L'avant der des ders. Hier soir, Patrick Sébastien a présenté l'avant-dernier numéro du "Plus grand cabaret du monde" sur France 2, son émission qu'il produit depuis 1998 via sa société Magic TV. Evincé de France 2 en octobre dernier après une interview accordée à "Télé Star", Patrick Sébastien a accepté pour la première fois de se confier à puremedias.com. L'occasion pour lui d'évoquer ses dernières émissions diffusées sur France 2, son départ de la chaîne publique, la crise des Gilets jaunes, mais aussi son avenir professionnel. Celui qui se produit actuellement sur scène avec son spectacle "Avant que j'oublie ! (ce que je n'ai jamais pu dire à la télé)", s'est livré à une discussion à bâtons rompus et sans faux-semblants.
Propos recueillis par Benjamin Meffre et Kevin Boucher.
On dit Michel Drucker menacé sur France 2. Pensez-vous qu'il va connaître le même sort que vous ?
Michel, il n'a pas les mêmes réseaux que moi. (Rires) Et il ne faut pas oublier qu'il a dix ans de plus ! Moi, je n'ai que 65 ans. Mais Michel, c'est un journaliste. Et c'est sa vraie survie. Je le connais bien. C'est un hypocondriaque : s'il n'est plus à la télé, il meurt. Il le sait, c'est son ADN. Moi, la télé, ça va me manquer pour la fabrication mais si demain, tu me dis que je ne peux plus monter sur scène, là ça me tue.
Si vous trouvez un nouveau diffuseur, vous souhaitez poursuivre votre avancée dans la fiction ?
J'aimerais qu'on me fasse confiance là-dessus. J'ai un projet vachement intéressant, en série. Je pourrais être à l'antenne ou pas. J'ai plein d'idées : des documentaires, des jeux... Nous n'avions pas le temps de les développer jusqu'à présent. J'ai juste envie qu'on me fasse confiance maintenant. Et pas forcément pour être à l'antenne !
"Chez les Gilets jaunes comme chez les riches, il y a de beaux enculés !"
Vous vous définissez comme animateur ?
Non. Je suis un gros con-saltimbanque-artiste. Je ne suis pas fâché de ne plus être sur le même rang que tous les autres : Ruquier, Drucker, Nagui.... Je ne m'y suis jamais trouvé à ma place. Je suis arrivé là par hasard. J'aurais signé pour le centième de ce que j'ai vécu.
Vous comprenez la haine qui s'exprime contre les journalistes actuellement ?
Non. Je ne comprends la haine nulle part. Elle ne mène à rien. Je suis contre la manière dont se sont organisés les Gilets jaunes. On s'est foutu sur la gueule entre nous ! On est complètement débiles ! Ce sont des Gilets jaunes qui vont taper sur des flics qui gagnent moins qu'eux... C'est naze ! Les mecs qui poussent à ces guerres-là sont nazes. Mais le truc va se débloquer autrement : ou un mec extrême va prendre la tête, ou la violence va s'accentuer. Hélas, les premiers qui ramassent, ce sont les journalistes parce que vous êtes le lien de l'information et les gens estiment qu'on leur ment et que vous êtes complices.
Mais comment expliquez-vous la haine qui s'exprime contre les médias ?
On dit aux gens ce qu'il faut aimer ou pas aimer. Je suis allé discuter avec Robert Ménard : il est détesté à la télévision mais, à Béziers, il y a maintenant des rues où les dealers ont été poussés dehors et où les commerçants peuvent ressortir les terrasses. Évidemment, il est discutable sur plein de choses mais, quand ils allument leur télévision, les gens estiment qu'on leur dit que ce qu'il pense est mauvais. Regardez "Quotidien" : "Trump est une merde", vous avez les bons et les méchants, c'est très manichéen... et pas si simple. Chez les Gilets jaunes comme chez les riches, il y a de beaux enculés !
"Si on me propose un truc en télé qui me plaît et où je n'y vends pas mon âme, j'y vais"
Que faire maintenant ?
Pour moi, c'est trop tard, c'est plié. Ce qui m'arrive à moi, c'est vraiment symbolique. Vous ne vous rendez pas compte à quel point ! Cela enfile encore un petit truc pour ces gens qui dit "Vous n'existez pas". Je suis désolé mais chaque être humain n'est ni supérieur ni inférieur à un autre.
"C'est plié", c'est assez pessimiste comme constat...
Je le dis toujours mais mon mantra, c'est "chaque fin est le début d'une autre". Certes le tableau est noir mais il va falloir un gros bordel et nous allons redevenir raisonnables. Là, nous ne sommes pas passés loin. Pour moi, nous sommes aux prémices d'une crise plus grave qui s'achèvera sur un retour à la raison de tout le monde. En tout cas, je ne vois pas comment on pourrait l'éviter.
"Devenir juré dans "Incroyable talent" ? Ce n'est pas exclu"
Comment les fans de Patrick Sébastien vont-ils faire pour le retrouver, à partir du 1er juillet ?
Ils vont le voir sur scène. J'ai mon spectacle, je reprends la pièce de théâtre "Le Secret des Cigales" que je n'avais pas assez exploité en raison de la télévision. J'ai aussi écrit "LouisXVI.fr" qui est pile dans l'actualité et que j'espère pouvoir monter. Et après, je vais voir. Si à la télévision, on me propose un truc qui me plaît et où je n'y vends pas mon âme, j'y vais.
Si M6 et Fremantle vous proposent d'être juré de "La France a un incroyable talent", vous pourriez dire oui ?
Nous en parlions l'autre jour. Ce n'est pas exclu. Ce serait intéressant mais il faut que je tombe sur des gens qui me font confiance et qui me proposent des téléfilms ou des choses à côté. En revanche, le moindre manque de respect pour un artiste me ferait péter un câble.
Vous avez connu plusieurs milieux. Lequel a été le plus dur ?
La télévision. Je n'ai jamais vu ça. Ce que je viens de vivre là, je ne l'ai jamais vécu ailleurs. Je ne peux pas le dire vraiment mais je n'ai vu ça nulle part ailleurs. Même dans le sport où ce n'était pas simple, même dans la politique ! (Soupir) Ma fierté, c'est d'avoir tenu.