C'est un son de cloche un peu différent que l'on pouvait entendre sur le plateau de "C à vous" lundi soir. L'émission de France 5 recevait Laurent Léger, grand reporter à "Charlie Hebdo", qui était présent dans la salle de réunion au moment de la fusillade du mercredi 7 janvier. Comme l'avait déjà fait le dessinateur Luz dans plusieurs médias, il a pris un peu ses distances avec l'unanimisme ambiant concernant la marche républicaine de dimanche dernier.
Il a ainsi annoncé d'emblée qu'il n'était pas dans le cortège. "Moi je pensais que ça aurait été mieux de ne pas y aller. Mais je comprends tout à fait que mes petits camarades aient envie d'être présents dans la marche", a-t-il expliqué. Il y avait les politiques, il y avait tout ce monde". Interrogé sur l'éventuelle récupération politique de l'évènement, le grand reporter n'a pas hésité : "La récupération, elle est là". Et d'ajouter un peu plus tard : "C'était le bal des faux-culs aussi. Les ministres de Poutine, le Premier ministre hongrois. Des gens qui n'appliquent pas la liberté dans leur propre pays, ils n'avaient pas leur place", a regretté Laurent Léger.
"C'était très compassionnel, très émouvant. C'était bien d'être soutenu. Je ne vais pas non plus jeter la pierre. Mais pour moi ça aurait été mieux de ne pas participer à cet élan qui était très, très politique. Et nous on ne veut pas participer de ce mouvement politique (...) Je n'avais pas envie de serrer la main des ministres", a résumé le grand reporter. Si Laurent Léger s'est montré méfiant envers la présence politique, il a en revanche reconnu qu'il avait été surpris et touché par le gigantesque élan populaire de dimanche dernier. "J'ai presque regretté de ne pas y aller. Ca m'a apporté du réconfort", a-t-il confié.
Très lucide, Laurent Léger, ne pense pas que cet élan de solidarité envers son journal va durer très longtemps. "Une actu chasse l'autre. Bientôt, on sera seul à nouveau je crois. C'est comme ça. On le sait. On en rit aussi. Tout soutien est bon à prendre mais on est très lucides sur comment ça va se passer", a-t-il précisé.
Avant de conclure à propos de toute cette mobilisation : "Tout ça n'a plus grand chose à voir avec 'Charlie'. C'est 'Charlie' qui est un peu le déclencheur. Mais en fait, c'est une marche contre le terrorisme. C'est une marche pour la liberté. Ils ont scandé 'Charlie'. Tant mieux et bravo. Mais il faut lutter contre le terrorisme. Il ne faut pas lutter pour 'Charlie'. Il faut lutter pour la liberté, pour les valeurs qu'on défend".