôle d'animateur.
Vous dites souvent que si on vous propose une émission de variétés. Ca peut arriver ou c'est impossible sur France Télévisions ?
Je le dis souvent mais, à chaque fois que je fais une interview, on me pose la question ! C'est une passion depuis tout petit. Au départ, avant d'aimer le sport, je regardais les émissions de variétés à la télévision et, dans ma chambre, je faisais les miennes. J'avais 10-11 ans, j'avais un micro relié au magnétophone, je lançais des disques, j'interviewais... Et ça, c'est mon rêve depuis tout petit, que j'ai un peu réalisé avec "Village départ".
Donc demain, on vous propose d'animer "The Voice", vous foncez ?
Nikos le fait quand même super bien. Il faut le reconnaître.
Vous en parlez avec France Télévisions ? On a l'habitude de ranger les animateurs et les journalistes dans des cases et c'est difficile de faire autre chose.
C'est un petit peu ça. J'en ai parlé à Vincent Meslet il n'y a pas longtemps. Après, on verra bien. Je pense que "Village départ" en tout cas est une émission qui permet de dire si je suis bon ou pas dans cet exercice. C'est exactement ce que j'aime : c'est en direct, en public, sans prompteur. Pour moi, une émission de variétés et de divertissement, c'est ça, ce n'est pas formaté, c'est en direct et surtout sans prompteur !
Dernière question, vous êtes inquiet pour l'avenir de "Stade 2" sur France 2 ?
Pour l'avenir proche, non car l'émission va continuer l'année prochaine. Elle sera peut-être à un horaire légèrement avancé. Après, ça devient compliqué car, aujourd'hui, les gens ont tous les résultats. Ils ne viennent plus pour les voir.
Avancer l'horaire, c'est handicapant pour "Stade 2".
Un peu, forcément. Mais on va bien voir. Peut-être qu'en étant plus magazine, peut-être qu'à cet horaire là... On ne sait jamais, il peut y avoir une bonne surprise. Il peut y avoir moins de téléspectateurs mais une part de marché plus intéressante. On verra ça en septembre.