Interview
Les stars de "Perception" : "On fait beaucoup plus d'audience que 'Mad Men' !"
Publié le 10 avril 2014 à 16:30
Par Charles Decant
Ce soir, M6 lance la première saison de la série policière "Perception". Eric McCormack, Scott Wolf, Rachael Leigh Cook et le showrunner Ken Biller répondent aux questions de puremedias.com.
Scott Wolf, Rachael Leigh Cook, Ken Biller et Eric McCormack de la série "Perception". Scott Wolf, Rachael Leigh Cook, Ken Biller et Eric McCormack de la série "Perception".© DR/M6
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Ce soir, M6 lance à 20h50 la nouvelle série "Perception". Portée par Eric McCormack, alias Will dans la sitcom "Will & Grace", et Rachael Leigh Cook, connue du grand public notamment pour son rôle dans la comédie romantique "Elle est trop bien", elle suit un professeur de neurosciences brillant qui souffre de schizophrénie. Sollicité par une ancienne de ses étudiantes, aujourd'hui agent du FBI, il l'aide à résoudre des enquêtes grâce à ses connaissances de l'esprit et de la complexité du cerveau humain, mais sa maladie l'aide autant qu'elle l'handicape.

A l'occasion du passage en France des deux acteurs, ainsi que du showrunner Ken Biller et de Scott Wolf, qui rejoint la série en saison 2, puremedias.com a interrogé l'équipe sur les particularités et les défis de la série, la représentation de la maladie mentale à la télévision, mais aussi plus globalement l'industrie de la télé aujourd'hui, les rôles qui marquent toute une carrière ou encore le triomphe d'émissions de télé-réalité comme "Duck Dynasty" et les "Real Housewives".

Propos recueillis par Charles Decant.

Eric, quelle est la différence fondamentale entre la préparation pour un rôle comme celui que vous tenez dans "Perception" et celui qui vous a rendu célèbre, dans la sitcom "Will & Grace" ?
Eric McCormack : La préparation pour un rôle aussi complexe est considérable... Alors que pour une sitcom, en gros, il suffit de boire ! (Rires) Un personnage comme celui du docteur Daniel Pierce, il ne faut pas le louper. Mais il a un point commun avec celui de Will Truman : celui de la différence, pointée du doigt. Quand on a lancé "Will & Grace", être gay était encore stigmatisé, voir des gays à l'écran, c'était encore très nouveau pour la télévision américaine. Et la maladie mentale, c'est l'un des derniers grands tabous. On n'en parle pas. Passer outre ce tabou à la télé avec un personnage qui est malade, mais qui a un poste élevé, et qui vit très bien, c'est une vraie bonne chose.

Vous dites qu'il ne faut pas le louper : c'est difficile de l'interpréter de manière honnête sans être cliché ou dans l'excès... Quand vous avez lu le script la première fois, cette difficulté vous a inquiété ?
Eric McCormack : Je voulais être le plus proche possible de la réalité. Mais je ne voulais pas être trop prudent au point de ne pas faire certains choix osés. Ici, on n'avait pas plusieurs épisodes pour transmettre toutes ses dimensions. Tout devait être dans le pilote : il devait être aimable, détestable, trop honnête, trop ceci ou trop cela. Donc je devais risquer d'être parfois un peu excessif, parce que les gens qui ont des maladies mentales le sont parfois. C'est un défi.

Et vous, Scott, qu'est-ce qui vous a attiré dans la série ?
Scott Wolf : J'avais déjà entendu parler de "Perception" avant d'intégrer le cast. Je savais que les scénarios étaient très travaillés, et je suis fan d'Eric et de Rachael. Mais au delà de ça, ces personnages sont très humains, et très bien écrits. C'est ce qui m'attire le plus dans une série, les relations, les personnages, et la chance de jouer quelqu'un de complexe, que les gens n'aimeront pas forcément dès le début.

"Les autres actrices qui ont passé le casting étaient trop glamour"

Comment s'est passée la rencontre avec Rachael ?
Eric McCormack : Il y a eu une vraie alchimie dès le début. Ken et moi nous sommes très bien entendus et quand j'ai décroché le rôle, on a casté le reste des acteurs ensemble. Et on était tous d'accord.
Ken Biller : Nous avons fait passer des dizaines et des dizaines d'actrices pour ce rôle. Rachael est venue le tout premier jour, et on l'a trouvée fantastique. Puis, on a passé trois ou quatre semaines à essayer de trouver mieux, mais c'était impossible. Elle a lu quelques répliques avec Eric, et il nous est apparu évident qu'ils avaient cette alchimie.
Eric McCormack : Ce qu'elle apporte, c'est qu'elle ne se sent pas à sa place non plus, un peu comme mon personnage. Les autres actrices qui ont passé le casting étaient un peu trop glamour, mais Rachael a apporté une vulnérabilité et un sens de l'humour avec lequel on joue beaucoup plus au cours de la deuxième saison.

