Vers un bras de fer entre Majelan et Radio France ? Ce jour, Sibyle Veil, patronne de Radio France, est interrogée par nos confrères du "Monde". L'occasion pour elle d'expliciter son projet stratégique pour le groupe, qui inclut 60 millions d'euros d'économies à réaliser d'ici 2022. À l'occasion de cet entretien, celle qui a succédé à Mathieu Gallet à la tête de la Maison ronde l'année dernière a réaffirmé son intention de "construire la plateforme française de référence de l'audio sur le numérique". "Notre ambition est de créer une plateforme de destination où le public viendra chercher ses contenus préférés, mais aussi en découvrir de nouveaux", précise-t-elle.
Les journalistes du "Monde" en profitent pour lui demander si c'est pour cette raison qu'elle interdit aux plateformes de podcasts, comme Tootak, la start-up de Pierre Denis, et Majelan, la toute nouvelle application de Mathieu Gallet, d'utiliser les contenus de Radio France, qui se revendique comme le premier producteur de podcasts en Europe. "Le service public n'a pas vocation à servir de produit d'appel pour des acteurs privés, qui commercialisent ensuite leurs propres contenus concurrents des nôtres", répond la patronne de Radio France tout en indiquant qu'elle n'est pas opposée "à développer une relation avec des acteurs qui ont des offres complémentaires à condition que cela s'inscrive dans le cadre d'un partenariat contractuel équilibré qui permette de valoriser justement nos contenus".
En d'autres termes, Sibyle Veil indique donc qu'elle est prête à monétiser les contenus de Radio France mais pas à les céder gratuitement aux agrégateurs comme Majelan. Selon franceinfo, Radio France a demandé à Majelan de retirer ses contenus de son application. Comme le soulignent nos confrères, ce retrait n'est toujours pas effectif. Il faut dire que, sur ce point, Mathieu Gallet ne semble pas du tout sur la même longueur d'onde que sa successeur. Ce mardi, dans une interview accordée à puremedias.com, le patron de Majelan, nouveau service qui agrège des podcasts de RTL, Europe 1 ou encore Radio France, expliquait que les radios voient son application "positivement" car "c'est pour (elles) une fenêtre d'exposition de plus".
Hier, invité de franceinfo, Mathieu Gallet a invoqué un "principe d'équité". "Il faut regarder ce qui se passe sur toutes les plateformes américaines. Il n'y en a pas beaucoup qui ont demandé une autorisation à une radio privée ou publique parce que c'est une technologie gratuite. Ce sont des flux publics, et ce qui est gratuit partout doit être gratuit sur Majelan", a expliqué l'ancien patron de Radio France. Pour rappel, lancée hier, Majelan propose de retrouver l'ensemble des podcasts de rattrapage et natifs gratuits, mais aussi d'accéder à des podcasts originaux en échange du paiement d'un abonnement mensuel de 4,99 euros.
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