C'est un séisme au sein du quotidien du groupe Rossel. Selon une information des Echos, que puremedias.com est en mesure de confirmer, "La Voix du Nord" va connaître prochainement un plan de départs volontaires concernant 25% de son effectif, soit 178 postes sur un total de 710 personnes au sein du journal. "La plupart des salariés l'ont appris par l'article des 'Echos'. Seuls les membres du Comité d'entreprise l'ont su par courriel", nous indique un journaliste.
Rien que dans la rédaction, qui compte 343 postes, 72 journalistes sont visés par le plan social. Trois quarts des assistants d'édition seront amenés à disparaître et les éditions locales seront aussi "très touchées", comme l'imprimerie, assure un salarié du groupe Rossel. "Aucun secteur ne sera épargné. Le plan de départs volontaires est ouvert à tous les CDI. La direction va favoriser les personnes entre 55 et 68 ans, qui auront des indemnités plus importantes", explique-t-on à puremedias.com, précisant que les indemnités seront d'un mois par année d'ancienneté, le minimum légal.
Concernant des possibilités de négociations, la rédaction n'est pas très optimiste : "La marge de manoeuvre semble faible. La direction a une réelle volonté de supprimer des postes depuis 2016. On ne sait pas si on pourra sauver beaucoup de postes". Un journaliste ajoute qu'avec cette nouvelle organisation, "la production d'un journal de qualité" sera "plus difficile". D'ici le 10 janvier, jour du comité d'entreprise extraordinaire, aucun mouvement n'est prévu, mais en fonction de la direction, il pourrait y avoir "une réaction forte" des salariés de "La Voix du Nord". Une Assemblée générale du personnel doit être organisée le samedi 14 janvier.
Le plan social annonce aussi un tournant dans la ligne éditoriale du journal, qui souhaite s'axer sur le numérique, notamment en alimentant le web en permanence, afin d'utiliser les papiers les plus lus sur internet pour constituer la version papier du lendemain. "L'orientation numérique est un changement radical pour nous, nous serons amenés à penser numérique et ce sont les éditeurs qui prendront en charge nos articles. On ne comprend pas cette politique des papiers qui font le buzz sur internet, ce n'est pas pertinent", s'agace un salarié auprès de puremedias.com, ajoutant que "les lecteurs du papier et du numérique ne sont pas les mêmes, c'est une rupture."
A la suite de cette annonce hier, le Front national, ennemi historique de "La Voix du Nord", et par la plume du maire de Hénin-Beaumont, a rédigé un communiqué présentant ce plan social comme le prix de la ligne éditoriale du quotidien. "Ce communiqué est honteux et révulsant, ça n'a rien à voir. La majorité de nos lecteurs nous a félicités d'avoir dénoncé les dérives du FN. C'est de la récupération !", lâche un reporter, soulignant que ce PSE est "purement économique".