Un nouveau média français dans le viseur des autorités algériennes. Comme le rapporte l'AFP, le ministère algérien de la communication a décidé, lundi 21 septembre, de "ne plus autoriser" la chaîne de télévision privée française M6 à opérer en Algérie "sous quelque forme que ce soit". Cette décision fait suite à la diffusion dimanche soir d'un documentaire sur le pays dans "Enquête exclusive", le magazine hebdomadaire de Bernard de La Villardière.
Dans son communiqué, le ministère de la communication accuse ce film intitulé "L'Algérie, le pays de toutes les révoltes" de "porter un regard biaisé sur le Hirak", le mouvement populaire de contestation du pouvoir, en cours depuis février 2019. Selon les autorités algériennes, la chaîne a pour son film utilisé une "fausse autorisation de tournage".
Selon Alger, M6 avait introduit, le 6 mars 2020, une demande d'accréditation de presse pour les membres de l'équipe de l'émission "Enquête exclusive", en vue du tournage d'un documentaire sur "la valorisation de l'essor économique et touristique de la ville d'Oran, ainsi que le multiculturalisme qui fait la richesse de notre pays". Cette demande de l'équipe de production de l'émission avait obtenu une réponse négative de la part des autorités algériennes qui promettent d'engager des poursuites contre les auteurs du reportage de dimanche pour "faux en écriture authentique ou publique".
Au début du documentaire d'"Enquête exclusive", la voix off évoquait elle-même la difficulté à tourner en Algérie. "Entre politique sécuritaire et volonté de tout contrôler, l'Algérie est aujourd'hui l'un des pays les plus fermés du bassin méditerranéen. Les journalistes étrangers obtiennent rarement un visa. Pour y poser nos caméras, nous avons dû faire appel à plusieurs équipes locales et nous avons tourné malgré les difficultés et les pressions", expliquait le magazine.
Ce n'est pas la première fois que les autorités algériennes se plaignent du travail des journalistes français. En mai dernier, la diffusion par France 5 d'un documentaire sur la jeunesse algérienne et le Hirak baptisé "Algérie mon amour" avait déclenché une crise diplomatique entre Alger et Paris. Les autorités algériennes avaient ainsi rappelé leur ambassadeur en France.
"Le caractère récurrent de programmes diffusés par des chaînes de télévision publiques françaises (...) en apparence spontanée et sous le prétexte de la liberté d'expression, sont en fait des attaques contre le peuple algérien et ses institutions, dont l'Armée nationale populaire (ANP), et sa composante, la digne héritière de l'Armée de libération nationale (ALN)", avait dénoncé à l'époque le ministère des Affaires étrangères algérien. Alger visait aussi "Algérie : Les promesses de l'aube", une immersion dans le Hirak diffusée sur La Chaîne Parlementaire (LCP).