C'est peu dire que Rémy Pflimlin n'a pas apprécié la fuite dans la presse d'un pré-rapport du CSA sur son bilan à la tête de France Télévisions. Hier soir, BFM Business révélait les grandes lignes du bilan d'activité que le CSA s'apprête à publier à quelques mois de la fin du mandat de Rémy Pflimlin.
Dans ce document préparatoire qui aurait dû rester confidentiel, le CSA n'est pas tendre avec l'actuel PDG du groupe audiovisuel public. L'institution présidée par Olivier Schrameck critique notamment la valse des dirigeants durant sa mandature, la mise à l'antenne de programmes trop similaires à ceux des chaînes privées ou encore la programmation trop tardive des émissions culturelles. Plus grave, le CSA dénonce aussi dans ce document la faiblesse de l'"identification des lignes éditoriales des chaînes", critiquant notamment la "concurrence stérile" entre France 2 et France 3 et s'interrogeant sur l'utilité de France 4 et France Ô.
Rémy Pflimlin a décidé de riposter. Le patron de France Télévisions a ainsi demandé au CSA de publier rapidement un communiqué prenant ses distances avec les conclusions de son propre pré-rapport. Le CSA s'est exécuté ce matin, rappelant que le document dévoilé dans la presse "ne saurait préjuger ou faire préjuger de sa position collégiale". Il est cependant peu crédible d'imaginer que l'institution d'Olivier Schrameck parviendra dans son rapport définitif à des conclusions radicalement différentes de celles de son pré-rapport.
Rémy Pflimlin a en outre écrit aujourd'hui une lettre à l'ensemble des collaborateurs de France Télévisions. Dans son texte révélé par Le Figaro, le patron du groupe public critique sans détour les conclusions du texte du CSA. "France Télévisions n'aurait pu accepter une mise en cause aussi éloignée de la réalité et aussi peu étayée" a-t-il ainsi écrit. Le dirigeant a ensuite taclé : "Ce qui a été relayé dans les médias n'est en aucun cas le reflet de la réalité de notre maison, du travail de chacun d'entre vous sous ma présidence et de la transformation que nous opérons de l'entreprise, ni le reflet des réalités du secteur. Ces jugements de valeur sont déconnectés de la relation de nos chaînes avec les Français".
Dans sa lettre, Rémy Pflimlin a aussi estimé que le document du CSA "émet des affirmations erronées ou caricaturales" et relève "d'une ingérence dans l'information". Le patron de France Télévisions a enfin souhaité mettre un maximum de pression sur l'institution d'Olivier Schrameck en dénigrant par avance tout rapport définitif allant dans le même sens que la première mouture.
"Si (le document) avait reflété, même partiellement, la position du CSA, il aurait révélé un profond déficit méthodologique et posé la question du rôle de l'instance vis-à-vis de notre entreprise relativement à celui de notre actionnaire et des élus du peuple français à qui nous avons également des comptes à rendre", a ainsi conclu Rémy Pflimlin. Reste maitenant à savoir si les Sages seront sensibles à cette pression d'ici la publication de la version définitive de leur travail.