Il est fier de son statut. Christophe Barbier, l'ancien directeur de "L'Express" s'est confié ce vendredi au Journal du dimanche sur son activité d'éditorialiste. Alors qu'en pleine campagne présidentielle, les éditorialistes sont régulièrement accusés d'être déconnectés de la réalité, le journaliste à l'écharpe rouge assure que ces derniers sont nécessaires au débat politique.
"Se confronter au terrain pollue l'esprit de l'éditorialiste. Son rôle est de donner son opinion, d'affirmer ses certitudes, par essence improuvables. Afficher avec force ses convictions permet aux lecteurs de s'y frotter pour former les leurs", souligne-t-il, ajoutant que c'est "aux reporters de rencontrer les gens, d'aller sur le terrain" et "aux éditorialistes de proposer une vision de notre époque."
Confronté à des lecteurs assez critiques avec les couvertures de "L'Express", le conseiller éditorial de l'hebdomadaire détenu par Patrick Drahi défend aussi sa nouvelle Une sur Donald Trump : "Faire la Une sur Trump au moment de son installation au pouvoir, c'est parfaitement légitime. Les lecteurs en ont marre ? Peu importe. On en parle, car pour nous, c'est important. Sinon, on trahit notre devoir de journalistes". Il explique que "le jour où les gens feront un journal à la carte", "ceux qui n'aiment que le sport ne sauront pas qu'il y a une guerre en Syrie". "Là, on fabriquera des citoyens crétins", glisse Christophe Barbier.
"L'éditorialiste est un tuteur sur lequel le peuple, comme du lierre rampant, peut s'élever. Penser contre, c'est aussi penser (...) L'éditorialiste doit éclairer des causes supérieures, sinon on part à la dérive", appuie-t-il, ajoutant tout de même : "Il doit être désintéressé. Je ne roule pour aucun parti politique. Je suis dans une posture facile. Je critique, je dis ce qu'il faut faire, mais je suis incapable de le faire."