Et comment travaillez-vous ensemble ?
Eric McCormack : On ne travaille pas ensemble, on ne tourne rien tous les deux, ce sont des effets spéciaux ! C'est l'enfer ! (Rires) Plus sérieusement, ce qui est particulier sur une série, c'est que les équipes restent les mêmes, mais le réalisateur change chaque semaine. On doit donc apporter avec nous notre façon de travailler. Et à trois, avec Scott et Rachel, on s'entend comme larons en foire !
Ken Biller : L'ambiance sur le tournage est très joyeuse, et tout le monde nous le dit. Ca vient surtout de ces trois-là ! On a tous connu des tournages où l'acteur principal est malheureux et désagréable et exigeant, et Eric est tout le contraire. On lui donne tellement de choses à faire, mais il est toujours prêt. Du coup, personne ne peut faire de caprices, parce que la barre est haute ! Et Scott, lui, a insisté pour passer le casting pour la saison 2, alors que beaucoup d'acteurs connus comme lui refusent ce genre de processus.

"La clé reste la qualité des personnages"

Les séries policières emmenées par des génies excentriques semblent se multiplier, entre "Sherlock" et "Hannibal"... C'est une nouvelle tendance ?
Ken Biller : "Sherlock" est un très bon exemple. Je pense que ce type de séries est un genre à part entière, un type d'écriture qui a toujours existé, depuis Sir Arthur Conan Doyle, avec cette question de savoir qui est le plus malin dans la pièce. Et je pense que le public aime vraiment ce type de personnages. J'aime à penser qu'on propose quelque chose d'unique en partant de cette base. Evidemment, Sherlock Holmes est une source d'inspiration, même la nouvelle version est arrivée à l'antenne après nous, il y a des similitudes. Mais après ce point de départ, la clé reste la qualité des personnages, la façon dont on les développe.

Eric et Scott, vous avez tous les deux été révélés par des rôles marquants, dans "Will & Grace" et dans "La Vie à cinq". Quand ça s'est terminé, vous avez eu peur de ne plus retrouver de rôle, d'y être trop identifiés ?
Eric McCormack : Oui, il y a eu une période après, je n'avais pas peur mais il y avait une incertitude sur ce rôle suivant. J'y croyais qu'il pourrait y avoir un nouveau chapitre dans ma vie d'acteur. Mais je me disais "Je suis un gay dans une sitcom, comment faire pour que les gens me voient autrement ?". Est-ce qu'il faut que je crée un rôle, que je l'écrive ? Donc j'ai produit des choses moi-même, et ça a pris du temps. Et quand j'ai lu ce script, je savais que je devais décrocher ce rôle, parce que c'était tout le contraire de Will. Même si, je dois dire, les deux attrapent toujours leur homme à la fin ! (Rires) Merci, merci !

Et vous, Scott ?
Scott Wolf : Quand "La vie à cinq" s'est arrêtée, après six saisons, j'étais prêt, même si j'étais triste. On avait raconté nos histoires. C'était un groupe de gens formidables, un moment formidable, mais on était tous prêts à tourner la page. Mais même si j'ai eu la chance de participer à d'autres projets que j'ai adorés, y compris "Perception" évidemment, je n'ai réalisé qu'avec le temps à quel point ce moment-là était particulier et unique. En tant qu'acteur, tout ce que je voulais, et que je veux toujours, c'est raconter des histoires. Et c'est ce que je fais avec "Perception", entouré de gens géniaux.
Ken Biller : C'est drôle, et je n'en avais jamais parlé, mais quand on a évoqué le nom de Scott pour ce rôle, je me suis dit "Je l'adore, mais il est trop gentil pour ce rôle" ! Donc clairement, ça a influencé les gens. Mais Scott nous a convaincus, il a parfaitement compris le personnage, et son côté trop gentil s'y prêtait parfaitement en fait.

"Entre les rôles d'ado et de maman, il y a l'assistante du procureur"

Rachael, ce rôle est pour vous la première fois qu'on vous voit vraiment comme une adulte, et plus une ado...
Rachael Leigh Cook : Dans un projet grand public, oui. Et c'est une opportunité formidable. J'adore ce personnage et ce que les scénaristes en font, surtout dans la deuxième saison où on en apprend beaucoup sur elle.

