La tension monte entre le régime algérien et France 24. Dans un communiqué publié samedi, le ministre algérien de la Communication a menacé la chaîne de télévision internationale française d'un "retrait définitif" d'accréditation en raison de son "parti pris flagrant" dans la couverture des manifestations du mouvement de contestation du Hirak.
"Le parti pris de France 24 dans la couverture des marches du vendredi est flagrant, allant jusqu'à recourir sans retenue aucune à des images d'archives pour les antidater afin de porter secours à un résidu antinational constitué d'organisations réactionnaires ou séparatistes, aux ramifications internationales", a accusé le régime algérien d'après des propos rapportés par l'AFP.
Selon le ministère, "la ligne éditoriale (de France 24, ndlr) est construite sur les slogans hostiles à notre pays, son indépendance et sa souveraineté, ses services de sécurité et à son Armée nationale populaire". "Elle s'efforce de régénérer coûte que coûte ces 'bouleversements préfabriqués' contre-révolutionnaires fomentés par des ONG ayant pignon sur rue à Paris et dans d'autres capitales européennes", a-t-il taclé.
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a convoqué le bureau de France 24 accrédité à Alger pour le mettre en garde "contre ce qui s'apparente à une activité subversive, illustrée par des pratiques peu professionnelles hostiles à notre pays", a précisé le communiqué, relayé par l'agence officielle Algérie Presse Service (APS).
France 24 a tenu à se défendre contre ces attaques. "Nous essayons de faire notre travail le plus honnêtement possible. Nous faisons juste notre travail de journalistes dans le respect des règles en vigueur", a réagi Marc Saikali, directeur de France 24, auprès de l'AFP. "Nous n'avons pas de parti pris et encore moins d'agenda quelconque destiné à nuire à qui que ce soit ", a-t-il assuré.
Ces menaces du gouvernement algérien interviennent alors que le Hirak a repris ses marches hebdomadaires après un an d'interruption pour cause de crise sanitaire. Ce mouvement de contestation exige toujours le démantèlement du "système" en place depuis l'indépendance en 1962, synonyme selon lui de corruption et d'autoritarisme.