Fondé en 1996, le réseau social Ask.com est aujourd'hui au coeur d'une vive polémique outre-Manche après le suicide d'une jeune fille victime de harcèlement. Même le Premier ministre du Royaume-Uni a pris part au débat, appelant à boycotter ce type de site qualifiés d'"abjects".
Le 2 août dernier, Hannah Smith, une jeune fille de 14 ans, s'est pendue chez elle après avoir reçu des messages insultants sur son physique. Certains messages l'incitaient même à trouver la mort, tels "Avale de l'eau de Javel", "Attrape un cancer" et "Va mourir". Outre son moteur de recherche, Ask.com permet à ses 60 millions d'inscrits de poster des messages anonymes et publics à propos d'autres utilisateurs selon un mode de questions/réponses (voir notre image d'illustration). Les messages peuvent être anodins, dragueurs ou, dans ce cas, insultants. Selon la presse britannique, Ask.com aurait joué un rôle dans au moins quatre autres suicides outre-Manche et outre-Atlantique.
Depuis ce nouveau suicide, la polémique fait rage au Royaume-Uni sur la responsabilité de Ask.com. Les appels au boycott voire à la fermeture du site se multiplient, aussi bien de la part d'associations, d'ONG que du père de la victime. Même le Premier ministre britannique a pris part au débat, appelant au boycott du site. "Les gens qui gèrent ces sites web doivent prendre leurs responsabilités et améliorer les règles d'utilisation de leurs sites, a-t-il expliqué sur Sky News. La deuxième chose, c'est que le fait que des propos paraissent sur le net ne signifient pas qu'ils sont au-dessus de la loi. Si vous incitez quelqu'un à blesser quelqu'un d'autre, ou à la violence, c'est contraire à la loi, que ce soit en ligne ou hors ligne. Et puis il y a quelque chose que nous tous pouvons faire, en tant que parent ou utilisateur d'internet, c'est de ne plus utiliser ces sites abjects. Boycottez-les, ne vous inscrivez plus, n'y allez plus !"
D'ores et déjà, selon le Daily Telegraph de Londres, plusieurs gros annonceurs ont décidé d'annuler leurs campagnes publicitaires sur Ask.com, à l'image de l'opérateur télécom Vodafone. Pour sa part, la direction du site a rappelé que 50 modérateurs contrôlaient le contenu. Ask.com a également publié un communiqué pour rassurer ses millions d'utilisateurs. "La vaste majorité de nos utilisateurs sont des adolescents très heureux, a-t-il affirmé. Le harcèlement est un très vieux problème que nous ne tolérons en aucun cas mais si son développement sur internet est préoccupant, il n'est certainement pas spécifique à notre site."