Vendredi, on apprenait la mort brutale de Benoît Duquesne, journaliste à France 2. La veille, jeudi soir, il était assis en face de Bernard-Henri Lévy pour une interview dans le cadre d'un "Complément d'enquête" qui lui était consacré. Le philosophe lui a rendu un bel hommage ce week-end sur son site, La Règle du jeu. Il explique notamment comment il a accepté d'être suivi pendant plusieurs semaines par les équipes d'un journaliste qu'il ne connaissait pas.
"Première rencontre avec Benoît Duquesne. Février dernier. A mon domicile. Il est venu (...) me convaincre d'accepter le numéro de Complément d'enquête qu'ils ont décidé de me consacrer. Je suis, avant la rencontre, résolu à tout faire pour l'en empêcher, écrit-il. Après, je ne sais plus. M'ont frappé, au fil de la conversation, la passion avec laquelle il parle de son émission, l'impression d'honnêteté et de rigueur qui se dégage de lui, son professionnalisme, son côté Service Public jusqu'au bout des ongles, sa gentillesse aussi, son élégance, quelque chose de dandy dans le détachement et dans la mise qui ne me déplaît pas chez le baroudeur qu'il est aussi et que j'ai croisé, juste croisé, il y a quelques années, en Afghanistan".
Bernard-Henry-Lévy réfléchira plusieurs jours avant de dire oui. Puis il accepte, et l'appelle pour lui faire part de sa décision. Il retranscrit cette conversation : "D'accord ; je vous fais confiance ; c'est bizarre, je ne vous connais pas, mais je vous fais, soudain, confiance ; vous serez peut-être critique, hostile, désagréable, pire encore ; mais je sais que vous serez honnête, jamais bas, ou insultant, ou absurdement polémique - juste honnête et, au fond, cela me suffit". Il sera alors suivi pendant plusieurs jours par les équipes de "Complément d'enquête" pendant plusieurs semaines, en Ukraine notamment. Puis il reverra Benoît Duquesne une seule fois, pour le fameux entretien encadrant le reportage.
Une interview "musclée, pugnace, sans concession", témoigne-t-il. Mais BHL accepte le ton du journaliste, son "élégance" et sa "volonté d'être pédagogique, simplement pédagogique". "Je sens qu'il a travaillé, témoigne-t-il. Je le trouve, par ailleurs, en forme. Très très en forme. Blagueur avant. Blagueur après. Toujours cet humour dandy, pince sans rire, qui le fait se moquer gentiment du narcissisme de l'un, des anxiétés de l'autre, des exigences de la réalisation". Les deux hommes se quittent chaleureusement. BHL pense déjà à le rappeler, séduit par le journaliste qu'il vient de rencontrer. "J'ai pensé en le quittant que ce n'était évidemment pas le moment ; qu'il fallait laisser passer quelques jours ou quelques semaines ; mais que nous nous reverrions et qu'il était très exactement le type d'homme qui pourrait devenir mon ami", conclut-il. La rédaction de France 2 a aussi rendu cet après-midi un dernier hommage au journaliste :
Hommage de la rédaction de France 2 à Benoît Duquesne. pic.twitter.com/9GgU4KwOZE
- Hugo Clément (@hugoclement) 7 Juillet 2014
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