Interview
Maïtena Biraben ("Le Supplément") : "Le monde de la télé n'est pas fait de gens cyniques, incultes et grossiers"
Publié le 29 avril 2013 à 11:33
Par Julien Bellver
Aux commandes du nouveau magazine dominical de Canal+, Maïtena Biraben accorde une interview sans langue de bois à puremedias.com
Maitena Biraben présente "Le Supplément" chaque week-end sur Canal+. Maitena Biraben présente "Le Supplément" chaque week-end sur Canal+.© Bruno/Canal+
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L'an passé aux commandes de "La matinale" de Canal+, Maïtena Biraben incarne cette saison "Le Supplément", magazine d'actualité et de reportages diffusé chaque week-end, à 12h40. Le dimanche, le magazine s'est rapidement imposé et réalise de bonnes performances. Ce qui vaut à son animatrice d'être plus sollicitée que jamais pour la saison prochaine. Entretien.

Propos recueillis par Julien Bellver.

puremedias.com : Comment se sent-on après une interview musclée de Rachida Dati ?

Maïtena Biraben : Physiquement rincée. C'est fou comme une interview peut être un exercice physique. Je suis sortie de là, je ne tenais presque plus sur mes jambes, comme après une grippe. Tout est en tension, on est attentif sur les cinq sens, on fait beaucoup de choses en même temps.

Dès que vous avez abordé la partie people, vie privée, elle s'est raidie...

Ce qui est difficile, c'est de faire entendre à ceux qui nous écoutent que si on y va, ce n'est pas par voyeurisme. Je l'ai dit à l'antenne, c'est son droit, ça lui appartient. Maintenant, quand ça devient une affaire publique comme ça l'est, avec un animal politique comme elle l'est, c'est aussi public. Lui poser la question "si vous disiez le nom du père de votre fille, vous ne règleriez pas tous les problèmes", ce n'est pas illégitime comme question. Elle peut me répondre qu'elle ne souhaite pas répondre, c'est tout à fait valable. Mais ma question l'est aussi.

"Je n'ai pas d'états d'âme en interview"

Cela vous amuse "d'y aller" en interview ?

J'adore ça. Ce n'est pas facile. J'ai ma personnalité, mon caractère, je suis quelqu'un de très intuitif. Je crois que mon intuition ne m'a jamais fait défaut. Une interview, selon la direction qu'elle prend, cela peut être vertigineux. C'est fantastique. Je n'ai pas d'états d'âme, je pense être polie avec les gens. Toutes les questions sont posables, sur tous les sujets. Il suffit de respecter que la réponse que l'on va vous donner n'est pas forcément celle que vous attendez.

Quand vous êtiez arrivée à la matinale de Canal+, vous aviez expliqué que vous ne lisiez pas la presse quotidienne. Est-ce que vous vous êtes mise à la lecture des hebdos et suppléments de quotidiens pour préparer "Le Supplément" chaque semaine ?

C'est exactement ça ! "Le Nouvel Obs", "L'Express", "Le Point", ça fait un moment. "M" du Monde, c'est récent, c'est un bon moment du week-end.

Vous avez pris goût à l'actu ?

Oui. Mais je ne suis pas tombée dans le chaudron de l'actu, comme certains peuvent y être, dopés à ça, au courant de tout sur tout. J'ai été bien plus forte en actu que je ne le suis aujourd'hui. Le matin, quand je me réveille, je lis LeMonde.fr. Le soir je me couche en lisant Le Monde et en faisant le tour du web, j'ai pris des réflexes que je n'avais pas.

"On a lâché le côté prospectif de l'émission"

L'actu, avant, c'était tous les matins pour vous. Maintenant, c'est une fois par semaine, sous forme magazine. Ce n'est pas trop frustrant ?

Oui, ça l'est. Le rythme de la quotidienne est très agréable, l'actualité s'impose à vous et vous savez ce que vous avez à faire. Sur une bi-hebdo, le lundi et mardi on regarde passer les voitures. Et à partir du mercredi, on est dans une course effrénée car le jeudi soir tout doit être prêt ca on tourne le vendredi. Mais ça nous oblige à twister notre esprit pour trouver les bons angles et bons invités pas vus ailleurs.

En septembre, la ligne éditoriale de l'émission, c'était d'être prospectif, faire des sujets sur ce dont on parlera demain. Vous l'avez vite abandonnée...

Oui, on a lâché plus ou moins, on a gardé "Sexy demain" et Bruno Duvic. En fait, ce qui nous intéresse, ce n'est pas demain, c'est aujourd'hui. Quand on a essayé de le faire, on n'a pas réussi. Peut-être nous y arriverons plus tard.

