Shakespeare l'emporterait-il sur Molière à la télévision française ? Comme le rapporte Le Parisien aujourd'hui, le Conseil supérieur de l'audiovisuel, dont une des missions est de défendre la langue française dans les médias, s'inquiète de la multiplication des titres d'émission anglais.
Il faut dire que pour leurs nouvelles émissions de cette rentrée, les patrons de chaînes ont souvent cédé à la tentation d'avoir recours à l'anglais. Pensons à "AcTualiTy" sur France 2, signifiant "réalité" en anglais, mais aussi à "Punchline", la nouvelle émission politique de Laurence Ferrari sur C8, ou encore "Focus", le magazine de Guy Lagache sur la même chaîne. Ces nouvelles émissions s'ajoutent à celles déjà existantes, de "Secret Story" (NT1) à "Money Drop" (TF1) en passant par "The Island" (M6), "Slam" (France 3), "The Voice Kids" (TF1), "Le Mad Mag" (NRJ 12) ou encore "Cash Investigation" (France 2).
"Nous recevons de plus en plus de plaintes de la part des téléspectateurs", a expliqué au Parisien Patrice Gélinet, le "Sage" en charge du respect de la langue française dans les médias. "On en arrive à des aberrations, avec des grilles de programmes majoritairement en anglais : à quoi ça rime ?", peste l'ancien journaliste devenu membre du CSA en 2011. Et ce dernier de prévenir : "Nous allons auditionner tous les patrons de chaîne dans les semaines qui viennent. Le temps est venu de rappeler les règles, voire d'en créer de nouvelles. S'il n'est pas question d'interdire les emprunts linguistiques qui enrichissent une langue, les chaînes de télévision ont pour obligation de traduire un titre en français lorsqu'il existe un équivalent", rappelle Patrice Gélinet.
De leur côté, les chaînes avancent des arguments multiples pour justifier leur recours à des titres anglais, de l'impossibilité de changer ceux de formats achetés à l'étranger à leur volonté de pouvoir plus facilement exporter des formats créés en France, ou tout simplement pour séduire un public plus jeune en ayant des titres plus percutants. Reste à savoir si le CSA sera convaincu par ces arguments. Pas sûr.