
Il y a de la friture sur la ligne entre les grandes pontes du football français. Alors que l'attribution des droits français de la Ligue 1 fait toujours l'objet de discussions animées, sur fond de conflit entre la Ligue et le diffuseur DAZN, "Complément d'enquête", le magazine de France 2 présenté par Tristan Waleckx a dévoilé hier des images explosives d'une réunion houleuse qui s'est tenue durant l'été 2024. "2 heures et 15 minutes d'échanges tendus, d'invectives et de désaccord" entre les différents présidents de clubs de Ligue 1 résument nos confrères.
C'est en effet à cette date que les dirigeants de clubs ont acté la décision de confier à la plateforme britannique l'essentiel de la diffusion du championnat domestique (une infime partie revenant à beIN Sports, ndlr) contre un montant de 500 millions d'euros par saison. Une décision lourde de conséquences pour l'écosystème du ballon rond tricolore, et qui ne s'est pas prise dans la plus grande des sérénités.
Le magazine de France Télévisions a ainsi publié des extraits des échanges en visio-conférence entre les différents patrons, qui témoignent d'une immense tension, entre soupçons de conflits d’intérêts, invectives personnelles et coups de pression. Principal protagoniste de cette discussion qui a vu se réunir '41 participants', Nasser Al-Kheilafi, à la tête du Paris Saint-Germain, se montre le plus insistant pour parvenir à la solution incluant beIN Sports et DAZN. Un couplage qui arrange bien celui qui dirige également BeIn Media Group, propriétaire de l'autre diffuseur de la L1. C'est d'ailleurs cette position que dénonce son homologue lensois Joseph Oughourlian : "Nasser, je pense que tu devrais respecter les autres présidents. […] Il faut que tu comprennes un concept qui visiblement vous échappe chez beIN, ou au PSG, ou aux deux, qui s’appelle le conflit d’intérêt. Tu intimides tout le monde", lui lance l'entrepreneur d'origine libano-arménienne, qui milite pour la création d’une chaîne propre à la Ligue.

Au cours de cette prise de bec, il est vite rejoint dans ses propos par John Textor, président de l'Olympique Lyonnais, connu pour ne pas s'embarrasser de formule de politesse. "Si nous manquons de temps, peut-être qu’un autre président que Nasser devrait parler. Nasser, tu es un tyran", renchérit l'Américain, remis à sa place par son confrère qatari. "Tu vis dans un monde différent, tu ne sais pas ce qu’est la ligue française (...) John, arrête de parler, tu ne comprends rien. Tu viens de je ne sais où, cow-boy", se moque-t-il, menaçant de quitter la réunion. Puremédias vous propose de découvrir l'intégralité de la séquence diffusée dans le "20 Heures de France 2" dans la vidéo ci-dessous.
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L'offre choisie sera finalement celle défendue par Nasser Al-Khelaifi à seize voix contre deux. Mais avant même les retours des amateurs de football, plusieurs dirigeants s'inquiètent de la grille tarifaire proposée par DAZN. Marc Keller (Strasbourg) s’interroge sur le coût d’une telle décision pour le consommateur et sonne l’alarme : "Le prix de l’abonnement me paraît impossible à atteindre. Je ne vois pas les gens, nos consommateurs, nos supporters dans les villes acheter des abonnements à ce prix-là". Il n’est pas franchement entendu. "Si DAZN ça ne marche pas (…), eh bien ils ne vont pas rester hein? On sortira et on aura l’argent", le rembarre Jean-Pierre Rivère (Nice). Or, son questionnement était bien prémonitoire puisque sept mois plus tard, le service de streaming, loin de remplir ses objectifs d'abonnés, n’a pas réglé l’intégralité de sa dernière échéance. Et réclame même à la Ligue de Vincent Labrune une indemnité de 573 millions d’euros. Un fiasco sur toute la ligne.