puremedias.com au rythme de Moscou. A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie du 14 juin au 15 juillet, les personnalités de l'univers du ballon rond se confient pendant un mois pour parler du mythique tournoi de football et de leurs actualités à la télévision ou à la radio. Ainsi, Messaoud Benterki, présentateur de la chaîne L'Equipe a répondu à notre sollicitation. Il présente ce dimanche la dernière étape du Giro sur la chaîne sportive.
Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 25 mai.
puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde ?
Messaoud Benterki : Il y en a deux. Il y a France 98. C'était un moment exceptionnel. J'étais au Stade de France pour le journal "But". Vivre ça de l'intérieur était un moment fabuleux. Puis, la Coupe du monde 82 car c'était tout simplement mon premier souvenir de football. C'était le match entre l'Allemagne et l'Algérie. J'étais encore dans mon petit village en Algérie. C'était un truc exceptionnel.
"Pour que la France aille au bout, il faudrait qu'il se passe quelque chose, un événement, un déclic"
Quel est le plus mauvais souvenir ?
C'est l'équipe de France à Knysna pendant la Coupe du monde 2010. J'étais complètement abasourdi. Je m'étais demandé comment ils avaient pu faire exploser ce rêve de gamin. C'était tellement lunaire. Je ne pense pas qu'on revivra un truc pareil.
Quel joueur a marqué ce début de siècle ?
Je vais dire Zidane. On a eu la chance d'être au moment où il était au top. Aujourd'hui, il y a Messi, Ronaldo, etc. Mais on n'a pas l'occasion de les voir jouer hyper régulièrement dans leurs équipes nationales. Là, voir jouer Zidane, avec l'équipe de France, c'était juste exceptionnel. C'est le joueur de ce siècle. Après, je suis un fan absolu, je ne suis pas objectif.
Qui sera la surprise pour cette Coupe du monde en Russie ?
C'est dur. Si je la connaissais, j'irais parier tout de suite (rires). Honnêtement, c'est trop difficile de répondre à une question pareille. Il y a tellement de possibilités.
Les Bleus peuvent-ils aller jusqu'au bout ?
J'aimerais y croire. Pour qu'ils aillent au bout, il faudrait qu'il se passe quelque chose, un événement, un déclic. Il n'y en a toujours pas... On est toujours sur notre faim sur cette génération. Pourtant, on sent qu'ils ont un potentiel dingue, mais il n'y a pas eu l'élément foot qui donne l'impression qu'ils vont tout casser.
"On est en attente. Puis, boom, arrive le premier jour. Les rideaux s'ouvrent. Il y a un sentiment magique qui nous accompagne pendant toute la compétition"
Comment vous sentez-vous à quelques semaines du début de la Coupe du monde ?
Il se passe toujours un truc magique avant les Coupes du monde. On est en attente. Puis, boom, arrive le premier jour. Les rideaux s'ouvrent. Il y a un sentiment magique qui nous accompagne pendant toute la compétition. A chaque fois que j'ai eu à couvrir les Coupes du monde, il y a une atmosphère particulière. Pour la Russie, je vais être en non-stop quasiment. La chance, c'est qu'on va faire des choses différentes. Je présenterai "L'Equipe de Russie" pour lancer les journées, "La grande soirée" pour vivre certains matchs. Ce sera une première, ça va être sympa de vivre les matchs façon la chaîne L'Equipe. Donc, on entre dans un cercle qui ne s'arrête jamais.
Quelle sera la promesse de "L'Equipe de Russie" ?
En deux heures, on devra lancer la journée pour que les gens aient tout ce dont ils ont besoin pour suivre la Coupe du monde, à la fois sur l'équipe de France, sur les matchs du jour et sur les infos des événements en Russie. On proposera du débat, de l'info, de l'humeur, des chroniques un peu décalées. Il faut que ce soit une émission d'accueil pour lancer la journée et que les gens sachent ce qui les attend dans la journée. On reviendra sur les événements très forts de la veille. On sera avec tous les envoyés spéciaux, ceux de la chaîne et ceux du journal. On va profiter de leur présence, de leur savoir-faire, de leurs infos. Ce sera très précieux.