Beaucoup d'actrices regrettent le manque de rôles intéressantes entre la période où on vous caste en tant qu'ado, même jusqu'à 25 ou 30 ans, puis celle où on vous caste dans le rôle de la maman. Ca a été votre cas ?
Rachael Leigh Cook : Entre l'ado et la maman, il y a une étape qu'on appelle "assistante du procureur" ! (Rires) C'est là que j'en suis ! Mais maintenant que je suis une maman dans la vraie vie, j'espère que je peux apporter encore plus de profondeur à ce personnage.

Eric, vous êtes producteur de la série depuis le tout premier épisode. Comment cela se négocie-t-il ?
Eric McCormack : J'ai juste un très bon agent ! (Rires)
Ken Biller : Tu as été impliqué dans beaucoup de décisions créatives dès le début, dans le casting, les scénarios...
Eric McCormack : Je savais qu'il fallait que j'ai mon mot à dire dans ce projet. Je n'avais pas besoin d'écrire les scénarios, mais je voulais être consulté sur certaines décisions. Et quand j'ai rencontré Ken, on s'est entendu immédiatement. J'ai su qu'il était ouvert à cette possibilité.
Ken Biller : En plus de jouer le rôle, Eric a été un partenaire créatif exceptionnel. Sur d'autres séries, mon partenaire le plus proche pouvait être un des scénaristes, quelqu'un de l'éclairage... Mais ici, c'est Eric. On se parle énormément. Et dès qu'il y a une vraie grosse question, je l'appelle toujours.

"On fait beaucoup plus d'audience que 'Mad Men'"

Vous réalisez de bonnes audiences aux Etats-Unis, mais vous bénéficiez d'une exposition moindre que d'autres séries qui font pourtant moins bien que vous. Pourquoi ?
Rachael Leigh Cook : Parce que les gens sont idiots ! (Rires)
Eric McCormack : Et on les déteste ! (Rires) Non, je ne sais pas. Je pense qu'on se fait une place petit à petit...
Ken Biller : C'est vrai que certaines de ces séries - qui sont très bien - ont plus d'exposition que nous. On fait beaucoup plus d'audience que "Mad Men" par exemple. TNT, qui nous diffuse, est vue comme une chaîne assez classique, par opposition à d'autres qui ont une image plus tendance. Mais je pense que notre série va plus loin que la série policière traditionnelle. On fait des choses risquées avec les personnages, et le public qui nous suit est vraiment récompensé au fil des épisodes. Mais les médias nous mettent souvent dans le même panier que des séries plus classiques, même si je pense que c'est en train de changer.

Le paysage audiovisuel américain a beaucoup évolué ces dernières années, certaines télé-réalités du câble comme "Duck Dynasty" font plus d'audience que les séries des grandes chaînes. En tant qu'acteurs qui avez déjà une longue carrière, est-ce qu'on peut parler d'âge d'or de la télé aujourd'hui ?
Rachael Leigh Cook : Je pense que la télé-réalité a pris le dessus à un moment où les chaînes ont été un peu paresseuses. Mais à un moment, c'est comme si on s'était réveillé et qu'on avait dit "On peut faire mieux que ça !".
Eric McCormack : Ce qui se passe à la télé, et sur le câble, c'est fascinant. Je préfère regarder la télé qu'aller au cinéma ! En ça, c'est un véritable âge d'or. Mais c'est bizarre de parler d'un pays où les gens adorent "Breaking Bad", "Dexter", mais adorent aussi "Duck Dynasty" et les "Real Housewives of Atlanta". Les audiences sont incroyables ! La télé offre tout à tout le monde, et peut rendre n'importe qui célèbre. C'est un monde bizarre, mais il en sort des choses formidables.
Scott Wolf : Il faut accepter le paysage actuel, le fait que les gens regardent la télé sur leur tablette, etc. Mais au final, une bonne histoire reste un ebonne histoire. Et les gens seront toujours intéressés, que ce soit sur Netflix en deux jours ou sur TNT pendant quatre mois. L'époque où 35 millions de personnes regardaient un épisode, quand il n'y avait que trois chaînes, c'est fini...
Ken Biller : Pour quelqu'un qui fait des séries, comme moi, c'est un défi. On doit faire plus avec moins d'argent. Mais il y a aussi beaucoup plus d'opportunités ! Et les meilleurs scénaristes veulent désormais faire de la télé. "Breaking Bad", c'est formidable à tous les niveaux !

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