Le "Huffington Post" souffle ses quatre bougies. Lancé le 23 janvier 2012, le pureplayer d'inspiration américaine s'est offert pour cadeau des comptes légèrement bénéficiaires en 2015, une première dans sa courte histoire. Fort aujourd'hui de près de quatre millions de visiteurs uniques par mois, le site d'info d'Anne Sinclair compte désormais poursuivre son développement en investissant massivement le champ de la vidéo.
Il lance ainsi aujourd'hui un nouveau portail baptisé "Huffplay". Ce dernier rassemblera de nouveaux formats vidéo récurrents ou occasionnels. "L'idée est vraiment de retranscrire l'esprit du 'Huff Po' en vidéo avec l'envie de surprendre et de donner envie de partager", résume le rédacteur en chef du site, Paul Ackermann, auprès de puremedias.com.
Parmi les nouveaux formats proposés, les internautes pourront notamment découvrir le "Sérietelling", une séquence illustrant une problématique d'actu via une série télé. Ils retrouveront aussi régulièrement des vidéos des "Huffplayers", les contributeurs extérieurs qui alimentaient jusque-là le site avec des tribunes écrites. A l'image de Frédéric Lefebvre aujourd'hui, ces derniers proposeront désormais des séquences tournées avec des moyens rudimentaires : Face Time et même Skype via lequel sera organisée une fois par semaine une émission de débats entre "Huffplayers".
"L'idée est d'essayer de surfer sur cette époque où tout le monde a un téléphone et se filme avec", explique Paul Ackermann. Et tant pis si le rendu visuel est loin d'être parfait. "Ce n'est pas de la télé et l'idée n'est pas d'avoir une image aussi léchée. Avoir quelqu'un par Skype ou sur son mobile n'est pas problèmatique pour nous car c'est une manière de communiquer qui est entrée dans les usages. L'image peut être plus ou moins propre et professionnelle", commente le rédacteur en chef, assumant ce procédé qui a aussi l'avantage de ne pas coûter cher.
"On cite régulièrement l'exemple de Vincent Cespedes qui nous faisait le corrigé du bac en se filmant avec sa webcam dans son canapé. L'image était complètement amateur mais était porteuse d'une forte authenticité et de proximité. Ca aurait été moins bien si on avait envoyé un caméraman chez lui. Ca aurait été de la sous-télé", explique Paul Ackermann, dont la rédaction pourra tout de même s'appuyer sur le studio du "Monde", sa maison-mère, mais aussi celui de Dailymotion avec qui le "Huff Po" est en partenariat.
Pour assurer le succès de ses contenus vidéo propres, le "Huff Po" pourra compter sur sa force de frappe sur les réseaux sociaux, l'une des clés de son succès depuis son lancement. Le site peut ainsi compter sur près de 680.000 followers sur Twitter, davantage que les "Echos" par exemple. La vidéo sera aussi un moyen pour lui de renforcer encore davantage sa présence sur ces mêmes réseaux sociaux. Un contenu vidéo permet en effet de mieux "remonter" sur Facebook du fait de son "pouvoir de partage" plus fort que le texte.
Mais cet investissement sur la vidéo est aussi un moyen pour ce site ne vivant que de la publicité de mieux monétiser ses contenus. Les pubs vidéo diffusées juste avant les séquences rapportent évidemment bien plus que les simples bannières. "Comme tout le monde, on voit l'évolution du marché et des usages", concède le rédacteur en chef sur ce point. "La différence, peut-être, c'est qu'on y va à fond.
Le "Huffington Post" va ainsi considérablement augmenter sa production actuellement située entre 5 et 10 vidéos par jour. Pour ce faire, sa rédaction va passer de 6 journalistes dédiés actuellement à ce support à près de 10 d'ici la fin de l'année, pour 25 journalistes en tout. "C'est la seconde étape de l'histoire du 'Huff Po'. L'objectif est d'être à terme un média 'fifty-fifty', autant vidéo qu'écrit", prévient Paul Ackermann.