
Le monde du cinéma est en deuil depuis la tragique disparition d'Emilie Dequenne. Plus d’un an et demi après la découverte de son corticosurrénalome, la comédienne belge s'est éteinte à l'âge de 43 ans, le dimanche 16 mars. Personnalités publiques et proches ont rendu hommage à cette actrice d'exception, dont le talent a été révélé par les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne dans le drame "Rosetta". Ce film, récompensé de la Palme d'Or au Festival de Cannes 1999, sera rediffusé sur France 5, ce vendredi 21 mars, dès 21h05, dans la logique du groupe audiovisuel, qui a chamboulé sa grille des programmes pour honorer la mémoire de celle qui "laissera une empreinte indélébile dans le coeur du public".
Dans la peau de ce personnage de jeune fille en galère, Emilie Dequenne, âgée tout juste de 18 ans, a crevé l'écran pour son premier grand rôle au cinéma. "Rarement une comédienne aura autant marqué l’histoire du Festival de Cannes comme l’a fait Émilie Dequenne lors de son surgissement en Rosetta", a souligné le délégué général du festival, Thierry Frémaux, auprès de l’AFP, au moment de saluer la maestria de la vedette. Cette année-là, l'adolescente remporta le Prix d’interprétation féminine et a vu sa carrière, menée ensuite au pas de course, décoller. Disponible pendant 30 jours sur la plateforme Francetv, ce chef d'oeuvre plonge les spectateurs au coeur des déconvenues d'une guerrière solitaire, en proie à une situation d'extrême précarité mais animée par un désir profond de s'en sortir. Un parcours du combattant magnifique qui sublime le mélange de révolte et de douceur de son interprète principale. "Tout de suite, mais vraiment tout de suite, on a vu qu'il y avait qu'une grande actrice possible", ont rembobiné les frangins cinéastes lorsqu'il leur a été demandé de se souvenir de la première audition de leur héroïne.
Face à l'onde de choc provoquée par sa disparition soudaine, France 3 avait été la première à programmer un film en hommage à Emilie Dequenne, avec "Une femme de ménage", sorti en salles en 2022. Elle y interprétait Laura, une banlieusarde à la simplicité désarmante et à la vitalité débordante qui allait charmer Jacques (Jean-Pierre Bacri), un ingénieur du son célibataire désabusé partagé entre travail, bistrot de quartier et appartement désordonné. Les téléspectateurs ont pris rendez-vous puisqu'ils étaient 1,65 million à (re)découvrir cette fable mélancolique entre 21h04 et 22h30, soit 9,0% du public, 2,7% des 25-49 ans et 2,9% des FRDA-50. Le mercredi 6 décembre 2017, la même comédie dramatique, alors diffusée sur Arte, avait réuni 1,6 million de cinéphiles, soit 6,7% du public âgé de quatre ans et plus.