Qui sera autour de vous dans "L'Equipe de Russie" ?
Ca va tourner. Il y a aura quelques chroniqueurs réguliers. Claude Le Roy (ancien sélectionneur du Cameroun, du Sénégal, de la Syrie et du Togo, ndlr) sera souvent sur cette émission. Les consultants maison vont tourner. En journalistes, on aura un chroniqueur référent pour l'actualité et les infos décalées.
Estelle Denis présente "L'Equipe d'Estelle", Thomas Hugues anime "L'Equipe de Thomas". Pourquoi "L'Equipe de Russie" ne s'appelle-t-elle pas "L'Equipe de Messaoud" ?
C'est une bonne question (rires). Tu veux une réponse franche ? Très honnêtement, je me sentirais mal à l'aise. Ca me va très bien "L'Equipe de Russie". C'est parfait.
"C'est rare d'être dans un média qui est sur une dynamique positive, qui dure et qui ne fait que s'accentuer"
Entre la présentation de "La grande soirée", de "L'Equipe du soir" le week-end et de divers sports, quel bilan tirez-vous de cette saison ?
Super bilan. On est super content. C'est une superbe année. C'est une grosse progression pour la chaîne, à la fois dans l'installation des rendez-vous, l'exploitation des événements et les audiences en hausse. Le bilan est excellent. On est toujours sur la même dynamique. C'est très plaisant. C'est rare d'être dans un média qui est sur une dynamique positive, qui dure et qui ne fait que s'accentuer. Le bonheur, c'est aussi de pouvoir passer d'un événement en direct à des émissions.
Dans votre fonction de présentateur, quel a été le moment le plus marquant de cette saison ?
Il y en a eu plusieurs. Pour les directs, c'était la coupe du monde de biathlon au Grand Bornand. C'était un rendez-vous très important pour la chaîne. Arriver à s'approprier un sport comme l'a fait la chaîne L'Equipe, c'est plutôt rare en si peu de temps. Le constater sur le terrain, c'était vraiment une superbe expérience. Faire vivre les événements, exploiter les directs, événementialiser les droits que l'on a, pour une chaîne comme la nôtre, c'est hyper valorisant. Du présentateur jusqu'à l'équipe de fabrication et d'édition, tout le monde fait un peu plus que son rôle.
Regardiez-vous auparavant le biathlon avant de le traiter sur L'Equipe ?
Je ne regardais pas précisément. Je l'avais un peu traité à Infosport. Pour l'anecdote, j'avais fait le résumé du titre olympique de Vincent Defrasne pour le JT d'Infosport. C'est là que j'ai découvert ce sport. Je m'étais retrouvé debout à taper sur le bureau au moment où il y a le sprint de Defrasne, en disant : "Il va le faire ! Il va le faire !". C'est un truc que tu ne contrôles pas. Tu chopes le virus. J'ai accroché comme ça.
"Tant qu'on pourra oser, tenter et même se tromper, la chaîne ira bien"
Vous suivez aussi le Giro, le tour d'Italie de cyclisme, pour L'Equipe.
J'ai replongé dans un sport qui m'accompagnait pendant des années quand j'étais ado. Pour moi, l'été, c'était le Tour de France. A l'époque, les étapes n'étaient pas toutes retransmises en intégralité. Il fallait attendre les directs. Il n'y avait pas les émissions d'accompagnement. Retrouver le vélo pour un événement aussi fort que le Giro, c'est une super expérience.
Le Tour de France est fédérateur sur France Télévisions. Le Giro marche sur la chaîne L'Equipe. Comment expliquez-vous cet attrait des téléspectateurs pour le cyclisme ?
