Coup dur pour le groupe Amaury, qui vient d'écoper d'une amende de 3,5 millions d'euros infligée hier par l'Autorité de la concurrence. En cause : les méthodes utilisées par le groupe de presse pour protéger "L'Equipe" de l'arrivée sur le marché du "10 Sport", un quotidien concurrent disparu depuis. Rappel des faits.
En septembre 2008, la société Le Journal du sport, fruit d'un partenariat entre Michel Moulin, directeur général du groupe Hersant, et NextRadioTV, avait annoncé le lancement pour novembre de la même année du "10 Sport", un nouveau quotidien sportif à bas coût vendu 50 centimes d'euro. Ce dernier était censé concurrencer "L'Equipe", en situation de monopole sur le segment de la presse quotidienne sportive.
Seulement deux semaines plus tard, le groupe Amaury avait réagi en annonçant la naissance d'un nouveau quotidien sportif, "Aujourd'hui Sport", dont "le positionnement (format, prix, ligne éditoriale, lectorat) était strictement identique" à celui du "10 Sport", comme l'a relevé l'Autorité de la concurrence dans un communiqué. Le groupe Amaury en avait d'ailleurs profité pour annoncer une date de lancement similaire, soit le 3 novembre 2008. "Le 10 Sport" n'avait donc jamais réussi à se faire une place et avait finalement dû arrêter sa paruton quotidienne dès mars 2009. Trois mois plus tard, le groupe Amaury mettait un terme à l'aventure "Aujourd'hui Sport".
Saisie dès décembre 2008 par l'éditeur du premier, l'Autorité de la concurrence avait rapidement lancé des investigations dans cette affaire, perquisitionnant notamment plusieurs locaux du groupe Amaury. Ces perquisitions avaient permis la saisie de plusieurs "notes, documents et tableaux" attestant que le groupe Amaury avait "bâti un plan, dénommé 'Projet Shangaï' destiné à 'Tuer 10Sport'".
Dans son communiqué, l'Autorité de la concurrence a donc rappelé que "la riposte d'une entreprise à l'arrivée d'un concurrent sur un marché est légitime si elle s'appuie sur une concurrence loyale". Or, en l'espèce selon elle, "le groupe Amaury a lancé artificiellement un journal dans le seul but de protéger le monopole de L'Équipe". Selon l'Autorité, il s'agit là d'une stratégie d'éviction anticoncurrentielle.