Il est un habitué de la Croisette et c'est sans stress que Michel Denisot s'installe une nouvelle fois à Cannes pour présenter un Grand Journal délocalisé où défileront toutes les stars françaises et internationales. Ce soir, c'est Robert de Niro et Lady Gaga - rien que ça - qui s'installeront à ses côtés pour la première de cette édition 2011. L'occasion pour l'animateur de répondre à nos questions, mardi après-midi. Entretien décontracté sous le soleil cannois, installés sur la terrasse du patio de Canal+.
puremedias.com : C'est les vacances en fait, non ?
Michel Denisot : Non (rires) ! Les vacances, c'est au mois de juillet. Je me dis chaque année que j'ai beaucoup de chance de faire ça, d'avoir les castings qu'on a, d'être une chaîne partenaire du festival avec toutes les ressources d'images idéales. On est branchés en direct sur le festival et, effectivement, c'est une belle saison avec le soleil. Et quand on revient après, les vacances ne sont pas loin mais ce ne sont pas les vacances (rires). Il ne faut surtout pas se tromper, c'est un boulot très fatigant.
Justement, c'est forcément beaucoup plus compliqué de délocaliser une émission ?
Oui, c'est plus fatigant car l'émission est destructurée par rapport à d'habitude, avec une première partie politique puis une partie culturelle. Là, tout est sur Cannes ou quasiment, avec des live pour ajouter du glam et de la bonne humeur. On connait la programmation tardivement car la sélection est faite fin avril puis les dates des films, des invités... Donc, ici, tout est électrique. La ville l'est, la programmation, l'émission, les gens qui viennent nous voir sont branchés sur plus que le 220. Tout le monde est pressé, on ne sait pas pourquoi. Vu de loin, ça parait ridicule mais, moi, j'aime beaucoup ça tout comme les gens ici et ceux qui nous regardent.
Et ça vous amuse encore après toutes ces années ?
Oui, j'adore, j'adore ça !
Comme vous le dites, l'émission est entièrement consacrée à Cannes. Il n'y a jamais de frustration par rapport à l'actualité étant donné que vous n'allez logiquement pas recevoir d'invité politique sur la Croisette ?
On parlera politique une fois avec Jean-Michel Aphatie, le 18 mai, pour le film La Conquête. Sinon, c'est vrai qu'on est enfermés dans une énorme bulle qui est quand même celle du plus grand festival du monde. C'est un peu comme la Coupe du monde de football : s'il y a une émission tous les soirs là-dessus, on sait qu'on ne va pas vous y parler de l'Afghanistan. Ce serait ici déplacé de parler d'autre chose. On est là, c'est un choix éditorial de la chaîne et auquel j'adhère avec grand plaisir.
Côté programmation, on parle beaucoup de Lady Gaga pour la première ce mercredi soir. Qui d'autre est d'ores et déjà prévu ?
Mercredi soir, on a la cérémonie d'ouverture qui est au sein de l'émission avec Robert de Niro, Jude Law, Uma Thurman, l'équipe de Woody Allen qui sera notre invité du lendemain. On aura aussi Mélanie Laurent, la maîtresse de cérémonie et Lady Gaga en live. Le deuxième jour, Jessie J sera en live. On va aussi recevoir Jodie Foster, Jean Dujardin, Maiwenn, Joey Starr, les Strokes en live le dernier jour.
Une star comme Lady Gaga, ça se paie ?
Non. C'est dans le cadre de la sortie de son album donc c'est un coût pour la maison de disques qui est très élevé. Nous, on paie l'installation technique du studio, ce qui est normal. Elle part de Paris ce soir (l'entretien a été réalisé mardi après-midi, NDLR) où elle est l'invitée d'une radio. Et, très curieusement, elle descend en bus ! Deux bus quittent Paris ce soir, un avec son équipe et un pour elle. Elle arrive ici dans la matinée. Son live sera répété dans l'après-midi à huis clos, avec des bâches, ce qu'on n'a jamais fait. Ensuite, elle fait donc son live et notre interview et part pour Londres pour la suite de sa promo dans un avion-cargo avec tout son matériel.
