Ce matin, Benoit Duquesne enregistrait un des plateaux du numéro de son magazine "Complément d'enquête", consacré au mariage pour tous et à l'homophobie. Alors qu'il allait commencer une interview dans la salle des mariages de la mairie du XIXe arrondissement de Paris, le journaliste a été empêché de tourner par le maire en personne. Il raconte les circonstances de cet incident à puremedias.com
puremedias.com : Que s'est il passé ce matin pendant le tournage ?
Benoît Duquesne : Nous avions décidé, pour servir de décor au numéro de ce "Complément d'enquête" sur le mariage pour tous, d'enregistrer nos interviews dans des salles des mariages. Nous avons eu l'accord des mairies du XIXe, du IIIe et du IVe arrondissement de Paris. Nous avions fourni à Roger Madec, le maire du XIXe, une liste d'invités possibles, en sachant que les intervenants des débats changent toujours au dernier moment en fonction de l'actualité et des disponibilités de chacun. Ce sont les aléas de la télévision. Ce matin, nous avions installé nos projecteurs, nos caméras, nos fauteuils rouges, Frigide Barjot était prête, nous allions commencer l'interview quand le maire m'a appelé, furieux. Il a refusé qu'on interroge dans sa mairie une opposante au mariage gay. Il m'a dit s'être senti piégé et nous a retiré son autorisation de tournage.
puremedias.com : Vous avez essayé de le faire changer d'avis ?
Bien sûr ! Nous avons longuement discuté au téléphone. Il a eu des propos très vifs, violents. Il était très énervé. J'ai essayé de le faire revenir à la raison mais il n'a pas voulu convenir de sa méprise. Je lui ai dit que je ferai quand même mon interview dans sa mairie. L'appel s'est terminé par des injures. Son staff est donc venu s'opposer au tournage, le personnel ne nous a pas touchés physiquement mais a décidé d'éteindre l'électricité. Ils ont coupé nos installations électriques au fur et à mesure ! Nous avons terminé l'interview dans le noir, seulement éclairés par la lumière extérieure.
Vous allez porter plainte ?
Porter plainte pour quoi ? Il n'y a aucun préjudice. On verra la séquence à l'antenne telle qu'elle s'est produite, il s'agit du premier plateau après le premier reportage. Les téléspectateurs vont voir les lumières s'éteindre et une interview se terminer dans le noir. Je vais faire une mise au point dans le plateau suivant pour que les gens comprennent ce qui s'est passé.
Vous semblez très agacé !
C'est la première fois depuis 12 ans de "Complément d'enquête" que je me heurte à un tel comportement. D'un point de vue de citoyen, je trouve la méthode scandaleuse. En démocratie, il est normal de donner la parole et de débattre avec des gens dont vous ne partagez pas l'opinion. Surtout que Roger Madec a déjà débattu dans le passé avec Frigide Barjot sur le sujet. Je suis furieux. Furieux et indigné.