Ce matin, un incident a eu lieu sur le tournage de "Complément d'enquête". Roger Madec, sénateur et maire du XIXe arrondissement de Paris, a finalement retiré son autorisation de tournage aux équipes de Benoît Duquesne. Ce midi, l'élu a écrit à Rémy Pflimlin, le PDG de France Télévisions. Dans ce courrier, dont puremedias.com a eu la copie, il fait part de son "indignation quant aux méthodes" de l'équipe du magazine de France 2.
Le maire indique que la personne finalement interviewée par Benoît Duquesne ne correspondait pas à celle annoncée lorsqu'il a accordé une autorisation de tournage dans la salle des mariages de sa mairie. "Il nous a été indiqué que le présentateur recevrait Louis-George Tin, auteur du Dictionnaire de l'homophobie ou – je cite l'échange – un homme ou une femme qui pourrait témoigner de son propre parcours, de ses difficultés à vivre, à annoncer son homosexualité. Dans ce cadre j'ai donné mon accord et accepté d'accueillir cette équipe", écrit l'élu.
"Je n'ai appris que ce matin, mis devant le fait accompli, que l'invitée serait finalement Madame Frigide Barjot (...) qui est de fait l'une des principales porte-paroles des mouvements opposés au mariage et à l'adoption par les couples homosexuels, poursuit la lettre du maire. Dans ces conditions, et considérant que l'équipe n'avait pas respecté les usages élémentaires de courtoise, ni de respect vis-à-vis de la marie du XIXe, j'ai fait cesser ce tournage." Benoit Duquesne ayant décidé de faire tout de même son interview, il a demandé à ses équipes de couper l'électricité en plein milieu du tournage. Résultat, dans l'émission diffusée ce soir, à 22h15, l'interview de Frigide Barjot se termine dans le noir !
Le maire assume sa décision, indiquant que l'équipe de France 2 "n'a pas respecté ses engagements", mais il se défend de toute censure. Le maire rappelle avoir débattu récemment avec Frigide Barjot à la télévision au sujet du mariage pour tous. "Il ne serait guère raisonnable de prétendre que la Mairie du XIXe puisse entraver de quelque manière que ce soit la liberté des journalistes de faire leur métier correctement. Cette correction suppose, en revanche, un dialogue franc et honnête qui, en l'espèce, n'a pas eu lieu", écrit-il.
Ce matin, dans une interview à puremedias.com, Benoît Duquesne s'est dit "furieux et indigné" et a dénoncé "la méthode scandaleuse" de l'élu face à ce qu'il estime être des "aléas de la télévision". "En démocratie, il est normal de donner la parole et de débattre avec des gens dont vous ne partagez pas l'opinion", a-t-il fustigé.