On a coutume de lire que c'est lors du Festival de Cannes que se scelle la rentrée de Canal. C'est vrai ?
Oui mais c'est parce qu'on est au mois de mai, pas parce que c'est Cannes en fait, il faut remettre les choses dans l'ordre. Toutes les chaînes parlent de la rentrée en ce moment et il se trouve qu'une grande partie de Canal+ est décentralisée ici avec l'état-major, toute notre équipe... On se voit encore plus que dans l'année parce qu'on vit en communauté. Il y a encore plus d'échanges mais pas parce que c'est Cannes, parce que c'est le mois de mai.
On a déjà lu beaucoup de choses concernant Le Grand Journal...
Pour l'heure, il n'y a absolument rien de décidé donc vous pouvez tout écrire (rires).
Et je peux donc poser dix fois la question !
Il n'y a rien de décidé, on réfléchit, on émet tous des avis et Rodolphe (Bellmer, le directeur des programmes de la chaîne, NDLR) arbitre à la fin. Il y aura des évolutions normales dans l'émission mais il n'y aura pas un bouleversement. Une émission qui marche bien et qui va faire encore sa meilleure année d'audience au bout de sept ans, on ne va pas tout enlever pour refaire autre chose. Il y aura des aménagements, des gens qui partent ou qui ne partent pas, on n'en sait rien pour l'instant.
C'est votre dernière année ou pas ?
Tous les ans, quand je réponds "Oui", ça fait rire donc la réponse est "Non, je n'en sais rien" (rires). Je n'en sais rien et personne n'en sait rien, voilà. En tout cas, on ne s'est pas fixé de date limite avec Rodolphe et c'est lui qui la fixe, ce n'est pas moi déjà, pour commencer.
Le syndrôme PPDA ne vous guette pas.
Je ne suis pas PPDA, dans ce registre-là en tout cas. Ce n'est pas moi qui décide et j'ai eu une discussion avec Rodolphe avant de venir et, pour l'instant, il n'y a pas de souci. Vous savez, dans notre métier, il y a six mois, personne ne savait que cinq émissions seraient supprimées de France Télévisions donc dans un an qui sera là, pas là... Et ça fonctionne pour tous les postes (rires). On redémarre donc une année pour être bons, efficaces, mais ce n'est pas dans l'idée non plus que c'est la dernière et qu'après, on fait un feu d'artifice (rires).
Comment vous vivez le fait d'être à un poste convoité, y compris par des personnes au sein de la chaîne ?
Je mesure la chance que j'ai mais on l'a construit. D'abord parce que la chaîne nous a fait confiance au départ et ce n'était pas un pari gagné la première année, on a pas mal tatonné. Puis, on nous a donné du temps, ce qui est un luxe que tout le monde a à Canal. Et, maintenant, ça fonctionne bien, on a un niveau d'exigence assez élevé donc on essaie toujours d'améliorer le produit qu'on livre tous les jours à la chaîne. On n'a que ça en tête et c'est ce qui m'intéresse. Le jour où je verrai que je n'ai plus aucune capacité à porter quelque chose, je n'attendrai pas qu'on me le dise. Je le ressens et là, l'année qui vient, j'en ai envie. Après, que mon poste soit convoité dans la chaîne, c'est légitime mais chacun peut se construire et Canal donne sa chance à beaucoup de gens. Tous ceux qui travaillent avec moi, ce sont quasiment des premiers emplois. Ils ont démarré dans des conditions que je leur souhaite d'avoir toute leur vie, au niveau de la production, et sur une émission qui, normalement, devrait leur permettre d'avoir une image professionnelle de qualité. Vous savez, j'en ai vu beaucoup des gens qui démarraient avec moi et qui ont réussi, ça a toujours été un peu dans les gênes de Canal+.