Les scores de la matinale, animée par Ariane Massenet, sont moins bons depuis votre départ...

On ne peut certainement pas imputer à Ariane les scores de l'émission. On a tous sous-estimé les incroyables changements ! L'année où je suis arrivée, il n'y a eu aucune nouveauté à part moi. Ariane est arrivée, tout avait changé, quasiment. Une émission qui joue sur la fidélité, le plaisir de retrouver une bande... ça a perturbé tout le monde. Il faut du temps.

"Le Supplément" fonctionne moins bien le samedi, comment l'expliquez-vous ?

Très honnêtement, on ne va pas se la faire à l'envers, notre priorité, celle de la chaîne et du producteur, c'est le dimanche. On se concentrera plus sur le samedi la saison prochaine même si les émissions que nous proposons ne sont pas honteuses et ne déméritent pas.

"Je suis pro, si on me fait des propositions, je dois les écouter"

Le mercato télé va démarrer. Maïtena Biraben sera-t-elle toujours à la rentrée aux commandes du "Supplément" sur Canal+ ?

C'est dans mon intention, voilà.

Il est trop tôt pour y répondre ?

C'est compliqué, cette période. Ca me fait marrer, moi la première, je regarde tout ça. En fait, ce n'est pas très drôle, dans le fond. Je pense qu'on peut le comprendre, même si on est des petits rois, dans des cages dorées, même si on gagne très bien notre vie, ça implique beaucoup de choses. Je travaille avec des gens, pour lesquels je m'investis humainement. J'ai une relation de confiance avec Rodolphe Belmer (patron de Canal+, ndlr), ça fait 10 ans que je suis là. Je me souviens très très bien de la douleur que ça a été de quitter France 5. Ce n'est pas un moment qui me fait rire. Je suis pro, si on me fait des propositions, je dois les écouter.

Vous êtes très sollicitée cette année...

Oui. Grâce au "Supplément", je pense que j'ai gagné en crédibilité, notamment dans les interviews. Mais ce n'est pas forcément pour ça qu'on vient me chercher.

Si on vous proposait de revenir sur un format quotidien, cela vous exciterait ?

J'ai eu beaucoup de mal à passer sur l'hebdo mais j'ai le gros avantage de pouvoir partir, d'aller tourner ailleurs, faire des interviews que personne ne peut faire. Après, la quotidienne, c'est plus ma culture que l'hebdo. Et pour être complètement honnête, le direct me manque. C'est mon truc, j'adore ça. Mais dans "Le Supplément", grâce à l'intelligence de Laurent Bon (le producteur, ndlr), on ne fait pas de la fausse télé, même si c'est enregistré.

"On ne fait pas forcément ce métier pour être à la Une de Télé 7 Jours !"

Les animateurs qui partent de Canal+ ont du mal à rebondir ailleurs. Votre passé à France Télé vous protège de cette règle ?

Oui, vous avez raison. Je ne suis pas sûre d'être à l'abri de quoi que ce soit. Je pense que dans ce métier, on fait rarement exception à la règle. Et la règle compte. Quand on est sur Canal, on est beaucoup moins populaire, célèbre, connu et reconnu qu'ailleurs. C'est plus chic dans l'image d'être sur Canal mais tu es moins vue. Pour la majorité des Français, je suis une illustre inconnue. Je ne fais pas ce métier pour ça d'ailleurs. La réussite dans ce métier et la célébrité, ce n'est pas un corollaire. On ne fait pas forcément ce métier pour être à la Une de Télé 7 Jours ! Je connais des tas de gens qui sont dans ce métier, qui font des choses brillantes, et que personne ne connaît. Et ça leur va très bien.

Avez-vous lu le livre d'Ollivier Pourriol, sur les coulisses du "Grand Journal" ?

Oui, je l'ai lu. Si c'est vrai, c'est très dommage. Moi, ça fait 25 ans que je fais ce métier, je n'ai jamais vécu dans une prod comme ça, jamais de ma vie. Le monde de la télé n'est pas fait de gens cyniques, incultes et grossiers. Ce n'est pas vrai ! Oui, il y a parfois une part de cynisme, que j'aime aussi. On dit "un bon client", c'est cynique ! Mais on fabrique quelque chose pour que ce soit bien, que les gens aient envie de le voir. La vérité racontée par Ollivier n'est pas universelle. La télé, c'est un travail d'artisan ! Même si on travaille pour des grosses chaînes, ceux qui font de la télé sont des artisans, des gens qui se donnent du mal quotidiennement.

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