Le petit rituel du mois de juillet. Pendant trois semaines, des millions de fans de vélo s'installent tous les après-midis dans leur canapé, allument France 3, puis zappent sur France 2 à 15h00 pour suivre le Tour de France. Entre France Télévisions et la Grande Boucle, c'est une longue histoire d'amour. Depuis la privatisation de TF1, en 1987, les chaînes publiques cassent chaque année leurs antennes pour diffuser la plus illustre des courses de vélo. Une romance qui se poursuivra au moins jusqu'en 2020.
puremedias.com était hier à Huy, en Belgique, où une énorme équipe se déploie chaque jour pour permettre la retransmission en direct de l'étape du jour en direct. Plus de 200 personnes à Paris et sur le parcours du Tour et 85 personnes dédiées à l'émission "Village départ" de Laurent Luyat sont mobilisées chaque jour.
Car la chaîne n'est pas qu'un simple diffuseur, elle produit pour l'organisateur de la course, le groupe Amaury Sport Organisation (ASO), le signal international repris par la centaine de chaînes de télévision qui diffusent la course dans plus de 90 pays. Que ce soit sur Eurosport, sur la chaîne américaine NBC Sports, sur la britannique ITV4 ou sur l'allemande ARD, qui reprend cette année la diffusion des étapes en direct - ce qu'elle avait arrêté en 2011 après les scandales de dopage : ce sont partout des images made in France Télévisions.
France Télévisions mobilise deux hélicoptères pour filmer le Tour vu du ciel. Deux autres doivent survoler la course à haute altitude pour permettre la retransmission de l'ensemble des images prises en direct via satellite. Au sol, le peloton et les éventuels échappés sont entourés par cinq caméras à moto. Derrière les pilotes, ces cadreurs chevronnés multiplient les acrobaties pour avoir les prises de vue les plus spectaculaires. Le peloton avance à une vitesse comprise entre 40 km/h et 70 km/h, les routes montent parfois franchement et les motos doivent se faufiler entre les coureurs, les motos qui indiquent le chronomètre, celles des photographes de presse et le long cortège de voitures officielles !
En tout, seulement 7 caméras assurent l'essentiel de la retransmission. Une dizaine de caméras supplémentaires sont installées dans les 500 mètres qui précédent la ligne d'arrivée. Dans son car régie, installé à côté du podium, le réalisateur Jean-Maurice Ooghe, aux manettes du Tour depuis près de vingt ans, conçoit simultanément le signal international et les images spécifiques de France Télévisions. Celles-ci peuvent s'arrêter quelques secondes sur un Français, proposer des interviews. Ou donner la parole aux deux commentateurs qui suivent le peloton à moto : l'ancien cycliste Cédric Vasseur et le journaliste Nicolas Geay.
A quelques minutes de l'arrivée, l'ambiance se crispe en régie. Après une étape très mouvementée, Jean-Maurice Ooghe jongle entre les caméras. C'était d'autant plus compliqué hier que de nombreux coureurs ont été largués loin derrière le groupe de tête, dont le maillot jaune. Le réalisateur ordonne à ces hommes de montrer Fabian Cancellara, en souffrance depuis qu'il a été entraîné dans l'énorme chute ayant marqué la journée.
Sans quitter des yeux la poignée d'hommes se disputant la victoire d'étape, le réalisateur insiste pour que les écarts de chronomètre apparaissent à l'écran et ordonne que les motos situées à l'arrière du peloton remontent la file des coureurs en difficultés pour trouver les têtes d'affiche, qui perdent le plus de plumes au classement général. Avec un peu de retard, l'épreuve se termine. Dans l'un des 5 autres cars, Gérard Holtz démarre une heure de direct avec son "Vélo Club".
Tandis que les bus des coureurs commencent à quitter les lieux pour rejoindre les hôtels, les équipes de télévision du monde entier s'activent. Les reporters se bousculent pour des interviews, les chaînes de sport débriefent l'étape en direct. Et partout on commence à ranger les milliers de câbles qui jonchent le sol : demain, c'est reparti ! Il faut réinstaller le même dispositif équipe à Cambrai, en France, où se terminera ce soir la 4e étape. Un exploit technique quotidien.