Cette saison, on vous a aussi beaucoup mis en concurrence avec C à vous sur France 5.
Oui, je ne vois pas l'émission parce que je la fais en même temps donc je n'ai pas de commentaire à faire là-dessus.
Vous avez quand même jeté un oeil au programme ?
Franchement non. Ce n'est pas du mépris ou quoi que ce soit. Quand je rentre chez moi le soir, j'ai ma dose et je ne me vois pas dire à ma femme qu'on va regarder C à vous en différé à minuit (rires). Je souhaite bonne chance à tout le monde, il y a de la place pour tous et il n'y a pas de souci. Je regarde les audiences de chacun. Pour nous, elles n'ont jamais été aussi bonnes donc si tout le monde peut être heureux, je m'en réjouis à l'avance et je félicite l'ensemble de la population.
Vous auriez envie de faire quoi encore à la télévision ?
Si je vous disais que j'ai envie de faire autre chose, ça voudrait dire que j'ai la tête ailleurs.
Non mais vous-dites vous "Tiens, un jour, j'aimerais faire ça" ? Pas forcément en arrêtant Le grand journal d'ailleurs...
De temps en temps et la chaîne me permet de le faire, j'aime bien faire des interviews en tête-à-tête parce que, là, j'ai à gérer 7-8 personnes autour de la table et, parfois, pour faire des interviews de dix minutes, il faut que ce soit fluide, cohérent, que tout le monde existe donc c'est un boulot très compliqué, tout ça en ayant l'air que ça soit simple. Ça me plait encore donc je n'ai pas la tête ailleurs. Mais des envies, j'en ai des tonnes, mais ailleurs qu'à la télé. Et ça, j'en ai tous les jours (rires).
Et aujourd'hui par exemple, ce serait quoi ?
Aujourd'hui, on parle de cinéma, et j'ai envie d'écrire comme tout le monde. J'ai commencé à écrire un scénario de film sur la télé, une comédie, mais ça n'a pas d'intérêt car je ne vais sûrement pas aller plus loin que deux pages. Quand je le raconte, les gens trouvent ça bien donc ça me suffit. On a beaucoup d'ego (rires). Mais, dans notre métier, l'ego, c'est 49%. Et le travail, c'est 51%, avec la passion et l'envie de tout bouffer, c'est une qualité. C'est pour ça que ça ne me gêne pas d'avoir des gens ambitieux autour de moi. J'ai fait démarrer Delarue, Fogiel, Dechavanne, j'ai vu tout de suite qu'ils en voulaient et ce n'était pas difficile à voir entre nous (rires). Ces derniers temps, j'ai vu que Louise Bourgoin avait une volonté et le talent. Il faut avoir les deux.
Qui en veut le plus aujourd'hui dans votre bande ?
Tout le monde. Je ne vais pas en citer un.
Vous ne vous fâchez avec personne, c'est donc vrai.
Franchement, ça sert à quoi ? Après, si on dîne ensemble, je dis des conneries sur tout le monde, il ne faut pas croire. Mais, dans mon travail et la conversation qu'on a, j'ai envie de ne polémiquer avec personne, je ne suis pas malheureux. Je peux balancer des saloperies très facilement sur tout le monde mais pas là (rires).
Ce sera pour votre film !
Voilà (rires). Mais, même, j'ai envie d'être taquin pas méchant, ce n'est pas dans ma nature. Mais balancer des vannes oui, c'est ce que je fais toute la journée.
Faites un one-man show alors.
Non, c'est l'embouteillage et il y a beaucoup de talents.
Interview
Michel Denisot : "Il n'y aura pas de bouleversement au Grand Journal"
Publié le 11 mai 2011 à 09:35
La bande du "Grand Journal" s'installe une nouvelle fois à Cannes chaque soir en direct, l'occasion pour son capitaine d'évoquer le dispositif, la venue de Lady Gaga mais aussi les rumeurs autour de la rentrée de l'émission. Entretien.
Michel Denisot© Canal+ - Lahache
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