Cinéma
"J'ai eu envie de mourir" : Devant la commission d'enquête de l'Assemblée, Sara Forestier revient sur la "gifle" qu'elle aurait reçu de Nicolas Duvauchelle pendant un tournage
Publié le 7 avril 2025 à 15:20
Par Bruna Fernandez | Journaliste
Née à l’époque des “Inconnus”, Bruna grandit entre le Brésil et la France. Enfant, elle enrichit son imaginaire devant le grand et le petit écran. Devenue journaliste, elle passe derrière la caméra et travaille pour plusieurs émissions. Un petit monde qu’elle se plaît à décortiquer pour puremedias.
Le témoignage de l'actrice, qui s'était confiée publiquement sur le plateau de "Quotidien", a été rendu public, alors qu'un rapport de la commission d'enquête parlementaire est attendu ce mercredi.
Sara Forestier annonce porter une deuxième plainte contre Nicolas Duvauchelle © Mediapart
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Des témoignages glaçants. Après six mois d'auditions et près de 350 personnalités entendues, la commission d'enquête parlementaire sur les violences sexistes et sexuelles dans le monde de la culture s'apprête à rendre son rapport ce mercredi 9 avril 2025. Créée à l'initiative de Judith Godrèche, figure majeure du mouvement MeToo en France, cette commission vise à faire la lumière sur un secteur longtemps gangrené par le silence et l'impunité. Dirigée par la députée écologiste Sandrine Rousseau, la commission a recueilli la parole d'actrices, de réalisatrices, de techniciennes, de juristes ou encore de responsables syndicaux, afin de dresser un état des lieux et formuler des recommandations pour mieux encadrer les tournages, améliorer les procédures de signalement et accompagner les victimes. Ce dimanche, des extraits de témoignages de plusieurs stars de cinéma ont été révélés par l'AFP.

"J'étais, littéralement, à terre, à genoux dans mon salon, en sanglots"

Parmi celles-ci, Sara Forestier. Entendue en novembre dernier, l'actrice doublement césarisée a raconté avec une émotion brute les violences subies sur plusieurs tournages. À commencer par son tout premier casting, lorsqu'elle n'avait que 13 ans. "J'ai commencé ma carrière en disant 'non' (...) quand on m'a demandé de retirer ma culotte et de la faire tournoyer dans les airs pour qu'elle atterrisse dans l'assiette d'un autre personnage, dans une scène soi-disant comique d'un court-métrage. (...) J'ai dit non et je suis partie", a-t-elle notamment raconté. 

 "Jusqu'au jour où il y a eu le 'non' de trop, celui qu'on m'a fait payer", confie Sara Forestier, expliquant avoir été contrainte de quitter un tournage en 2017 après avoir été, selon ses dires, giflée par un acteur. Cet acteur, elle le nommera plus tard : Nicolas Duvauchelle. L'incident aurait eu lieu sur le plateau du film "Bonhomme". L'actrice venait alors de sortir de l'hôpital, affaiblie par une hémorragie interne causée par une grossesse extra-utérine. "Ils ont réussi à me faire taire. Psychologiquement, c'était comme un coup de massue supplémentaire. (...) J'étais, littéralement, à terre, à genoux dans mon salon, en sanglots. Je revois encore cette image et ça me fait mal d'y repenser. J'ai eu envie de mourir."

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En parallèle de son témoignage à l'Assemblée, l'actrice était revenue dans les médias pour évoquer l'affaire. Invitée de l'émission "Quotidien", Sara Forestier revenait pour la première fois sur les raisons de son absence prolongée des plateaux de cinéma. Sans nommer Nicolas Duvauchelle, elle révélait avoir été victime d'une agression physique sur le tournage de "Bonhomme" en 2017, un incident qui l'avait conduite à quitter le film et à porter plainte plus tard, en 2023. "J'avais besoin de prendre quelques années pour me reconstruire parce que j'avais été frappée par un acteur sur un film", avait expliqué l'actrice sur le plateau de Yann Barthès. "J'étais allée au commissariat, j'avais quitté le film. On en parle très peu d'ailleurs de ça pour les femmes : le traumatisme. (…) Il faut prendre le temps de se reconstruire. J'ai porté plainte."  

À LIRE AUSSI : "Je sais ce que j'ai vécu" : Sara Forestier annonce porter une nouvelle plainte contre Nicolas Duvauchelle, qu'elle accuse de l'avoir giflée sur un tournage

Après son départ du tournage, la production avait confié son rôle à Ana Girardot, tout en gardant Nicolas Duvauchelle. Le magazine "Voici" avait alors rapporté la version de l'histoire présentée par l'acteur et son entourage. Dans cette version, c'est l'actrice, décrite comme "ivre de rage", qui aurait insulté Nicolas Duvauchelle avant de lui asséner une "violente gifle". En novembre de la même année, elle avait pris la parole dans "Paris Match" pour livrer à son tour sa version des faits. Elle y affirmait avoir été la véritable victime de l'altercation : "Ce qui a été très dur, c'est qu'en réalité, c'est moi qui me suis pris la baffe", avait-elle déclaré, avant d'ajouter : "Mais certaines personnes ont voulu que je dise ce qu'il s'était passé réellement, et on a retourné l'incident contre moi."

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Peu après les déclarations de Sara Forestier, dans "Quotidien", Nicolas Duvauchelle avait réagi via une story sur Instagram, pour démentir catégoriquement les accusations de l'actrice : "Que ce soit clair pour tous les pseudos justiciers en carton… Je n'ai jamais touché Sara Forestier. Plusieurs témoins étaient présents, dont la réalisatrice, et une enquête a été menée par la justice", écrivait-il. Début décembre, l'actrice de 38 ans avait alors riposté depuis le plateau de l'émission "À l'air libre" de "Mediapart", annonçant porter plainte contre son ancien partenaire de jeu pour diffamation. "Dans le procès-verbal, il dit lui-même : 'J'ai repoussé le visage de Sara avec ma main.' D'accord. On va faire très simple, (…) il met un coup dans la vitre, il met un coup dans une chaise. C'est quoi l'histoire, c'est 'Matrix' ? Il met des coups partout et quand il vient près de mon visage, tout d'un coup il deviendrait doux ? Dans ce cas-là, on va dire aussi qu'il m'a mis une caresse ! Faut arrêter, je sais ce que j'ai vécu", s'est-elle insurgée. 

Selon une enquête publiée par "Le Parisien" le samedi 7 décembre 2024, soit quelques jours après le passage de Sara Forestier sur le plateau de "Mediapart", trois des anciennes compagnes de Nicolas Duvauchelle auraient déjà porté plainte ou effectué des mains courantes à son encontre pour violences ou menaces. Des plaintes classées sans suite en dépit de documents accablants révélait le journal, comme des certificats médicaux, photos de blessures et messages insultants.

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