Oui au rachat par Canal+ de Direct 8. Mais avec un contrat de mariage ultra-contraignant. Le CSA devrait transmettre dans les prochains jours un avis à L'Autorité de la Concurrence sur le rapprochement entre la chaîne cryptée et les chaînes du groupe Bolloré, révèle LePoint.fr aujourd'hui. Dans l'absolu, le gendarme de l'audiovisuel ne s'oppose pas à cette union mais suggère des conditions qui "rendent le deal inutile" note notre confrère.
Pour préserver la concurrence de la force de frappe du groupe, le CSA suggère par exemple pour l'acquisition des programmes "deux centrales d'achat distinctes", avec des gouvernances différentes. Pour contraindre la chaîne cryptée à ne pas co-acheter des programmes, les Sages proposent "deux comptabilités distinctes" ou, pire encore, un rattachement de Direct 8 non pas à Canal + mais à Vivendi, sa maison-mère. Même suggestion pour les régies publicitaires : malgré le poids plume de Canal+ sur le marché, le CSA s'oppose à toute synergie. En clair, pas question pour la chaîne cryptée de proposer aux annonceurs des offres couplées Canal+/Direct 8. Lors du rachat de TMC et NT1 par TF1, le gendarme de la concurrence avait par exemple interdit à la filiale de Bouygues de rapprocher TMC Régie (qui commercialise les écrans publicitaires de TMC et NT1) avec TF1 Publicité.
D'autres recommandations mettent à mal le deal, comme "l'interdiction de préfinancer des films pour le payant et le gratuit ou bien en nombre limité, interdire le gel des droits et encadrer leur durée, imposer une limite aux budgets des films, rendre accessible aux concurrents le catalogue des films Studiocanal" note Le Point. Autre contrainte, les achats par Canal+ de programmes premium (séries, fictions) avec une deuxième fenêtre de diffusion sur Direct 8 seraient strictement encadrés. Pour préserver TF1 et M6, très friands de séries américaines. Pour "Desperate Housewives" par exemple, Canal+ possède les droits pour la télévision payante en première exclusivité mais c'est M6 qui offre la première diffusion gratuite aux téléspectateurs.
Déjà, en avril, l'Autorité de la concurrence avait émis des réserves quant à ce mariage. "Dans le cadre de l'examen du dossier, et à la suite d'une première consultation des acteurs du marché, l'Autorité considère que l'opération soulève des doutes sérieux d'entraves" expliquait-elle dans un communiqué. Ces recommandations du CSA, si elles sont adoptées par l'Autorité de la Concurrence, risquent de porter un coup d'arrêt à ce chantier stratégique. Et ce alors que depuis quelques mois et dans le plus grand secret, Canal+ constitue la grille des programmes de Direct 8. Elle a par exemple débauché Cyril Hanouna, écarté Jean-Marc Morandini ou encore acheté le format "The Amazing Race".