Deuxième partie de la journée spéciale Palmashow sur puremedias.com. Après avoir évoqué le contenu de "Ce soir, c'est Palmashow", Grégoire Ludig et David Marsais ont accepté de nous expliquer les raisons qui les ont amené à rejoindre TF1 après de nombreuses années sur Direct 8/D8/C8 et ce que ce changement de diffuseur entraîne comme conséquences.
Propos recueillis par Kevin Boucher.
puremedias.com : Vous êtes passé du canal 8 à TF1. Comment s'est opéré ce changement et pourquoi ?
Grégoire Ludig : C'est assez simple, en fait. Avec David, on a fait "La Folle Soirée 1" et "La Folle Soirée 2" sur D8 puis "La Folle Soirée 3" sur C8. On a laissé passer un peu temps, il y a eu le film "La Folle Histoire de Max et Léon" et, à partir du moment où on a eu envie de réécrire des sketchs, on a senti qu'il fallait qu'on change quelque chose. Refaire un quatrième prime sur C8, on aurait eu l'impression de stagner. Il fallait qu'on passe à l'étape supérieure et on s'est très vite entendus avec TF1 pour ça.
David Marsais : On était aussi ravis de retravailler avec Ara Aprikian et Xavier Gandon, qui nous ont fait confiance sur les premiers primes. Quand ils nous ont proposé de venir, on s'est dit que c'était super, avec un nouveau défi pour un public qui ne nous connaît pas. Mais cela ne change rien à nos relations avec Canal+. On a déjeuné avec eux il n'y a pas longtemps pour parler du prochain film. Et comme on a toujours produit ce qu'on faisait sans appartenir à une chaîne, il n'y a jamais eu cette sensation de label.
GL : Et on est tout à fait conscient que c'est grâce à C8 que l'on a pu faire tout cela et être aujourd'hui sur TF1. Nous ne sommes vraiment pas dans la rivalité entre chaînes.
L'évolution passait aussi par le changement de nom ? "Ce soir, c'est Palmashow" aurait très bien pu s'appeler "La Folle Soirée 4".
DM : En fait, 4, tu passes à autre chose. On préférait faire une trilogie et repartir à zéro. Même si ça ressemble beaucoup, on voulait repartir sur autre chose.
GL : "Retour vers le Futur", ils en ont fait 3.
"On a eu un peu plus de budget sur TF1"
Le passage de C8 à TF1 s'accompagne-t-il d'une augmentation du budget ?
GL : Oui oui. On a eu un peu plus de budget sur TF1 et je crois que cela se voit à l'image. On était contents de se dire qu'on allait pouvoir faire des sketchs que l'on ne pouvait pas faire avant.
DM : En fait, il y a plein de sketchs qui sont découpés et c'est ça qui coûte cher. Avant, on se permettait dans un prime de faire une "solitude" ou une "petite victoire". Là, il y a les "solitudes", les "petites victoires", le "cinéma réglementé" qui est ultra-découpé... plein de sketchs qui nécessitent plusieurs décors. Il y a 150 décors sur ce tournage contre 90 maximum auparavant.
Comment s'adapte-t-on d'une chaîne où 1,5 million de téléspectateurs représente un succès à une chaîne où le double sera considéré comme un petit score ?
DM : On saura ça le 16 ! (Rires)
GL : Et nous, comme nous sommes un petit peu extérieur, que nous faisons vraiment notre travail de notre côté, quand nous écrivons, montons etc, nous ne pensons pas aux audiences. Ce qui compte, c'est que la musique tombe bien, que le gag soit réussi... Mais maintenant que tout est fini, que nous sommes en promo, nous sentons un peu plus les attentes et la boule au ventre grossit de jour en jour. Mais c'est en même temps excitant parce que c'est ce qu'on aime faire et c'est diffusé sur TF1. C'est génial, c'est de la bonne pression.
DM : On ne veut pas décevoir les gens en plus. Et sur les réseaux sociaux, on se rend compte à quel point les gens attendaient. Et ça, c'est un petit peu angoissant. (Rires)
"On a pour référence les Inconnus et les Nuls"
Y'a-t-il des choses que l'on ne peut pas dire ou faire sur TF1 ?
DM : Non. A aucun moment, on ne s'est censuré ou TF1 nous a dit quelque chose. Je pense qu'on a un peu évolué dans les thèmes et dans l'écriture. On a plus de 35 ans donc on tombe dans des sujets un peu plus mainstream. Quand on fait des sketchs sur les réunions de maternelle ou les papas modernes, je pense qu'on élargit un peu les thèmes.
GL : Mais c'est chouette parce qu'il y a des gens qu'on rencontre avec David qui nous disent "Je vous ai connu au collège, j'étais tout petit", donc même eux qui continuent à nous regarder, c'est chouette de leur proposer des choses différentes et de ne pas rester bloqués sur les mêmes thématiques.
DM : Ca, c'est vraiment le coup dans la gueule à chaque fois. Tu croises des mecs de 20 ans qui te disent "Je vous regarde depuis le CM2 !". Ca, c'est le coup de vieux !
Justement, vos sketchs sont presque tous sur Youtube depuis plusieurs années, où certains ont eu une audience plus forte qu'en télévision. Vous êtes un peu pionniers finalement !
DM : Oui... Ca n'existait même pas ce terme de youtubeur ! On était les gars du web !
GL : On était même des Dailymotioneurs !
Vous êtes un peu les papas des Norman, Cyprien et autres Squeezie ?
GL : Non. On les voit comme des mecs qui ont créé leur propre truc, avec leur propre identité. Nous, on se détache un peu de ça. On propose autre chose.
DM : On a pour référence les Inconnus et les Nuls. Quelque part, on se disait que la finalité était de faire des sketchs en télé mais on cherche à être un petit peu partout, à occuper l'espace, peu importe les médias.
"Quand on est en plateau, on est nuls !"
Vous vous moquez encore des talks. Avec un prime sur TF1, vous allez devoir assurer la promo... dans ces mêmes talks.
GL : On joue le jeu, c'est normal. Et si vous regardez bien, on n'est pas dupes : on parodie ce genre de format comme le reste. "Fast & Furious", ça ne nous empêche pas de regarder et de kiffer. En fait, c'est un exercice en soit d'être invité pour moi. C'est vraiment quelque chose qui n'est pas simple. Surtout que nous, on vient parler sérieusement de choses qui sont censées être drôles.
DM : C'est tout ce qu'on déteste en fait : intellectualiser ce qu'on est en train de faire.
GL : C'est en ça que c'est assez difficile, de rendre quelque chose sérieux, calme, logique alors qu'on fait des trucs qui ne le sont pas toujours...
DM : Et on a conscience de l'image qu'on est en train de renvoyer quand on est en plateau et on se dit "Putain, les mecs qui sont en face et qui nous regardent doivent s'attendre à ce que ça déconne à tout moment". Sauf que ce n'est pas du tout notre genre ! On n'est pas des mecs qui improvisent, on n'est pas des snipers, on n'est pas des ambianceurs... Nous, c'est de l'écrit. Donc forcément, quand on est en plateau, on est nuls ! (Rires)