Philippe Vilamitjana : "Nous préparons un nouveau talk show pour l'access de France 2"

En janvier dernier, France 2 inaugurait un nouvel access avec pour la première fois une double offre à 19h : "Mot de passe" puis, vers 19h25, "N'oubliez pas les paroles". Alors que plusieurs nouveautés seront lancées le mois prochain, Philippe Vilamitjana, le patron des programmes de France 2, fait un point d'étape sur puremedias.com.

Propos recueillis par Julien Lalande.

puremedias.com : Trois mois après le lancement de votre nouvel access, quels sont les premiers enseignements ?

Philippe Vilamitjana : La modification de la structure, avec deux jeux programmés entre 19h et 20h, est la bonne formule. Entre 19h30 et 20h, nous sommes désormais à 11,2% de parts d'audience en moyenne. C'est 20% de plus par rapport à la période septembre à décembre 2012. Nos écrans publicitaires sont plus puissants et la première minute du journal est plus forte. L'opération est donc positive.

Cela signifie que cette nouvelle structure sera renouvelée à la rentrée de septembre ?

Oui, nous maintiendrons cette structure mais peut-être pas avec la même offre. Par ailleurs, nous allons légèrement bouger la structure dès le mois prochain : "On n'demande qu'à en rire" sera raccourci tandis que "Mot de passe" sera avancé et rallongé de 14 minutes. Le jeu de Patrick Sabatier démarrera ainsi avant "Le Juste prix" et au moment de la fin de "Questions pour un champion". Logiquement, les audiences de "Mot de passe" devraient progresser (elles atteignent depuis janvier une moyenne de 1,6 million de téléspectateurs et 8,6% de PDA, NDLR). Actuellement, elles sont peu ou prou dans la lignée de celles de la première partie de "N'oubliez pas les paroles" en septembre-décembre 2012.

A partir d'avril, les après-midis de France 2 vont également évoluer...

Oui, après "Toute une histoire" et "Comment ça va bien" - deux émissions dont je suis particulièrement satisfait par les audiences avec des pointes à 15% de parts de marché sur les ménagères -, nous allons proposer la série "Le Tourbillon de l'amour" tandis que le jeu de Julien Courbet sera remplacé par la fiction "Le Jour où tout a basculé" (produite par Julien Courbet). Et à partir de mi-avril, nous testerons une nouvelle fiction baptisée "Par amour".

Après la mise en place de ces nouveautés, quelle sera la prochaine étape ?

Nous allons observer cette nouvelle grille jusqu'au tournoi de Roland Garros. A ce moment-là, nous opérerons des ajustements s'il convient d'en faire. L'objectif principal reste toutefois la tranche 14-20H de septembre 2013. C'est notre chantier le plus important, nous sommes tous mobilisés. Nous avons tourné des pilotes et nous allons continuer à tester des concepts. Nagui va par exemple tourner le pilote d'une émission de cuisine. Par ailleurs, j'ai demandé à une dizaine de producteurs de me proposer des projets de talk show. Les meilleurs feront l'objet d'un pilote. Je reçois en ce moment tous les visages susceptibles d'incarner ce nouveau rendez-vous, comme Laurent Ruquier, Stéphane Bern et Frédéric Lopez. Je vois également des animateurs de France Télévisions mais aussi des gens qui officient actuellement à l'extérieur.

Ce nouveau talk-show pourrait trouver sa place entre 19 et 20 Heures en septembre ?

Pas forcément dans ce créneau, non.

Bruno Patino expliquait cette semaine dans Libération qu'en raison des nouvelles contraintes budgétaires, chaque chaîne allait devoir arrêter des émissions. Est-ce que France 2 pourrait stopper l'un de ses rendez-vous diffusés entre 14h et 20h ?

Oui, ce n'est pas impossible. Cette nouvelle donne est de plus en plus compliquée à gérer mais nous avons toujours la même ambition, la même exigence et le même enthousiasme.

Quels sont les deux projets de programmes courts que France 2 prépare pour son nouvel access ?

Le premier est produit par Jérôme Commandeur et Dany Boon. Il s'agira d'une fiction de sept minutes que nous diffuserons à travers un ou deux épisodes chaque jour. Le tournage des 60 épisodes a débuté en région parisienne. Les téléspectateurs retrouveront à l'écran Claude Brasseur, Marthe Villalonga, Arielle Dombasle, Jérôme Commandeur et des guests célèbres. C'est un projet intergénérationnel, un choc des générations. Le second programme est "Parents, mode d'emploi", produit par les mêmes producteurs que "Fais pas ci, fais pas ça". Le tournage des 80 épisodes débutera dans les prochains jours.

La fiction, c'est d'ailleurs votre deuxième chantier. Quels sont les projets en la matière ?

On s'engage vers une fiction française plus contemporaine, plus moderne, avec de nouveaux visages. Dans notre case polar du vendredi, notre ambition est de proposer davantage de séries longues avec des saisons qui pourraient contenir plus de dix épisodes. Par exemple, en ce moment, Olivier Marchal et Bruno Wolkowitch sont en tournage dans une fiction spectaculaire qui va faire du bruit... Mais il ne s'agit pas de l'adaptation de l'affaire Neyret comme j'ai pu le lire.

Patrick Sébastien a-t-il effectivement resigné pour deux saisons supplémentaires sur France 2 ?

C'est un animateur populaire et familial, il restera bien évidemment l'un des visages de France 2. Je suis particulièrement satisfait par la qualité et les audiences réalisées par ses émissions "Le Plus grand cabaret du monde" et des "Années bonheur".

A propos des audiences, France 2 réunit en moyenne 14,2% des téléspectateurs depuis le début de la saison, contre 14,6% un an plus tôt. Comment jugez-vous ce niveau ?

Les audiences de France 2 ne sont pas moribondes, contrairement à ce que j'ai pu lire sur puremedias. On reste la deuxième chaîne de France, très loin devant la troisième (M6 est à 11% depuis le début de la saison, NDLR).

Le magazine Capital publie ce mois-ci une étude mettant en rapport le coût et les audiences de plusieurs émissions de télévision. Selon ce palmarès, le magazine culturel "Grand Public" de France 2 présente le ratio le plus élevé. Quel est votre regard sur ce résultat ?

Je suis un peu surpris de ce classement. Le radio coût/audiences d'un magazine culturel n'a rien de comparable avec celui d'un divertissement comme "The Voice". Nous n'avons pas les mêmes logiques de rentabilité que TF1, nous n'avons pas les mêmes valeurs non plus. Il est évident que nous sommes très attentifs à nos investissements mais si l'on devait travailler à l'aune de la rentabilité économique, vous n'auriez pas une telle diversité et une telle richesse dans notre offre de programmes.

Terminons sur une question d'actualité. L'organisation de la Fête de la musique par Daniela Lumbroso fait des vagues à la mairie de Marseille après que la productrice a demandé une subvention à la ville.

France Télévisions a alloué un budget important à Daniela Lumbroso pour que sa société de production organise la soirée. Mais nous ne pouvons pas financer à 100% l'événement. Du coup, Degel prod a obtenu une aide de la part de la mairie de Marseille. Ca s'est fait en toute transparence. J'ajoute que c'est quelque chose qui n'est pas inhabituel ; ca s'est toujours fait, quelque soit la chaîne. Après, je resterai très vigilant sur deux choses : la maîtrise de notre investissement et la maîtrise de notre antenne.