C'est historique. Ca parle à la culture. Ca fait appel à des souvenirs. C'est un sport qui fascine les gens. Tu as de l'admiration pour les cyclistes. Même dans des périodes difficiles avec des affaires de dopage, les gens sont quand même admiratifs. L'admiration des gens dépasse même ce sport. C'est assez surprenant, sur place, les gens nous disent : "Merci, vous diffusez du sport en clair. Merci, vous diffusez le vélo en clair". Pour l'anecdote, j'ai vécu un truc lunaire à Bessèges. J'ai rencontré Raymond Poulidor. Il m'a dit : "Merci, merci, merci pour ce que vous faîtes pour le cyclisme". C'était un moment assez dingue. Le cyclisme est un sport exceptionnel qui parle aux gens. Le fait de montrer les courses comme ça en clair, les gens sont au rendez-vous.
En clair cette saison, il y a eu aussi la diffusion de sports assez originaux, comme le catch ou le sumo.
Drôle d'expérience aussi (rires). Si on m'avait dit que je ferai du sumo un jour... C'est ce qui fait la richesse de l'antenne, aller vers des trucs osés. Il faut oser des sports différents. Tenter des expériences. Le sumo, c'était un pari. Ca a pris. Le catch, c'est pareil. Il y a un public. Tant qu'on pourra oser, tenter et même se tromper, la chaîne ira bien.
Est-ce que tous ces sports permettent de compenser dans l'offre de L'Equipe le manque d'images de football ?
Le manque d'images de football, c'était un gros pari. Venant de Canal, ça m'a changé mais je le savais. Le foot est un sport ultra important, mais le meilleur du foot est réservé aux chaînes payantes. C'est pour ça que la rentrée de septembre va être un moment crucial et un tournant pour la chaîne. On a l'arrivée de la Ligue des nations sur la chaîne. On va se retrouver avec le meilleur du football international, en clair. Cet argument du manque d'images sera alors complètement balayé. En plus de tout le catalogue des sports qu'on avait, le meilleur du foot arrive. C'est colossal pour la chaîne. On ne mesure pas encore l'impact pour les téléspectateurs. Du jour au lendemain, les gens se sont retrouvés à pouvoir regarder le Giro en clair. A partir de septembre, les gens vont se rendre compte que le Portugal, l'Italie, l'Angleterre seront sur la chaîne L'Equipe. Une semaine par mois, les téléspectateurs vont pouvoir regarder les meilleurs joueurs de foot avec leurs pays.
"Si le programme n'évolue pas, il est en danger. Il faut toujours se remettre en question"
Resterez-vous sur L'Equipe la saison prochaine ?
Normalement ! C'est prévu comme ça. On ne va pas faire une réponse de footballeur (rires). C'est prévu que je continue une troisième saison. Avec grand plaisir d'ailleurs. Je suis sur une dynamique. Le travail n'est pas terminé. Il y a encore des choses à installer. L'arrivée du foot va être un moment très important à gérer pour exploiter ces droits-là. Cette diversité d'événements et de sports, c'est vraiment plaisant. C'était un pari vachement intéressant à relever. A la fois pour la chaîne quand elle avait parié sur moi, parce que j'étais estampillé football. A la fois pour moi, à l'inverse.
Comptez-vous avoir de nouvelles émissions ?
On va poursuivre sur les grands événements et nos soirées foot. "La grande soirée" est devenu un rendez-vous très identifié maintenant. Puis, l'exploitation des droits d'image des matchs de football à la rentrée, ce sera un morceau important.
"La grande soirée" va-t-elle voir son format évoluer ?
C'est une émission qui est destinée à évoluer tout le temps. Il faut donner l'impression qu'il y a des nouveautés, de peur de lasser les gens. C'est un programme qui est un OVNI. Il y a l'atmosphère qui est capitale. Il faut qu'il ait une osmose et une alchimie dans ce programme-là. Il faut que ce soit fluide entre mon plateau et la cabine de Yoann (Riou, ndlr). Après, il y a l'habillage qu'on doit faire évoluer. L'exploitation des stats, il faut que ce soit un vrai complément pour les gens. On a deux ou trois idées pour qu'on ait un extérieur différent. Si le programme n'évolue pas, il est en danger. Il faut toujours se remettre en question.